Si
l'on veut comprendre la dynamique des organisations, il nous faut nous pencher sur celle de l'humain, sur ce qui organise notre rapport aux autres, notre rapport au monde et aux choses, sur ce qui constitue le fondement de ce vivant-là. L’anthropologue suisse Jean-Dominique Michel écrit en 2015 dans
son ouvrage sur les phénomènes de guérisons* que
"nous disposons d'une fonction objectivante et d'une fonction
subjectivante ; c'est à dire d'une capacité de rationalisation sémiologique et
d'une capacité de polysémie symbolique. Et c'est bien dans la
réconciliation des deux, ainsi que dans la claire perception de la
complémentarité des deux logiques, que nous pouvons atteindre notre
plein potentiel d'appréhension du monde...".
Si la logique rationnelle nous est familière parce qu'elle est celle de notre culture scientifique depuis "Les Lumières", celle de l'intuition est d'une nature quelque peu différente. Quoique familière, elle aussi, et pleine d'imaginaire, l'intuition s'avère culturellement plus éloignée. C'est justement celle-ci que je voudrais rationnellement décortiquer aujourd'hui sans pour autant la dénaturer.
''Ce
ne sont pas les choses qui nous gênent mais le sens que nous leur
donnons'', écrivait Marc Aurèle. Shakespeare écrivait pour sa
part que ''les choses ne sont ni bonnes ni mauvaises en soi, mais le
penser les rend telles''. La réalité ne serait donc que dans la
force de nos représentations, et donc dans celle de nos pensées ?
Quelques
allergologues nous indiquent que, si quelqu'un dit que les fraises lui
donnent de l'urticaire, l'assertion constitue un ordre que celui-là s'adresse à lui-même
et à son inconscient. Par cela, il s'impose lui-même une relation
compliquée avec les fraises. C'est un peu comme si l'inconscient,
voyant arriver les fraises, se disait « l'Ego veut de
l'urticaire »... et le corps le produit.
Ce
que nous voyons du monde est ce que nous lui attribuons. La majorité
du temps c'est par peur et le reste par amour. La peur est dans nos
têtes. Elle est même parfois phobique. Dans ces conditions, 95% de nos peurs sont inconscientes
et viennent du plus profond de nous-même. Peut-être, un jour, faudra-t-il les aborder pour les déconstruire, non ? Pourquoi donc, me direz-vous ? ... parce
que la vision guide nos pas !
Quand nous avons appris à faire du
vélo, nous avons appris à regarder au loin, là où nous avions
l'intention d'aller, plutôt que de regarder cette roue qui, devant nous, n'en fait qu'à sa tête. Si je regarde vers l'endroit où je
souhaite aller, mes gestes m'y conduisent. Si je cours dans un espace
encombré, comme un grenier, un bric-à-brac ou une forêt, si je
regarde les objets qui gênent le passage, je les bouscule et leur
rentre dedans. Mais si je regarde les intervalles entre les objets
encombrants, et les endroits où je peux passer, alors mes pas m'y conduisent
sans heurts, tout simplement. C'est ce que nous enseignaient les moniteurs de sports de ballon.
Un
jour, on m'a posé le problème suivant : "une route
toute droite, un seul arbre au bord de la route, la voiture quitte la
route et rentre dans l'arbre. Pourquoi ?" La réponse
est : "Parce que le conducteur regardait l'arbre..." Et ceci est tout à fait exact.
Ce
qui est vrai au physique, l'est tout autant au psychologique : la
vision guide nos pas ! Alors, la nouvelle question est à
présent : mais quelle est cette vision, quelle est donc la réalité
de mon environnement ? Quelle est la raison d'être de ce monde,
de moi dans ce monde, de chaque chose et de chaque personne qui s'y trouve pour que j'agisse ainsi ?
Parce que cette vision-là dirige mes pas ! ... mais aussi mes comportement,
mes postures, mes actions et mes réactions...
Mais allons plus loin. Les travaux en psychosociologie nous
indiquent également que la réalité est ce que je crois : je ne vois
que ce que je crois. On a ainsi plutôt tendance à penser comme Saint
Thomas, qui disait ne croire qu'à ce qu'il voyait. Mais je peux aussi vous
assurer que quand mon épouse attendait notre premier enfant, il y
eut dès lors une multitude de landaus et de femmes enceintes en ville.
