"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Un sabot dans la machine (10 11)

Quand nous voulons changer le monde, les puissants ont la richesse et le pouvoir. Quant au peuple, il lui reste habituellement les yeux pour pleurer ou la mort. On se souvient de la commune de Paris. Alors, regardons dans le miroir de l'histoire...

Les travailleurs libertaires du dix-neuvième siècle avaient compris que les patrons avaient la main sur la question du travail, et qu'ils leur en avaient confisqué la gestion et l'organisation. Ils leur avaient acheté leur force de travail contre l'obéissance absolue, la soumission à leurs conditions, imposant ainsi leur temporalité. 

Ils avaient compris aussi que pour résister la chose n'était pas simple : s'ils faisaient grève, ils risquaient la mise à la porte ; s'ils manifestaient, ils se faisaient tirer dessus par la troupe. Résister n'était donc pas simple. Le système était particulièrement verrouillé.

Ils se rendirent compte qu'il leur fallait changer de temporalité, ce qui est le cas en devenant imprévisibles et anonymes. Les attentats du type de celui que commit Ravachol ne produisait qu'une répression sauvage sur le peuple. C'est alors qu’ils réalisèrent que mettre un sabot dans la machine, l'arrêtait net, et l'endommageait de manière radicale, imprévisible et anonyme.

Le patron était alors bien obligé d'entendre les ouvriers lui dire : "Si vous augmentez nos salaires, je crois qu'on peut arranger ça...". Et le patron savait qu'il ne saurait rien, et les ouvriers savaient... qu'ils avaient repris la main.

Pratique mafieuse ? Non, pratique ouvrière de défense. Il ne s'agit pas là de racketter quelqu'un, mais de reprendre la main sur une relation par trop défavorable. La presse et les patrons ne retinrent que le mot de "sabotage" avec une connotation terroriste, teintée de danger et d'imprévisibilité.

Les cheminots, durant la seconde guerre mondiale comprirent l'intérêt d'une telle pratique imprévisible et anonyme. L'adversaire ne pouvait que subir sans jamais pouvoir contrer. Ce dernier ne pouvait que commencer une autre sale guerre contre le maquis, voire la population, qu'il nommait "terroristes". D'autres maquisards sabotèrent des trains, des routes, des ponts et autres dépôts, provoquant une colère panique chez l'ennemi qui choisit de s'enfoncer davantage dans l'horreur et à son tour terroriser la population pour qu'elle se divise, qu'elle dénonce les maquisards.

Plus récemment, en France, et ensuite dans d'autres pays d'Europe, des faucheurs volontaires combattirent l'implantation de cultures OGM, venues d'une grande industrie américaine. Ils "sabotaient" les cultures expérimentales, en fauchant avant maturité des champs entiers de ces plantes OGM. L'Etat et les assurances furent invités de force dans la partie, pour le règlement de ces "sabotages". La firme dut remettre à plus tard son implantation en France, et user d'autres stratagèmes pour aboutir. Sous l'impulsion de José Bové, les résistants venaient ce 5 juin 1999, de gagner une bataille décisive. Même si la répression judiciaire fut lourde, un moratoire sur les cultures transgéniques fut adopté par l'Etat.

Plus récemment encore, des manifestations pacifistes se traduisirent par des matraquages intempestifs, des "nassages" de la population, des mains arrachées et des yeux emportés par des armes létales. Les Gilets Jaunes comprirent que cette voie pacifiste n'était pas aussi efficace qu'ils l'avaient prévu, et qu'ils y subissaient de lourdes répressions policières.

Certains basculèrent alors dans la violence, accueillant des combattants de rue aguerris et organisés que l'on nomme les Black-Blocs. L'effet fut plutôt délétère en termes d'image, et la réputation des Gilets jaune en fut affectée. Quant au niveau de répression, il atteint des sommets. C'est tout ce qu'attendaient les gouvernants, car ils savaient leur puissance supérieure et légitime. Sur ce terrain-là, la partie était, pour eux, gagnée d'avance.

D'autres Gilets Jaunes allèrent alors s'attaquer à des symboles de l'argent facile, pour le compte des gens ordinaires : les péages d'autoroute. Certainement mal ciblés et attendus par les autorités publiques, l'effet escompté ne fut pas atteint. La répression augmentait. Restait à imaginer comment sortir de la temporalité des possédants et des gouvernants.

Car ceux-ci imposèrent bientôt un dépôt préalable d'intention de manifestation avec parcours et horaires clairs. Il en va de même pour l'obligation d'un dépôt de préavis de grève précisant dates, heure, période et population concernée. Il est certain que la répression et l'évitement seront, dans ces conditions, très justement organisés. En effet, les autorités ne souhaitent pas sortir de leurs “champs de bataille”, déjà bien organisé et inscrits dans leur propre temporalité.

Il reste alors, aux opprimés, aux perdant du système, au peuple déchu de sa souveraineté, aux victimes du néolibéralisme et du colonialisme, à devenir ou redevenir créatifs. A inventer cette “riposte graduée”, rendue nécessaire. Il ne reste plus qu'à trouver le type de sabot qui pourrait être mis dans les rouages pour s'assurer de leur blocage temporaire, dans la surprise et l'anonymat. Mais dans quels rouages ? Car si la finalité est bien claire, le moyen pour y parvenir reste à trouver, Créativité, disions nous…

L'objectif, c'est bien que l'autorité change de ton, et qu'elle entende et prenne en compte : "Si vous.. alors nous...". Il s'agit d'un combat dont la violence n'est pas l'arme du peuple. Il s'agit davantage des conditions d'un contrat pour un dialogue. Mahatma Gandhi, Martin Luther King et Nelson Mandela l'avaient bien compris.

Suggestion : un footballeur de renom avait proposé que nous retirions tous et massivement notre argent des banques. Celles-ci ont paniqué jusqu'au lendemain, constatant qu'il s'agissait juste d'une provocation, laquelle a bien fonctionné. Des économies locales ont inventé leur propre monnaie et les banques ont tout fait pour les contrer. Il y a peut être quelque chose à penser sur cette voie comme sur bien d'autres... Si le capitalisme néolibéral est focalisé sur l'argent, c'est certainement là-dessus qu'il faut agir.

Je pense à l'invitation de Martin Luther King, en écho à la réaction de Rosa Park qui refusa de quitter sa place assise dans un bus. L'invitation du leader des droits civiques consista à inviter tous les noirs d'Atlanta à ne plus prendre les autobus de la ville. Pour mémoire, cette ville interdisaient les sièges avant aux afro-américains. La ville a vite compris ce qu'elle perdait...

Je pense aussi, comme à tant d'autres, à cette communauté économique "Tera", qui vit dans le sud-ouest de la France. Elle s'est construite par une interaction entre volontaires protagonistes. Ces gens là ont créé une monnaie alternative, l'abeille, et tout un système d'échange, de production de bien et de services, hors d'atteinte des 1% qui possèdent le reste de la planète. (Voir par ce lien le reportage : https://youtu.be/T69h4uVoH4s).

Peut-être une nouvelle piste à emprunter,... à la place de l'autoroute ?

Jean-Marc SAURET

Le mardi 10 novembre 2020

Lire aussi  "L'invention du capitalisme par Yasha Levine"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos contributions enrichissent le débat.