"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Convergence et concurrence

Les épisodes gilets jaunes des samedis, bien que réduits et moins perceptibles, sont quelque part toujours là, un peu dans la rue et pas mal au fond des cœurs et des corps. Bien des gens refusent toujours la politique liberticide et appauvrissante de ce gouvernement. Plus personne ou presque ne croit qu'il produira quelque chose de bon pour le peuple, celui-là même qui, justement, subit la pression, le mépris et l'abandon... quand ce n'est pas l'asservissement. Cette calamiteuse gestion de l'épidémie du corona-virus, comme celle du chaotique déconfinement, ont fini de faire changer de bord le mépris. Cette dynamique se manifeste avec d'autant plus de force que l'épisode a fait monter les peurs et les incertitudes. Ce gouvernement est politiquement désinstallé.
Les classes moyennes savent qu'elles sont, et seront de toutes façon perdantes dans cette nouvelle démarche stratégique. Bien des corps sociaux, comme ceux des enseignants, des avocats, des chercheurs, des pompiers, des cheminots, des médecins et infirmiers, des indépendants, des artisans et petits patrons, tentent de tirer une épingle dans des revendications et actions serrées. La population qui ne faisait plus société avant l'épidémie refait corps maintenant dans la crise. Elle était faite d'assemblages hétéroclites, qui se pensaient indépendants et où chacun vivait et se battait pour lui-même. De la même façon, militaires et policiers pensaient avoir tiré leur épingle du jeu tout en continuant à être surexploités sous le couvert de loyauté, par reconnaissance et appartenance... Eh bien non ! Ils sont victimes comme les autres et beaucoup s'en rendent compte. Le retournement récent de nombre de policiers en témoigne.
Nous assistons à ce double phénomène de nécrose et de langueur populaire dont les gilets jaunes sont le symptôme. La séduction gouvernementale ne marche plus. Les dupes ont compris où était la fosse et qui étaient les lions. Le rebond social dans la crise sanitaire donne une force supplémentaire à ce phénomène de rébellion, voire de révolution. Le roi est nu. L'adversaire est clairement identifié. La cible est à portée de vue.
La société ne présente même plus des individus en concurrence. Cette postmodernité-là se meurt. L'éclatement social, dans un sauve-qui-peut collectif, tente d'échapper à une inévitable collapsologie, crainte par beaucoup et que chacun espère la plus éloignée possible. Certains, d'ailleurs, la nient. Et pourtant... Chacun espère trouver le moyen de s'en prémunir, parfois cherche un coin de sable pour y planter sa tête car l'incrédulité devient un prétexte à l'espoir. Simultanément, dans la crise, la fierté renaît. La colère grandit et fait le ciment des plus pauvres, des premiers de corvée, justement.
Tout le monde ne réagit pas dans le même sens. Certains en appellent à l'intelligence de l'autre pour qu'il le rejoigne sur sa vision du monde, sur sa vérité. C'est là l'ordinaire postmoderne. Mais comme là tout n'est qu'opinion, aucun argument, aucune démonstration ne peut emporter la partie. La conviction se situe bien au plus profond du sacré... 
Il nous faut, à ce moment nous rappeler que nos démons sont l'orgueil et l'avidité, et que c'est là notre mal. Ce sont ces sentiments-là, nourris par bien bien des peurs, qui nous pourrissent la vie et nous embarquent dans les "galères". Ce sont de vrais démons sur lesquels viennent se nourrir des comportements comme la méchanceté, l’égoïsme, la haine, la jalousie, la violence, la domination, la xénophobie, etc... ! Et "en même temps", ce sont ces dieux-là : le narcissisme arrogant et la vénalité nombriliste, qui nous sont proposées par le néolibéralisme dans notre postmodernité,... sous couvert, prétendument d'atteindre le bonheur du consommateur. Erreur et leurre !...
En voilà une superbe supercherie dans laquelle tombent tant de collègues, voisins et amis... voire nous-même par moments ! C'est cependant ce que nombre d'acteurs ont compris lors de cette crise sanitaire mal gérée, mal anticipée.
A moins qu'elle ait été volontairement orientée vers le profit de quelques laboratoires, ceux justement dans lesquels quelques ultra-riches ont investi... Alors, peut-être n'était-elle pas si mal gérée que cela. C'est du moins ce que réalisent nombre d'acteurs de terrain, ceux qui en ont "bavé", en tant que premiers de corvée.
Et le temps ne fait rien à l'affaire. Il ne dissout et ne résout rien. Le temps n'est qu'une illusion, une variable de nos reconstructions : vitesse ou lenteur, qu'y a-t-il de bon là-dedans ? Pour quoi faire ? Maintenant ou tout à l'heure, la fin, le résultat, la conséquence seront là... 
Il n'y a pourtant rien d'inéluctable si nous reconstruisons déjà le monde que nous voulons hors de ce "capitalisme libéral" comme le qualifient les "économistes atterrés". Nous voulons de fait un monde pour nous, par nous, ici et maintenant, un "girondisme libertaire" comme le nomme le philosophe Michel Onfray.
Dès lors la concurrence est une idée idiote, stupide, inefficace, contre-productive. Pourquoi s'affronter quand nos pratiques sont complémentaires, quand cette complémentarité multiplie les compétences au lieu de les additionner, quand elles rapprochent la réalisation de l'oeuvre ?... Ceci ne demande qu'un minimum de communication, de relations, que l'on se parle tout simplement. C'est justement ce que viennent d'expérimenter nombre d'acteurs de terrain. Ce vécu fait mythe et délivre des processus d’innovation dans une population non encore homogène. D'ailleurs, le sera-t-elle un jour ?