Avant, je peux vous l'assurer, il n'y en avait pas... Quand je rêve
d'acheter un nouveau produit, un nouvel objet, une nouvelle voiture,
je les vois et les repère très précisément autour de moi, dans
mon environnement. Avant, il n'y en avait pas, je peux vous
l'assurer !
Je
ne vois donc que ce qui m'occupe et me préoccupe. Je ne vois que ce
à quoi je crois et tous mes arguments vous le prouveront... Il n'y a
de réalité que celle stable à laquelle je crois. C'est bien là la
raison pour laquelle je ne changerai pas d'idée... que ce que je dis est vrai et que tout ce que je ne crois pas est fake-news. A ce moment, vous ne me
ferez pas changer d'idée... J'ai besoin de cette "permanence" pour
vivre bien, et vous ne me déstabiliserez pas, vous ne me ferez pas
ce mal. D'ailleurs je m'en protège... Il y a quand même la réalité
et les faits sont têtus, me direz-vous...
N'est-ce
pas, justement, ce qui se passe dans nos têtes ?
Si
je travaille sur mes représentations, alors je peux voir le beau, là
où le laid m'agressait. Je peux voir aussi la paix là où la violence me tétanisait. Il m'est loisible, de la même façon, de voir la concorde là où je redoutais et ne
voyais que discorde, etc... Et cela n'a rien d'une illusion dans la mesure où tout est représentations. Vous souvenez vous du film Matrix ?...
C'est exactement ce qu'il dit !
Dans une autre circonstance, une amie me dit un jour qu'il ne lui arrivait que de ''complexes ennuis" (sic), en d'autres termes qu'elle les collectionnait... Il est vrai que,
paradoxalement, ce dont j'ai peur m'arrive comme si je l'attirais.
Entendant
une tuile dégringoler du toit, le « distrait » joué par
Pierre Richard, dit « Ne bougez pas, elle est pour moi... »
et effectivement la tuile lui tombe sur la tête... Il y a des gens
dont on dit « On dirait qu'il les attire ! », et si
ça se trouve, effectivement ils attirent ce qui leur arrive.
Peut-être, effectivement, à force de tellement y penser, que ça finit par leur arriver. Toute leur posture les conforme à cette éventualité, tant et si bien qu'elle
devient alors une certitude...
Paul
Watzlawick appelait cela "la pensée autoréalisatrice". Je
suis tellement persuadé que j'attire toutes les catastrophes que
tous mes comportements, attitudes et actions tendent à le "réaliser", à le concrétiser. Et maintenant, voilà la catastrophe qui arrive, le risque qui se produit... et son "auteur" de dire : "Ah ! Je vous l'avais bien dit !". En effet, ma vision guide mes pas.
De la même façon,
le sens de la réalité a des conséquences directes sur la vie des
corps. C'est bien là le principe psychosomatique dont il ne nous
faut pas oublier qu'il se vérifie dans les deux sens, et qu'il vaut tant pour la maladie que pour la guérison.
Il
en va de même dans la vie sociale : dans une entreprise de grande
taille, la déconsidération des agents est le fait, souvent, de la direction
(suspicion de malveillance et suspicion d'esquive de leurs
obligations). Ce sont ces facteurs qui induisent et installent un climat tel que la sensation de burn out
augmente... jusqu'à ce qu'une vague de suicides survînt. Ce n'est pas
la charge de travail qui crée le malaise, mais la considération
ressentie par les acteurs. En l'espèce, on retrouve là, le reflet d'une image : celle que le système projette sur les acteurs. L'argument vaut dans tous les cas, et quelle que soit la nature de cette ombre portée. La "réalité" reste et demeure ce que j'en pense. Dès lors, la charge de travail devient pour certains insupportable, alors que le ''passionné reconnu'' surmonte ladite charge, sans sourciller.
L'être
humain est bien un animal grégaire et communautaire. Son rapport au
monde détermine ses modes de faire et la qualité de ses réactions.
Ladite ''expérience interdite'' nous indique le niveau de dépendance
de l'humain à sa socialisation, à la perception de lui-même dans
le regard de l'autre dans le monde de sa communauté. Par ailleurs,
dans un de ses sketchs, Pierre DAC concluait par : « toutes
choses étant égales par ailleurs, l'idée que l'on se fait de la
situation, dépend du point de vue où l'on se place ! ».
