"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Pourquoi une fausse nouvelle ?

Dans ces moments perturbés, nous voyons fleurir les fausses nouvelles, les fausses informations, catégorisées sous l'anglicisme "fake news". Il est vrai que des conflits d'intérêts interviennent parfois dans leur existence pour tirer quelques profits d'une situation ou d'un contexte. 
Je pense aux laboratoires pharmaceutiques qui alertent sur des effets secondaires de la chloroquine alors que ce médicament, en vente libre jusqu'en janvier de cette année, est utilisé massivement en prévention du paludisme depuis près de soixante ans.
Oui, des médecins acoquinés avec des laboratoires pharmaceutiques et sollicités pour contribuer aux réflexions d'un conseil scientifique auprès du gouvernement, ont très vite décrié ce médicament associé à un antibiotique. Simultanément, ils ont critiqué le protocole de vérification de l'efficience de cette thérapeutique contre ce virus, et même proclamé sa dangerosité. Ils se sont réjoui de son retrait des pharmacies et de l'interdiction de sa prescriptions médicales. Mais ils n'ont pas dit, ni peut être regardé, que la ville de France où se soigne le plus les malades de ce coronavirus et qui compte le moins de morts de cette épidémie (et de loin) est justement Marseille et sa région, là-même où le traitement est massivement utilisé.
Mais au delà de ces conflits d'intérêt, toujours circonstanciés, pourquoi ces fausses informations circulent-elles, pourquoi sont elles relayées ou créées ça et là ? 
J'ai lu sur les réseaux sociaux cette remarque : "Il semblerait que tout soit bon, dans ces moments de trouble, pour en rajouter et se croire maître du monde en balançant n'importe quoi qui laissera une trace..." Cette réflexion d'un quidam me parait assez juste. Alors développons un peu.
Je crois qu'il y a là une "mécanique" d'enjeux assez simple à comprendre et peut-être plus complexe à décrire. Mais essayons...
Que cherchent la majorité des êtres humains ? La survie, la prospérité, le pouvoir et, au moins, le moyen d'exister, voire d'être aimé. On voit bien que au moment surgissent des conflits d'intérêt, les questions de pouvoir, de puissance et de richesses, sont clairement en jeux. Mais comment se traitent les questions d'existence ? J'ai écrit quelques fois sur ce principe "d'identation", où l'identité n'est pas un état, mais une activité de vérification de ce que l'on est, ou pensons être, voire espérons ou souhaitons être, dans le champ social, dans le regard de l'autre.
Alors, comment exister dans un espace vierge ? Hé bien, nous procédons comme le font les enfants marchant dans la neige fraîche, laissant une trace, ou comme ceux qui marchent dans les flaques, en s'y confrontent s'en imprégnant. A partir de là, "ils en sont".
Ainsi, créer une fausse nouvelle, c'est laisser une trace dans la neige ou le sable. Il n'y a là aucun sens, aucun intérêt, aucune orientation, seulement laisser une trace. La trace existe et elle dit à mes yeux que j'existe. 
Il me souvient de cet événement, alors que j'effectuais ma recherche sur le management dans les centres de tri de La Poste et des PTT. Je visitais un "transbordement" d'un centre de tri, c'est à dire l'endroit où sont chargé les camions. La personne qui m'accompagnait me dit : "Tu vois cette goulotte ?"  Il s'agissait d'une sorte de toboggan qui servait à envoyer les sacs de courrier dans les camions depuis l'étage supérieur où ils étaient constitués (la pratique n'existe plus). Cette goulotte avait la forme d'un "S" pour qu'elle contourne une colonne de descente des eaux usées. Le déport qu'elle avait nécessitait une bonne maîtrise de la mécanique. Mon guide plongea son regard dans le mien et me dit : "C'est moi qui l'ai faite!" et il y avait un bel éclair de fierté dans son regard. La trace parlait clairement de lui...
L'idée que l'oeuvre parle de nous, que l'acte que l'on pose nous désigne, est prégnante dans la vie de chacun. Et je dirais, même si l'acte est involontaire ou irréfléchi, même s'il n'est pas celui que l'on préméditait. C'est là tout le thème du très beau film de Scorcese "Taxi Driver". Ce chauffeur de taxi, bien abîmé par "sa" guerre au Vietnam, ne se sentant plus exister ni reconnu, tenta pour s'en guérir, de poser un acte fort, quel qu'il soit. Il rate l'assassinat du futur gouverneur de l'Etat et, à la place, massacre les gigolos d'une jeune prostituée, la libérant ainsi...
C'est ce qu'ont fait les médias de cet événement qui le consacre en héros. Le but d'exister, d'être enfin reconnu, d'être enfin quelqu'un à yeux, dans ses propres représentations, est enfin "soigné" et le réhabilite... 
Tout de nos actions relève de ces deux éternelles variables : la culture et la nécessité. J'y reviens encore. Nos représentations de nous-même, des autres et du monde s'inscrivent dans la culture, avec sa part de reconstruction personnelle à l'usage, et sa part de cadre social qui nous fonde. Nos gains, qu'ils soient de l'ordre de la survie ou de l'avidité, relèvent (dit pudiquement et sans jugement) de ladite nécessité.
Voilà une bien drôle de manière d'exister, dirions nous... Mais nous avons la main sur la qualité de nos représentations, sur ce que nous faisons de la culture qui nous imprègne. Si des valeurs nous habitent, plutôt que le vide de la frustration, alors nos actions auront le sens de l'orientation que nous leur aurons données. Nous reprenons la main sur le vide existentiel. Voilà ce qui me semble parfois manquer aux poseurs de fausses nouvelles. 
Si nous avons bien compris ce processus, il nous reste alors à ne relayer que les vraies informations, et de plus celles qui ont un sens pour nous. Je reviens alors aux passoires de Socrate. Avant de dire quelque chose, nous vérifions que ce que nous disons soit vrai, c'est à dire vérifié ; si ce que nous voulons dire est censé produire du bon ou du bien ; si ce que nous voulons dire est utile à l'interlocuteur.
Dès lors, je ne relaierai que ce qui répond positivement aux test de ces trois passoires.
Je pourrais me poser la question du comment corriger la source de cette fausse nouvelle. Mais la philosophie stoïcienne me dit qu'il est mieux de corriger ce sur quoi j'ai la main, d'accueillir ce sur quoi je ne l'ai pas et d'avoir la sagesse de faire la différence entre les deux. J'y souscris.
Jean-Marc SAURET
Le mardi 21 avril 2020

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