"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

A propos de spiritualité... (06 10)

La notion de spiritualité est, dans notre société occidentale, entachée d’ésotérisme, de superficialité, d'imaginaire, voire de pratiques hors-sol. C'est là une pensée bien occidentale. Mais cela est en train de changer quelque peu... Mais d'où nous vient cette conviction ?
Chacune de nos pensées, ordinaires ou complexes, repose sur une vision du monde et s'y ancre. Celle-ci est socialement partagée bien que passée à l'aune de nos expériences vécues. Chacune d'elles confirme et ajuste quelque peu la vision sociale. C'est ce que nous appelons la culture. Celle-là nous fonde tout comme elle fonde les groupes sociaux qui par elle se reconnaissent, pensent ensemble, partagent leur vérité, déduisent, projettent, construisent dans ce bac à sable qui "fait monde" et qu'est le monde, c'est à dire tissent leurs liens sociaux.
Nous savons, comme nous l'indique l'ethnologie, que chaque culture s'élabore sur des mythes. Ceux hérités de la Grèce antique reviennent en lame de fond dans notre vie sociale actuelle, comme les psychanalystes Jung et Freud, le sociologue Maffesoli et bien d'autres l'ont évoqué. Ceux-ci ont bâti dessus, eux aussi, leur "vérité" du monde. Des hérauts sont venu les incarner et les confirmer. Ainsi, en va-t-il de Prométhée, Oedipe, Sisyphe, Diogène, Esope, Narcisse, ou Hypnos. Celà reste également vrai pour Thanatos ou Eros, mais également pour le très actuel Dionysos, ou encore la toison d'or, Cerbère et le voyage aux enfers. 
La liste est impressionnante et non limitative, car bien d'autres encore occupent nos visions du monde, assorties de nos représentations, de nos introspections, de nos explorations, de nos recherches compréhensives et de nos "vérités fondamentales". Toutes nos certitudes prennent assurément racine dans des mythes fondateurs. Et c'est justement à cela qu'ils servent : nous parler du réel et construire nos valeurs.
Ces croyances mythologiques font religion. Ce "relegare" devient fond et cadre de notre "vivre-ensemble". Aujourd'hui, le mythe fondamental moderne est que tout est matière et que donc, pour tout comprendre, il nous faut savoir ce qui se mesure et se compte et comment ça se mesure et comment ça se compte. Le mythe fondateur de la modernité est l'histoire de la pomme de Newton qui "l'illumine" lors d'une brève sieste. Depuis la physique newtonienne fait religion. 
Scientifiquement, les lois de la nature reposent sur quelques constantes ou invariants comme l'indice de masse de Planck ou la vitesse de la lumière. Si un chercheur remarque et relève, comme Rupert Sheldrake, que la vitesse de la lumière s'est ralentie durant quelques années au cours des années trente, alors, loin de voir l’effondrement du mythe pourtant évident, les "savants" font une moyenne et perpétuent leurs démarches, leurs calculs, leurs croyances, leurs convictions... (R. Sheldrake, "The rebirth of nature", 1991) 
Il y a donc bien un phénomène de croyance dans cette dite démarche scientifique, laquelle repose sur le mythe affirmant que tout n'est que matière quantifiable et mesurable, que tout relève de la physique mathématique et que tout ce qui ne se mesure pas n’existe pas. C'est là comme une évidence. Ce que l'on appellera le mythe d’Archimède.
Ce qu'a montré R. Sheldrake dans ses ouvrages, à propos du comportement des scientifiques durs, est que dès lors que la réalité sort des clous de leur "représentation", ils redressent ladite réalité pour qu'elle y retourne. Nous nous rappelons cette célèbre phrase du psychosociologue Serge Moscovici : "Les lois de la nature sont celles que la culture lui trouve".
Mais alors qu'est-ce donc que cette spiritualité dont se différencie farouchement la démarche scientifique ? La spiritualité relève de la question du sens du monde et des choses. Elle n'est autre que la conscience du sens, jusqu'au-delà du mystère, jusqu'à butter dessus par les sensations (les sens) et les émotions (résonance avec le vécu). Résolu dans des visualisations, alors un réel surgit qui fait sens aux trois sens du terme : orientation, sensation et raison d'être. Il n'en faut pas plus pour faire réalité...
L'anthropologue suisse Jean-Dominique Michel rassemble sous le vocable de "pratiques psychospirituelles" la méditation, la sophrologie, l'hypnose, la transe, la prière, l'oraison, comme des exercices d'une psychosomatique réversible produisant guérisons et bien-être, permettant de dépasser blocages et maladies. Je dirais que c'est là toute la puissante dimension de la conscience hors langage. Cet anthropologue développe dans son ouvrage sur l'étude du phénomène de guérison ("Chamans, Guérisseurs, Médiums", Ed. Favre, 2015) ce qu'est la puissance de la relation au monde, aux choses et aux autres, comprenant la conviction dans la pratique d'un tel soin. 
Il y développe nombre de cas où la guérison effective de maladies complexes, infectieuses, dévorantes ou dégénératives, est conséquente de l'engagement du sujet dans le phénomène de guérison. Il montre comment la qualité de la relation praticien-patient est déterminante, combien l'engagement du patient, cette foi, dans la "réalité de la pratique" est tout à fait opérante. Il semble illustrer cette célèbre phrase plutôt partagée parmi ceux que l'on qualifie de mystiques : "Croyez et vous serez sauvés et guéris !"
C'est ce phénomène que l'on identifiera comme une psychosomatique réversible, et qui fonctionne si bien tant pour se rendre malade que pour se guérir. C'est donc bien le patient qui est opérant. Et là, la spiritualité prend dans ces racines-là, déjà, une pleine puissance.