Cette assertion des plus scientifiques déclenchait les rires. Il
avait pourtant tellement raison...
Tellement
qu'à ce propos, nous disons voir se lever et se coucher le soleil. Pourtant nous savons bien qu'il n'en est rien et que ce n'est que la
terre qui tourne sur elle-même. Mais, quel que soit l'endroit où l'on se trouve,
nous continuons à dire que le soleil se couche bien joliment dans un
magnifique ciel rouge... L'image a la puissance de la réalité.
Pareillement,
nous disons que la date et l'heure de notre naissance nous
déterminent. Si je suis né le 20 juin 1953 à 8h30 du matin, alors
mon ascendant est en lion, ma lune en taureau et mon Jupiter en
gémeaux. Ils vont me déterminer un caractère particulier et
peut-être aussi un destin singulier. Pourtant, bien que la physique
quantique nous indique que tout objet de l'univers est relié à
chacun des autres, les étoiles n'ont probablement aucune influence sur
moi... mais ma croyance oui, tout à fait !
Alors,
je vous invite à croire que chaque instant est déterminant, que
chaque moment est sublime et total, que l'instant est magique, qu'il
est miraculeux parce que c'est celui là même que nous sommes en
train de vivre à chaque moment, qu'il est donc pour cela le plus
important et qu'il sera ce que nous en ferons... Il n'y a
d'ailleurs pas de passé ni de futur : seul l'instant présent
existe. C'est d'ailleurs ce dont semblent persuadés bien des animaux
de notre environnement, les physiciens quantiques et que c'est ce que
nous disent bien des sagesses même des plus anciennes : le temps est
une illusion... Il n'est qu'une représentation, une construction
mentale lié à notre conception de la causalité. Kant le disait
bien : trois variables déterminent notre connaissance du monde, le
temps, l'espace et la causalité, chacune étant la conséquence des
deux autres. Le temps n'est qu'un concept philosophique...
Alors,
peut-être que les événements et accidents qui nous arrivent ne
sont que des alertes pour nous dire qu'il nous faut changer notre
regard, et donc nos préoccupations... Peut-être que nos croyances
sont aussi une pollution mentale dont les Grenelles de
l'environnement n'ont jamais parlé... et pour cause...
Ainsi, ce que les gens disent de moi ne me concerne pas. Cela
concerne uniquement ceux qui le disent. Bien sûr ! Je ne vais
pas faire de l'autre un dieu vivant qui détermine ce que je suis,
quand même ! "N'en faites pas une affaire personnelle" nous propose le deuxième accord Toltèque. Et pourtant... Levinas pointe cette "soumission"
habituelle au désir de l'autre. Il voit dans le regard de l'autre un
ordre à être et à s'y conformer. Il voit un autre "identifié,
imaginé et reconstruit" comme une altérité fondamentale quasi incompréhensible. Alain Finkielkraut a une formule pour l'exprimer :
"A cause de l’autre, je ne peux plus exister
naturellement**". "Je ne peux plus exister comme une force qui va ne se préoccupant que
de soi", ajoutait Maria Salmon.
La
trace de ce ''devoir être'' ne fait pas réalité. Elle n'en est que
la trace et en la nommant ainsi, Levinas reconnaît que cette
posture, en fait, demandée par "l'autre", n'existe pas réellement. Elle nous en
donne une impression. D'ailleurs, ce petit ouvrage "Le visage de
l'autre", où il traite de cela, est construit selon ces deux
principes que nous développons aujourd'hui : la convocation
simultanée de la raison et de l'imaginaire, soit les mots et les
images. C'est ce que fit aussi Théodore Zelding avec son opuscule
"De la conversation" où il illustre son propos de ses
propres dessins. Il y développe combien converser peut changer nos
vies...
Parce
que nous ne sommes que de l' "Autre", comme disait
Lacan, on n'évitera pas le communautarisme : il est le cadre de notre
être au monde. Une telle dépendance au groupe social environnant
est de l'ordre de l'intime et de ''l'identiation'' (c'est-à-dire que
c'est là une pratique active de l'identité, une activité
permanente de vérification de soi dans les regards d'autrui et les
reflets symboliques du monde).
