"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

La collapsologie interroge la place de l'humain d'aujourd'hui pour demain

Voici le résumé d'un long échange que nous avons eu mon ami Thierry Groussin et moi-même, il y a quelques semaines. Il est un penseur profond, ouvert et assidu. Il posait que nous sommes en partie le produit d'une société dont nous voyons les dysfonctionnements et les dégâts, dont la culture fait paradigme. S'il nous appartient d'en changer le cap, "c'est comme si la poule devait changer les œufs qu'elle pond", me dit-il.
Ma première réaction fut qu'il nous fallait peut être ajuster notre paradigme. Je m'explique.
Si l'humain n'existe que de l'autre, il est le fruit de ses propres expériences, même s'il les relit à l'aune du paradigme socialement partagé. Mais pas seulement car à chaque pas, il peut modifier le paradigme. C'est comme ça qu'Einstein a revisité la physique en cours, la projetant dans le passé et dès lors dite newtonienne...
S'il y a des modèles à penser le monde et à se penser dans le monde, la part d'auto-construction est fondamentale et permanente. Sa part personnelle d'auto-construction est la voie de l'évolution sociétale. "Si tu veux changer le monde, sois le monde que tu veux voir venir", disait Gandhi.
Ce sont les gens, par leurs actions individuelles et associées, voire collectives, qui nous ont amené jusqu'ici. 
Voici le résumé d'un long échange que nous avons eu mon ami Thierry Groussin et moi-même, il y a quelques semaines. Il est un penseur profond, ouvert et assidu. Il posait que nous sommes en partie le produit d'une société dont nous voyons les dysfonctionnements et les dégâts, dont la culture fait paradigme. S'il nous appartient d'en changer le cap, "c'est comme si la poule devait changer les œufs qu'elle pond", me dit-il.
Ma première réaction fut qu'il nous fallait peut être ajuster notre paradigme. Je m'explique.
Si l'humain n'existe que de l'autre (ou par l’autre) il est le fruit de ses propres expériences, même s'il les relie à l'aune du paradigme socialement partagé. Mais le propos peut passer pour réducteur, car à chaque pas, il est loisible de modifier le paradigme. C'est ainsi qu'Einstein revisita la physique en cours, la projetant dans le passé. Dès lors, elle fut dite newtonienne...
Le nouveau s'invente sur les marges, comme le font la créativité et l'humour. Parfois, les marges sont minces et fragiles, mais les changements se font car la structure sociétale n'est de fait, pas déterminante. Il faut juste se souvenir que les institutions "institutionnalisent" quand les personnes expérimentent ce qu'elles "intuitent", rêvent ou imaginent. Il nous faut vivre le monde que nous voulons, sans peur, sans crainte de la défaite ni de la mort. Nous n'avons rien à perdre si nous n'avons plus rien... Le plus fort et le vainqueur, c’est bien celui qui n'a pas peur,qui n’a effectivement peur de rien, celui qui, en fait, ne se bat pas pour la victoire, mais pour ce monde meilleur qu'il “connaît”, et qu'il vise.
S'il y a des modèles à penser le monde, comme à se penser dans le monde, la part d'auto-construction s’avère en l’espèce fondamentale, mais aussi permanente. La part personnelle d'auto-construction est, dans ces conditions, la voie de l'évolution sociétale. "Si tu veux changer le monde, soit le monde que tu veux voir venir", disait Gandhi.
Ce sont les gens, par leurs actions individuelles et associées, voire collectives, qui nous ont amenés jusqu'ici.
Par exemple, ce ne sont pas les réseaux sociaux qui ont changé nos rapports mais l'usage que nous en avons fait. En termes de causalité, ce ne sont pas le départ des protestants, la famine de la fin du dix-huitième, ou les grandes sécheresses et les grands gels qui ont fait la révolution française. De la même façon, elle ne peut être imputée à la seule faiblesse du roi. Cette révolution est bien liée à ce que des gens ont fait de l’ensemble de ces éléments. Il n'y a ici, rien de mécanique. Il n'y a que du vivant.
