L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Notre rapport à la loi

J'accompagnais une personne en voiture. C'est elle qui conduisait et qui me dit, soudain : "Regarde cet abruti qui se faufile entre les autres voitures !". Puis elle ajouta : "Et, en plus, il roule trop vite !". Je lui fis remarquer qu'elle conduisait au delà de la vitesse autorisée. La réponse ne se fit pas attendre : “Moi je peux, parce que je sais faire, je maîtrise bien le sujet...''
Je m'en étonnais et la questionnais sur ce à quoi pouvait bien servir la loi. Elle me répondit qu'elle était faite pour ceux qui ne savaient pas faire, pour les maladroits. Pour preuve, elle m'indiquait le comportement de ce "chauffard" qu'elle venait de fustiger.
Il y avait donc les "sachants" et les autres à qui la loi s'appliquait...
Je lui demandais donc comment elle allait faire si la gendarmerie lui demandait des explications sur la vitesse à laquelle elle conduisait. Elle haussa les épaules...
Apparemment, elle ne partageait pas cette conception selon laquelle la loi restait un "outil" pour le vivre ensemble, quelque chose qui permettait à tous de vivre et partager l'espace et le temps commun.
"Et si tu te fais prendre ?" lui demandais-je. "Je ne me ferai pas prendre... J'ai ce qu'il faut pour ça !" et elle me m'indiqua un petit boitier posé contre le pare-brise. "On dirait de la triche !" lui dis-je. "Qu'est-ce que tu crois ? C'est le jeu ! S'ils nous cherchent, il faut juste ne pas se faire prendre..."
je crois comprendre que la loi apparaît ainsi comme une limitation à sa propre liberté et non comme un élément favorisant le bien-vivre ensemble,... qui pourtant me paraît être sa finalité.
Je me rappelais alors cette phrase que j'avais entendue, en conférence. C‘était celle d'un président de syndicat patronal. Il disait à propos de management : "Si vous mettez de la contrainte, vous aurez des tricheurs. Si vous mettez de la confiance, vous aurez de l’efficience !"
Il m’apparaît donc que la loi, comme tout élément du lien social, fait partie d’un système interactif. Son sens, sa raison d'être, sa finalité, dépendent de la manière dont les acteurs voient les choses, et se voient dans la situation. La vie de la loi et ses applications ne font pas exception.
Ainsi, le regard que portent sur la situation les responsables du respect de la loi s’avère tout aussi déterminant. S'ils considèrent le commun des mortels comme des tricheurs et des coquins, alors ils les invitent à l'être. C'est bien ce qu'ont constaté les sociologues constructivistes, comme Paul Watzlawick.
En optant a priori, pour une attitude répressive, vouée à contenir des débordements, les forces de la loi invitent ce commun des mortels à se comporter comme comme “on” les imagine : c'est-à-dire des tricheurs...
La boucle est ainsi bouclée, et le “cercle vicieux” peut se mettre en marche.
Si les forces de la loi considéraient le commun des mortels comme des gens bienveillants et bien intentionnés (ce qu'ils sont dans leur très grande majorité), alors ils privilégieraient une forme pédagogique adaptée. Il me souvient à ce propos une très ancienne rencontre faite avec un duo de gendarmes à moto, alors que je roulais moi-même en deux roues. Un comportement de ma part quelque peu compétiteur sur la route les avait incité à me poser quelques questions.
Je m'étais piégé tout seul, imaginant que les deux phares qui me suivaient étaient comme moi deux motards ordinaires. Ainsi, j’accélérais et ils me suivaient. Jusqu'au moment où je décidais de lâcher prise. Alors, ils me doublèrent et c'est là que je vis qui ils étaient vraiment : deux gendarmes à moto.
Je m’arrêtais à leur injonction et enlevais mon casque en souriant de ma bévue. L'échange fut des plus cordiaux et je n'esquivais pas ma responsabilité. Nous échangeâmes sur le comportement routier bien différent de celui qu'on peut avoir sur la piste, les conséquences, la différence d'environnement protégé sur piste et ouvert sur route, etc... De fait, je prenais une leçon en toute bienveillance.
Il est vrai que je n'ai, dès lors, plus jamais tenté de faire la course sur la route, jeux dont j'avais jusqu'alors un petit peu pris l'habitude...
Peut-être que si nos comportements, ce jour-là, avaient été en opposition, voire en affrontement, peut être leur réaction aurait été plus répressive, et le mien plus rebelle… Quant aux conséquences sur mes comportements futurs, nous en imaginons bien les différences.
Ainsi, nos rapports à la loi s'inscrivent ils dans une histoire interactive. Il importe qu'un échange ouvert sur nos représentations soit bien présent, et que nos a-priori contextuels, en termes d’intentions réciproques supposées, tombent.
Bien des violences s’alimentent sur des a-priori malvenus. Telle cette affaire où un "grand frère", dans une "cité", était à la recherche d'une gamine disparue. Il appelle la police pour aider à la retrouver, laquelle arrive alors qu'il venait de rejoindre la fillette. Il se présenta et s'excusa de les avoir dérangés. Mais les policiers, pensant avoir affaire à un "petit loubard" ordinaire, et le suspectant a priori de trafic, commencèrent une fouille au corps bien en règle et, sur ses protestations, l’embarquèrent en garde à vue... Nous pouvons aisément en imaginer les tristes conséquences.
De la même façon, lors des différents épisodes des "gilets jaunes", les policiers reçurent ils des ordres ayant pour conséquence le "nassage" et la mutilation de manifestants pacifistes a priori. Depuis le gouvernement doit faire face à une radicalisation des comportements sociaux. Les gestes et actions font sens...
Nous voyons que les pensées toutes faites, les a priori, les stéréotypes, ont des incidences bien souvent malheureuses sur les événements et comportements postérieurs. Nous voyons aussi que, dans ces interactions, la part de chacun dans la considération, l'écoute et la pédagogie, est déterminante.
Nous comprenons, afin que ce rapport à la loi devienne un rapport au bien-vivre ensemble, que nous avons, en l’espèce, besoin d'échanges et de relations constructives au quotidien, entre les parties prenantes.
Nous avons ainsi besoin de modes et de lieux démocratiques, d'échange et de partage comme l'ont été lesdites "polices de proximité" et autres terrains de sport où tous se croisaient, se connaissaient et se reconnaissaient.
L'écoute active, l'abandon d'a-priori toujours contre-productif et la considération respectueuse réciproque s'imposent. Ils nous sont indispensables. Le rapport à la loi est avant tout, là aussi, un rapport à l'autre bienveillant, humaniste et ouvert.
Jean-Marc SAURET
Le mardi 18 février 2020


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