Dans
ce cas, on ne pourra donc traiter que de l'égalité des communautés.
La république aurait échoué à réduire les langues régionales
faisant communautés et identités locales ? Ce qui les a
détruites est une autre socialisation directement liée au néolibéralisme
(commerce, consommation associés au développement culturel lié aux les petits
écrans). Le néolibéralisme, quant à lui, a détruit "le fait de société". Il lui a substitué la consommation, la relation marchande et de
compétition. Il a aussi ouvert cette nécessité, pour chacun, de trouver, ou
retrouver, ailleurs le groupe social "qui fait la personne"... C'est ce qui explique la
montée aujourd'hui de communautarismes racialistes et autres... Il
ne faudrait pas alors venir s'en plaindre, non ?
Si je deviens ce que je crois et si la réalité est celle que je pense, la réciproque est tout aussi vraie. Nous avons tendance à devenir "comme on nous considère". De la même manière, les gens ont tendance à devenir conformes à la façon dont on les considère. La corrélative reste évidemment cohérente (j'ai déjà développé ce principe : ce que me dit l'autre dépend de la qualité de référence que je lui reconnais. Je ne donnerai pas le même crédit à la parole d'un expert et à celle d'un débutant ou néophyte à mes yeux. Réciproquement, car tout est interactif, je donnerai du crédit à cette personne, qui qu'elle soit, parce qu'elle dit ce que je pense, ce à quoi je crois). C'est bien là une interaction à charge lourde. Yvons Gattaz, ancien président du CNPF, et donc "parfait gauchiste", avait dit lors d'une convention en 2003 à propos du management des organisations : "Mettez du contrôle et vous aurez des tricheurs. Mettez de la confiance et vous aurez de l'efficience."
En
quelques mots cela signifie que si vous considérez les gens comme des imbéciles, ils auront tendance à vous en donner pour ce que vous
les considérez. A contrario, si vous les considérez talentueux et biens, ils
auront tendance à le devenir. C'est là tout l'art du management que
j'ai longuement enseigné. On peut le résumer à ceci : ''Aimez
les gens et le travail bien fait. Tout le reste ira de soi...'' La
relation est porteuse de sens profonds.
Quand
on est dirigeant, on est d'abord à l'écoute et porteur de la raison
d'être de l'organisation et de chacun en son sein. C'est un temps où
l'on n'impose rien, pas même son point de vue ni son ego. Ceux
qui ont été en charge d'organisations, comme d'associations, s'en
souviennent oh combien. Saint-Exupéry écrivait : "Si tu
veux construire un bateau, ne rassemble pas tes
hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque
détail, pour leur dire où trouver chaque chose... Si tu veux
construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et
femmes le désir de la mer". Vincent Lenhardt avait écrit un
ouvrage qui s'intitulait : "Le manager porteur de
sens". C'est bien le "patron" qui est responsable de la
qualité des relations dans son organisation. C'est elle qui en assure la dynamique.
Des
guérisseurs Philippins se sont rendu compte que la guérison de
leurs patients passait d'abord par la guérison des relations qu'ils
entretenaient avec leur entourage proche. Ces relations étaient
bien souvent mélangées aux causes mêmes de la maladie. Nombre de nos médecins allopathiques et de terrain l'ont compris aussi. Cela nécessite néanmoins une
"revisitation" non seulement des relations
interpersonnelles, mais aussi de celles entretenues avec les éléments de
l'environnement. Cela implique une "revisitation" des rôles, fonctions et raisons d'être
de chaque personne et de chaque élément.
Des études en milieu psychiatrique révèlent également que la
perspective de "pouvoir s'en sortir" constituait déjà un processus de
guérison chez des patients toxicomanes. Les effets étaient immédiats
sur leur santé. Le simple désir d'enclencher la démarche est déjà
un soin que le patient s'accorde. Simplement imaginer que cela peut
marcher, et puis que cela va marcher, est une médecine efficace. Dès
que l'on se met à y croire, le processus de soins devient actif.
Dans la mesure où nous le savons, nous nous confrontons à l'utilité, voire
à la nécessité, de travailler sur sa conscience des choses. C'est bien cette
vision qui guide nos pas : Que voulons-nous ? Pour quoi faire ?