Alors s'invitent les jeux d'intelligence, versés sur l'oeuvre (souvent des visions à long terme), et les jeux d'ego, versés sur le pouvoir et la fortune (souvent des visions à court terme). Les affrontements font la victoire. Vices et vertus s'invitent et s'opposent.  Nul ne peut en savoir d'avance le résultat, quoi que l'on connaisse la puissance des stratégies de pouvoir et de fortunes dont l'apanage est la violence, celle qui tue et paralyse.
Celui qui gagne est celui qui ne craint pas cette violence, soit parce qu'il en dispose et la maîtrise comme un Spartacus, soit parce qu'il s'en moque, et s’en détache tel un Diogène.
Les suiveurs se situent, par définition, exclusivement dans le paradigme sociétal. En revanche, les innovants s'inscrivent dans des fractures que leur expérience leur a déjà montré. Dès lors, la société se pérénnise et maintient les choses “en l'état”, quand les individus innovent par rupture dans les fractures aperçues. Ainsi les institutions tendent à pérenniser “l'état de société” dès lors que l'individu rompt les habitudes et emprunte d'autres voies. Il s’agit bien là d’une mise en perspective de finalités nouvelles.
Les changements se font donc bien sur les ruptures. Comme dit mon artiste de fils, la normalité de demain est la "somme" des déviances actuelles.
La réaction de mon ami Thierry Groussin revint sur le fond de sa préoccupation, en posant cette affirmation : "Je pense que nous sommes engagés dans un processus d’effondrement mais à la manière de l’empire romain, c'est-à-dire étalé, alternance de transformations asymptotiques et de phases chaotiques éventuellement brutales. Le déclencheur peut surgir d’ailleurs et appuyer sur les fragilités du système. Par exemple, trois faits a rapprocher : la France n’est plus en état d’autosuffisance alimentaire, il n’y a pas une ville qui ait plus de trois jours de stocks de nourriture, et sans notre blé le Maghreb meurt de faim..."
Ma réaction fut graduée : sa présentation me paraissait tout à fait juste et je la partageais. En revanche, je ne sais toujours pas si la civilisation va pour autant s'effondrer dans un cataclysme ou une crise quelconque. Ce qui est sûr, néanmoins, c’est que nous arrivons au bout du bout de quelque chose, et probablement, de ce système. Déjà, on voit ici et là de nouvelles organisations émerger. C'est, me semble-t-il, sur elles que tout se reconstruit déjà, en parallèle. L'un meurt et l'autre émerge. On assiste à un glissement inéluctable.
Pendant que l'ancien monde refuse de se voir mourir, c’est pourtant bien lui qui est condamné. Quoique perdu, il se débat et se démène encore. Plus dure sera la chute… La nouvelle économie me semble monter des amaps, ressourceries, coopératives, réseaux locaux de production, et de distribution directe. Nombre d'associations locales de type épiceries solidaires, cafés associatifs, etc. se créent sans cesse...
La réaction de Thierry Groussin fut plus approfondie encore : "J’avais étudié, m'écrit-il, ce phénomène pour une conférence que m’avait demandé un ami : Crises ou métamorphose ?. J’étais à l’époque très influencé par Alain de Vulpian, qui avait une vision un peu irénique de la transformation en cours. Je l’étais moins que lui quand même parce que je pense qu’il y a des appétits, des pouvoirs, des résistances et des aléas. Une de mes dernières images était celle d’un spéculateur devant un territoire et un porte-serviette s’exclame: "Des champs de fric!" L’appétit du capitalisme est sans fin par structure, et par nature : le capitalisme est basé sur l’avantage donné au capital sur le travail de manière à réinvestir sans cesse, donc à l’infini." 
Il me précisait que "les résistances du système qui veut conserver ses avantages - autrement dit in fine : son pouvoir - n’hésitera pas à manipuler les esprits et à répandre de la souffrance. Les aléas peuvent tout d’un coup exacerber des tensions, potentiellement destructrices, ou des fragilités. Je pourrais être néanmoins fondamentalement optimiste : la digestion de l’empire romain par les siècles, a nourri la civilisation médiévale. Aux monuments romains ont succédé les cathédrales.