Bien communiquer ou bonnes relations ? Communiquer c'est dire les choses de manière à ce qu'elles soient reçues et appréhendées. Mais il est nécessaire en l'espèce de tenir compte des "références de l'autre", de son "critérium" à penser le réel comme l'écrivait Schopenhauer. Dans ces conditions, une bonne relation peut ne rien communiquer à force d'être lisse et convenue... Il ne reste plus alors qu'une sensation, une impression confuse. Ici, l'objectif est seulement de nous "mettre ensemble", et pas de construire ni de penser. L'idiotie peut fabriquer des vortex de stupidités, emportant une accélération d’erreurs, de mensonges et de jugement radicaux et antisociaux. C'est un peu cela que l'on a vu émerger dans moult réseaux sociaux, voire dans certaines communications officielles...
Mais pour le psychosociologue Henri Tajfel, "compétition" et "coopération" dépendent des représentations et des enjeux sur le seul biais cognitif. Lors de ses travaux à Oxford, il se rendit compte de la capacité d’adhésion des personnes à un groupe fictif (ne reposant alors sur rien d'autre qu'une indication extérieure) était prépondérante. Cette seule composante, déterminait ensuite, tous les comportements liés à l'appartenance. Ces éléments constituent justement l’apanage des compétitions et des coopérations. Je ne jetterai donc pas la pierre sur les défenseur obtus de la "politique" de ce gouvernement. Ils n'y ont aucun intérêt, c'est  juste un peu de leur identité qui là, est en cause.
Il apparut à Tajfel qu'il suffisait d'indiquer à des personnes le groupe auquel elles appartenaient pour qu'elles s'identifient audit groupe, qu'elles le défendent et coopèrent avec ses membres C'est ainsi que l'on pût leur voir développer des comportements d'opposition et de concurrence avec des groupes extérieurs. Tajfel montre ainsi qu'il peut n'y avoir aucune raison sinon celle de l'appartenance arbitraire pour développer ces comportements particuliers de concurrence et de coopération, voire de convergence.
Alors, plus de tolérance à l'encontre de ces victimes adhérentes à leur propre torture est la bienvenue. Simultanément, cela implique davantage de vigilance de notre part. Cette situation impose en effet une attention toute particulière aux raisons d'appartenance (ou pas) à des groupes. On retrouve cette même notion dans leurs raisons d'être (ou pas), et au sens que nous leur donnons (ou non). Cela revient à observer plus de vigilance et moins de jugement.
Car c'est aussi là que se pose la différence entre inspirer (donner du sens) et manipuler (jouer sur des jouissances, des intérêts, voire de simples perspectives). L'éthique et le sens pour chacun de ce qui nous est propre et nous tient à cœur viendra éclairer cette réalité de toute sa force. C’est alors qu’émerge la prise de conscience, et les groupes qui s'opposent n'ont pas plus de sens que ceux-là-même expérimentés par Tajfel. Ce sont donc d’autres choses qui opposent les supporters d'équipes sportives. Il s'y joue la sensation d'exister, un sentiment d’appartenance, d'être là, d'avoir des sensations, voire celles de déguster la violence, de déguster la haine et le conflit... Il nous faudrait alors nous poser la question de savoir ce que l'on aime tant... Quelles sont ces dominantes déterminantes et leur hiérarchie ?
Mais ce que nous a dit cette aventure sanitaire, réputée difficile,  c'est que l'adversité efface les différences identitaires, que le vécu ensemble nous rassemble, et que nous ne sommes qu'un seul et même peuple.
Pour l'existence d'un groupe sur le long terme, il n'y a que le sens, le pourquoi, la raison d’être. Il se trouve aussi que dans nos relations d'échange, personne n'achète ce que vous faites mais pourquoi vous le faites. Ici aussi, la vision guide nos pas... C'est bien ce que nous avons vécu, non ?
Dans ces conditions, pourquoi s'opposer, s'affronter, se discriminer dans un égoïsme aussi inutile que stupide. Nous savons que nous avons bien mieux à faire, en coopérant, en co-construisant, dans une convergence et une entente rendues cohérentes.
Nous pouvons à cette occasion, et de surcroît, nous reconnaître, nous apprécier et nous enrichir de l'autre, dans une intelligence pragmatique. Aujourd'hui, il s'agit de voir loin et d'agir près, pour nous amener plus loin que “l'instant de ma rue”. Notre oeuvre comme notre devenir en dépend. Le choix est dans nos mains et dans nos têtes.
Allons-nous alors assister à un éclatement de la société ? C'est bien possible... Il y aura d'une part les héritiers continuateurs de la postmodernité, artisans et clients du néolibéralisme destructeur et prédateur. Ce sont des consommateurs en quête de toujours plus. Ils sont exigeants, délateurs, légalistes et profiteurs... C'est le monde de Mad Max, ce qu'en montre ce film. D'autre part, il y aura des alternants culturels créateurs, co-constructeurs et réseauteurs engagés, "oeuvreurs" convergents solidaires responsables. Cela risque d'être encore comme ça pour un temps, mais pour le temps d'après, il y a le monde du vivant. La nature reprend toujours ses droit, avec ou sans nous...
Jean-Marc SAURET
Le mardi 2 juin 2020




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