Quelle en est la raison d'être ? Qui sommes-nous dans quel
environnement et quelles relations avons-nous tissé avec lui ? On peut aussi, en complément, s’interroger sur la justesse et l’efficience de ces options. Voilà une belle et bonne raison de comprendre que plus jamais nous ne saurons nous soumettre. C’est à ce moment, que nous saurons nous souvenir de ce que nous avons appris culturellement : en l’espèce que plus jamais nous n’aurons à mettre “le genou à terre”. C'est certainement à partir de là que nous allons enfin développer "l'universelle bienveillance vers le bien-être par la source" !
De
quoi s'agit-il ? Cette représentation m'est venu lors d'une méditation :
moi-même, comme tout un chacun et comme tout être vivant, aspire au
bien-être. Pour l'atteindre il m’est nécessaire, selon le principe de causalité, de réunir ce qui permet de l’obtenir. Tout ce qui est personnel est universel nous
avait dit Charlie Chaplin, ce philosophe merveilleux du bonheur, de
l'essentiel et de la simplicité, ce doux critique de la modernité.
Il est temps de dire que c'est bien au fond de chacun de nous que se trouve la source de cette
sérénité. Rien n'est jamais acquis, et il nous faudra aller la chercher, seul, chacun et
ensemble. Il me faudra, il nous faudra toute la bienveillance de
chacun et de tous. Voilà pourquoi j'en appelle à
l'universelle bienveillance vers le bien-être par la source !
Le
chemin nécessite travail et compassion. Rien ne viendra seul ni ne
s’achètera. Rien ne se fera sans conséquences fortes sur chacun.
Tout se fait dans l'intelligence de l'accueil. Et si j'use de
paraboles et de citations, si elles m'engagent totalement, elles sont
les illustrations qui garnissent d'images le sujet que je porte.
C'est ce que nous faisons quasi quotidiennement chaque fois que nous
racontons ce que nous avons vu, par exemple. Le langage n'est pas le
réel mais le "représente". C'est ça, la réalité !
Peut-être, alors, nous faudra-t-il revenir à l'essentiel, au centre de
soi-même, sans peur, sans fermeture, dans l'accueil de ce qui
arrive, dans l'absence du temps et de l'espace. L’argument vaut aussi pour chacun, pris individuellement, et nous voilà rendus, assurément, bien loin des Ego. Nous voilà en passe de parvenir dans une sorte d'éclatement du UN, et donc de l'unique entité que constitue l'univers. C’est à ces conditions, et dans ces conditions, que nous serons en mesure de retrouver le sens profond originel et original du réel.
Les
voies de l'art sont les chemins de cette résilience. Don Juan,
sorcier Yaki, disait à l'ethnologue Carlos Castaneda venu
l'interroger : "Il y a bien des voies vers la connaissance. Il y
a la danse, le chant, et d'autres. Moi, je connais celle du peyotl et
je peux te l'enseigner".
Les
peuples premiers usent du chant et de la danse dans les pratiques
dites chamaniques. Ils rassemblent ce qu'ils ont appris dans des
mythes et les restituent par quelques rites. Nous les avons perdus et
pratiquons la danse et le chant comme des distractions. Il nous faudra sans doute une autre phase nécessaire, afin de savoir réapprendre à nous réconcilier avec notre propre nature, afin de retrouver les chemins de sagesse.
Si
nous gardons cette approche ouverte, alors toutes les problématiques
sociales, sociétales, les tensions, les contestations, les anathèmes, le
communautarisme racialiste, ce qui nous apparaît comme de la
mauvaise foi et du mensonge, que nous savons dès lors impuissant à se résoudre par eux mêmes ("On ne résout pas un problème par la culture et les conditions qui l'on créé" écrivait Einstein), tout ceci et le reste nous
apparaîtra simple à regarder, simple à aborder, simple à
comprendre, à recevoir et peut-être à résoudre depuis ce peut de hauteur. C'est tout le sens de cet article.
Jean-Marc SAURET
Le mardi 22 septembre 2020
* Jean-Dominique
Michel, Chamans, guérisseurs, médium.
Les différentes voies de la guérison, Ed.
Favre, 2015, p. 76
** Alain Finkielkraut, La sagesse de l’amour, Folio essai, 1984, p. 142
** Alain Finkielkraut, La sagesse de l’amour, Folio essai, 1984, p. 142
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