Mais jusqu'à présent, on pouvait changer de civilisation, et la viabilité de la planète pour la vie humaine n’était pas en cause. L’extinction des espèces animales me navre, la raréfaction des variétés végétales m’inquiète. En outre, la planète était en quelque sorte cloisonnée, alors qu’elle est devenue le palais des courants d’air, qu’il s’agisse de coronavirus ou de crises financières."
Il concluait ainsi : "Bref, l’humanité avancera peut-être mais l’histoire - par moment seulement, espérons-le - sera pleine de bruit et de fureur."
A ce moment, mon propos se précisait : "Je te suis, encore une fois, lui dis-je, mais avec circonspection." Car son analyse me renvoyait à cette opposition que j'évoquais plus avant : il y a dans ce nouveau combat l'opposition des égo, pleins de cupidité et de pouvoir, associé à des stratégies violentes et à court terme. Corrélativement, et à l’opposé, on voit se développer des stratégies à plus long terme, fondées sur les intelligences et la connaissance. Ce sont bien elles qui visent une certaine qualité d'œuvre.
Peut-être que seule la violence fera basculer l'affrontement, mais la victoire appartient à celui qui en dépend le moins, soit parce qu'il possède la puissance comme un Spartacus, soit parce qu'il est sur un tout autre registre, tel un Diogène. L’essentiel ne me semble donc pas dépendre du contenu, mais plutôt de la posture des protagonistes.
Il ne me semble pas que les cathédrales du moyen ages aient succédé aux grands œuvres de l'empire romain, mais seulement à celui de Constantin : une Rome déjà mutée en christianisme catholique romain où les jeux d'acteurs s'avérèrent terribles. J'y vois donc plus une affaire de personnes déterminées qu'une affaire de société. Actuellement, on s'en détache pour ouvrir les portes sur une nouvelle manière de faire, c'est là une rupture sur laquelle le nouveau monde se construit.
Ce n'est pas grave ni déterminant que des ressources s'épuisent, que des populations disparaissent. C'est tout a fait triste, désolant, voire décourageant mais jamais déterminant.
Oui, je peux en contre exemple évoquer la commune de Paris faite par les anarchistes fédéralistes et humanistes, les fils de Proudhon mort cinq années plus tôt. C'était le courant socialiste, majoritaire à ce moment là de l'histoire. Ces gens-là désiraient une commune libre sans Etat ni dirigeants. Ils sont tous morts, sous les balles des versaillais.
Marx, ce bourgeois qui n'a jamais rien connu du peuple et de la misère, a raflé la mise. Il l’a raflée sur le vide consécutif, imposant à tout le socialisme la vision suicidaire d'une dictature du prolétariat, destinée à régler la lutte des classes. On sait à quel totalitarisme elle abouti : aucune dictature, fût elle du prolétariat, n'aboutira à la liberté. Toute la gauche du vingtième siècle en a été polluée.
Mais dès le début du vingt-et-unième siècle, les libertaires pacifistes et humanistes reprennent possession de la rue, des quartiers et des villages. Nous nous situons bien au plan "local", là où la vie bat bien, dans les coordination, dans les nuits debout ou sur les ronds points, (mais pas que)... Ce sont aussi les amaps, les ressourceries, les fablabs, les épiceries solidaires, les bars associatifs, les écoles en associations locales, les monnaies locales, les communes libres et autres républiques autonomes qui refont société. Ce sont les mêmes qui fournissent les gilets jaunes nés de la même mouvance. Chaque rond-point est devenu un centre de débats, d'organisation et de création.
Oui, on sait se libérer d'un carcan sociétal. On sait sortir des luttes d'intérêt. On sait réagir avec le cœur et la raison épousés, conjoints... Le cœur a ses raisons. On sait ne pas avoir peur. On sait même être déterminés sans être en colère. Cette froideur là est plus que puissante. Oui, comme tu le vois, mon cher Thierry, j'ai beaucoup de raisons d'espérer.
Nous en sommes restés là... pour l'instant !
Jean-Marc SAURET
Le mardi 26 mai 2020




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