C'est bien parce que la question symbolique est aussi une question sociale qu'elle a cette efficience, parce qu'elle fait "évidence de réalité", dirais-je. Elle fonde le "relegare". La nature de la relation aux autres, sa propre place dans le collectif comme celle de chacune et de chacun, y sont déterminantes. Le sens que cela porte fait réalité. La spiritualité n'est donc jamais que la conscience de cette puissance jusqu'à l'usage de quelques pratiques. Derrière, chaque culture construit un mythe qui la porte.
Ceci confirme, donne sens et forme, au fait que la réalité n'est jamais que la conscience que nous avons de soi, du monde, de l'autre et de soi dans ce monde et dans ses relations. Ce fait trouve ses racines dans le frottement de la mise en commun, qui fait la culture partagée, le collectif, le "relegare".
Nous comprenons mieux alors ce que devient l'intention dans la construction de la réalité : une force primordiale.
Un certain médecin, Christian Bonin, écrivait : "Soigner, c'est aussi dévisager, parler, reconnaître par le regard et la parole, la souveraineté intacte de ceux qui ont tout perdu."  Ils l'ont perdu en "tombant" en maladie, mais ils restent les souverains de leur propre santé et bien être.
Comme l'indiquait Lacan, nous n'existons que de l'autre (et je l'ai déjà largement développé). C'est donc de cette relation à l'Autre que se construisent image de soi, des autres et du monde. C'est dans cette représentation cosmogonique que nous vivons et agissons. Elle porte tous nos possibles et tous nos tabous. Mais il n'y a pas d'un côté les gentils peuples premiers pleins de mystique et de l'autre les nobles occidentaux bien scientifiques. L'être humain est inscrit totalement dans ce phénomène de spiritualité, même et d'autant plus si son système de croyances, sa mythologie et sa vision cosmogonique le nient...
Il y a des sociétés, et elles sont des creusets pour chacun. Elles participent à ce processus créatif et symbolique par leurs mythes, leurs récits, leur culture. Les pas en spiritualité, s'ils ne se font jamais vraiment seul, ont le double ancrage social et symbolique, qui sont deux champs totalement interdépendants. La raison en est simple dans la mesure où l'humain est tout autant un animal social qu'une entité symbolique inscrite dans le langage. 
Prendre soin de l'autre est une démarche globalisante et ouverte. Quand une personne prétend avoir raison, et donc décider seule, elle réduit l'autre à une simplification abusée, et abusive. Quand le "sachant" sait qu'il ne sait pas grand-chose, alors la relation s'invite dans la solution. Soigner, guérir, consiste donc plus à "titiller" la symbolique de l'autre qu'à administrer des posologies. Et c'est bien ça qui marche...
Il nous reste alors à penser la conscience. La culture occidentale moderne considère l'unité individuelle de la personne dont la conscience est une production cérébrale. Pour d'autres cultures, comme bouddhiste par exemple, la conscience est universelle et celle de chacun n'en est qu'une émanation. Certaines même, comme les religions du livre, pensent dans leurs fondamentaux que l'esprit, ou la conscience universelle, est à l'origine de la matière. 
En effet, si la conscience est universelle, cela permet alors de penser plus simplement la télépathie, l'intuition, la médiumnité, les “Near Death Expérience” (NDE), traduites en français par Expérience de Mort Imminente (EMI) ou provisoire, les voyages hors du corps, et toutes les manifestations et expériences extra-corporelles. Tout cela devient accessible, normal, logique.
Ainsi, à l'instar de la pensée bouddhique, le Kybalion, livre hermétique de l'antiquité, attribué à trois sages dont ledit Hermès Trismégiste, invite à se projeter dans l'état opposé à celui qui nous dérange, à le méditer, à penser l'état dans lequel on souhaite vivre (sagesse, courage, force morale, etc.) et ainsi le réaliser. La transmutation alchimique est tout d'abord celle de nous-même, mais pas seulement car "la vraie transmutation alchimique, nous dit-il, est un art mental", et cela ouvre bien des dimensions. 
Et si l'on réalise que le temps (passé, présent, futur, durée) n'est qu'une conception culturelle du réel, alors le vertige nous prend et notre représentation cosmogonique, désormais chamboulée, accueille bien d'autres réalités...
Et si, au delà de tout ceci, nous réalisons que l'espace est aussi une notion mentale (tout comme l'horizon qui recule quand j'avance, et vice versa), il ne nous reste du paramétrage cartésien de la réalité que la causalité (les causes et les conséquences)... "rien que" et "tout" ce que considère l'hermétisme.
Dans ces conditions-là, la spiritualité se présente comme un véritable chemin vers la connaissance, vers le développement de la personne, la transformation de l'humanité et de son environnement. Cette conception est simple à penser même pour un Occidental. Elle n'oblige en rien à se référer à des entités spirituelles assez dérangeantes, voire incongrues pour certains... On peut citer en cette occurrence et indistinctement, les anges, les guides, les esprits, les ancêtres, les âmes errantes, les démons, etc. 
Ce sont là autant d'éléments qui peuvent apparaître alors comme autant de concepts culturels liés à un ici et à un maintenant. Nul besoin d'y souscrire... Seuls les deux principes de "psychosomatie réversible" et de "conscience universelle" suffisent à penser et pratiquer simplement, directement, efficacement quelconques activités spirituelles avec aisance et pragmatisme.
Jean-Marc SAURET
Le mardi 6 octobre 2020







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