"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Ce que l'on pense des gens les détermine... (15 12)

Le sociologue nord américain Robert King Merton (à partir du théorème de William Isaac Thomas) avait posé en 1948, entre autres, que ce que l'on pense détermine ce que l'on fait, mais aussi ce qui nous arrive. Il l'appelait la "prophétie auto-réalisante" : si les gens pensent une situation réelle, alors ils en vivent concrètement les conséquences. En psychologie, on parle d'effet pygmalion. Paul Watzlawick, psychosociologue constructiviste, alla plus loin quelques années plus tard avec le concept de "Prophétie auto-réalisatrice". Ici, il s'agit de voir que notre pensée, non seulement a un impact sur nous même comme un effet placébo ou nocébo en médecine, mais aussi influence et détermine le comportement des autres. 

Ainsi, dit-on, "Ce que je pense des gens les pousse à le devenir". Si le patron pense que ses collaborateurs sont géniaux, ils tendront à le devenir. S'il pense qu'ils sont des abrutis, ils tendront à le devenir aussi. C'est ici tout l'art de la communication profonde et aussi la problématique de fond du management. Paul Watzlawick l'a longuement exposé, et même démontré, notamment dans cette œuvre collective "L'invention de la réalité ; Contribution au constructivisme", parue en 1981.

Dans ces conditions, si ce que l'on pense des gens les détermine, nous avons alors une grande responsabilité sociale et politique au quotidien. Mais plus encore, l'opinion que nous nous forgeons sur les uns et les autres est donc certainement aussi une agression sur leur autonomie, et leur autodétermination. Corrélativement, on peut mesurer un impact sur leur libre-arbitre, voire leur liberté. In fine, je me demande si l'on ne parlerait pas moins avec des gens au libre arbitre passionnant, que plutôt à son propre refletIl est même loisible d'ajouter qu'il y a probablement des présidents qui se battent contre les zombis qu'ils ont eux-mêmes créés. Mais c'est une autre histoire...

Si je souhaite partager et coconstruire avec les personnes avec lesquelles je suis en rapport, en contact, en relation, alors j'ai tout intérêt à ne leur accoler aucun jugement, aucune opinion a priori. J'ai tout intérêt, bien au contraire, pour mon propre enrichissement intellectuel, moral et créatif. C'est justement cette "heureuse" disposition qui me permettra de garder l'esprit libre de toute pensée préconçue, justement de tout a priori, quelles que soient les justifications  réputées "bien raisonnables" que mon mental puisse produire. C'est là un "bien" qui nous fait cruellement défaut aujourd'hui...

Combien de fois assistons-nous à ces quiproquos fondés sur des "J'avais cru que vous disiez...". Mais d'où cet interlocuteur tient-il ce jugement ? De l'attribution qu'il a faite sur une posture, sur une personnalité, sur une opinion, un intérêt, etc... Cette personne-là s'est mise à discuter avec elle-même, perdant son interlocuteur jusque dans les arcanes de son propre imaginaire.

Ceci arrive partout, dans les organisations, les tribus, les couples, les bandes, les Etats, les gouvernements, etc. Et ces jugements sont à l'origine de disputes, de querelles, de violences, de guerres, de meurtres, de crimes, de divorces, de souffrances et de malheurs.

A cet effet, si nous évitons de porter un jugement sur l'un ou l'autre, de construire un a priori déterminant sur celui-ci ou celui-là, alors notre regard restera-t-il constamment neuf et notre esprit disponible. Les mouvements, les changements, pourront alors se faire et s'opérer.

Je me souviens de cet enseignant coach qui disait qu'il ne pensait jamais rien de personne car cette démarche l'empêcherait de faire son travail d'accompagnement. Ainsi, disait-il être totalement disponible à ce qui arrivait, à ce qui était dit. Il pouvait alors intervenir au plus juste, au plus proche des faits sans aucun biais, et tout particulièrement dans l'analyse et sa restitution. Comment y parvenait-il, me demanderez-vous ? Par le détachement que lui apportait le Yoga et la méditation, disait-il. C'eût pu être tout autres pratiques comme la contemplation ou le chant intérieur, d'ailleurs...

On peut ainsi considérer le pire qui, associé à l'a priori au jugement, détermine l'hyperréactivité. On nomme ainsi cette précipitation dans la réaction définitive qui condamne ou proclame immédiatement... juste avant de "se manger les doigts de remords".

Il me revient ce propos que me relatait l'un de mes amis proches, Nassé Sangaré, biologiste  et patron de son laboratoire d'analyses vétérinaires, aussi président de la société des chasseurs au Mali. Cette confrérie de culture animiste, développait la pratique de la demande de pardon à l'animal, au moment même où lesdits chasseurs s'apprêtaient à "collecter leur corp", comme ils disent. Ils étaient, de ce fait là, réputés être en contact avec les esprits. 

Ainsi, quand un crime, un délit ou une malversation survenait dans un village, ses habitants convoquaient les chasseurs pour qu'ils trouvent le coupable, l'origine du mal. "Et nous trouvions systématiquement, me disait-il, car les gens étaient tellement persuadés que nous savions, qu'ils nous disaient tout ! Mais, ajoutait-il, si nous étions arrivés en prétendant savoir, alors nous n'aurions jamais rien vu ni su..."

L'enseignant coach, dont je relatais la posture, me disait aussi "Ne gâche pas le présent avec des choses du passé qui ne sont plus, et ne bétonne pas l'avenir avec des suppositions. Accueille-en le présent."

C'est bien cette posture bienveillante, sans a priori ni jugement, qui génère tant les propos que la qualité de l'écoute. Ce ne sont pas exactement les croyances singulières que l'on appelle "savoir" et que nous croyons dépendre de diplômes. Peut-être que bienveillance et "zéro-jugement" ont plus d'efficience sociale que nous ne l'imaginons.

Il semblerait bien, comme le pensait Einstein, que l'intuition s'invite dans cet espace de disponibilité sans a priori, et que nous en usons avec sérendipité. Qu'attraperions nous sans elle ? Pas grand chose, il est vrai. Alors, pour la connaissance et le développement personnel, cette posture est aussi d'une belle efficience. 

Voilà donc le triple avantage à ne pas juger les choses ni les gens a priori : inviter les personnes à être ce qu'elles sont, coproduire des propos justes et efficients dans un espace vrai, et laisser venir la conscience du réel. Et si des gens disent des choses sur vous, et critiquent, ils ne condamnent que l'image qu'ils voient d'eux-mêmes dans le miroir des autres... Alors, bien sûr, ceci ne regarde qu'eux-mêmes ! Vous n'êtes donc et d'aucune façon, concernés...

Jean-Marc SAURET



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