"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

L'autorité, de quoi s'agit-il ?

Nous avons tous un rapport constant à l'autorité. Mais si nous nous interrogeons mutuellement, nous assistons à une prolifération de définitions, et le point focal de chacun est parfois bien éloigné de celui d'autres personnes. Alors, instinctivement nous ouvrons nos dictionnaires et nous y référons comme à un juge de paix. 
Issu du mot latin "auctoritas" (droit de possession, garantie qui impose la confiance, voire influence et prestige), il apparaît au moyen age (1119 ou 1121 selon les sources) où il exprime alors "la force obligatoire de ce qui est jugé, décidé". C'est un terme juridique qui dit que "ça ne se remet pas en question", ou en d'autres termes que ça ne se discute plus. L'autorité est alors la force de la loi. Et gare à qui transgresse...
Dans nos différents dictionnaires actuels nous trouvons aussi plusieurs notions, comme celle d'"insurmontabilité", mais aussi de levier de développement ("L'autorité est comme la montagne qui se dresse devant vous, indépassable. Ou vous l'évitez, ou vous grimpez à son sommet pour voir le monde" M. Godeau). 
On trouve aussi dans ces définitions, la manière de faire vivre ensemble toute une collectivité de personnes : c'est la voie légale. 
Mais nous voyons l'autorité associée, également, à l'idée de coup de force, de violence. Il est loisible encore de la rapprocher de cette notion : en l'espèce l'influence par la connaissance ou la manipulation, etc.
Il n'y a pourrant pas que cela. Nous voyons que l'autorité tient, dans une large mesure, par "l'acceptation" de ceux qui la subissent. En d'autres termes, celle qui fonctionne est celle où "ceux qui subissent", sont "adhérents" au système d'autorité. S'ils n'adhèrent plus, alors l'autorité s'effondre. C'est le phénomène que nous constatons dans les écoles et les lycées où l'autorité des professeurs est mise en cause par les élèves. (J'ai indiqué sommairement pourquoi dans un précédent article)
L'autorité n'est donc pas une chose en soi. Il s'agit bien d'un phénomène interactif, à l'instar de l'identité ou de la langue : ces "choses" là n'existent que par les acteurs qui les vivent.
On a constaté que les systèmes autoritaires ne tiennent que par la reconnaissance par tous les membres de l'autorité comme valeurs structurante. Si celle-ci vient à disparaître, le système s’effondre. L'autorité du "chef" ne vaut que par la ligne hiérarchique… et donc elle est celle que ses subalternes lui reconnaissent (et ce pour des raisons de culture ou de nécessité)
Il en va ainsi de tout système interactif. Il repose sur des représentations communes (la culture) et des intérêts pratiques (la nécessité dans tous les sens du terme). Ainsi, culture et nécessité (selon et par les acteurs) sont les deux "aimants" de tout système interactif. Il en va de même pour l'identité, pour la langue et l'autorité. Pour mieu comprendre, il me semble juste d'étudier l'ensemble du système social à l'aune de ces deux "aimants".
Dès lors, les questions qui se posent sont : sur quelles représentations des acteurs se bâtit le système ? Et en fonction de quelles nécessités ?
Tous les systèmes sociaux sont, me semble-t-il, des systèmes interactifs. Il nous faut donc inventer une sociologie de l'interdépendance et de l'interaction. C'est bien ce à quoi je m'attache depuis des années. J'ai juste enfin... trouvé le "mot".
C'est donc bien cette approche qui nous indique que tout système social est "dé-constructible", à partir de la mise à plat des représentations et des nécessités (voire intérêts). C'est à partir de là, que la rhétorique des différents acteurs peut être dévoilée.
Poursuivons notre exemple sur l'autorité. Si l'on rassemble les différentes "interprétations" du terme émises par les personnes que nous avons interrogées, nous voyons bien les différentes représentations apparaître. Les "images" de soi, de l'autre, du vivre ensemble, dans tel ou tel environnement structurent l'ensemble.
Nous retrouvons nos trois champs habituels, traduisant les différentes perceptions de sa propre puissance, de sa propre autonomie, de sa place dans la hiérarchie sociale adossée aux valeurs qui la fondent.
Ainsi, pour l'un, sa propre puissance repose, (toujours à ses yeux), sur ses capacités physiques naturelles ou parce qu'il s'est bâti une corps d’athlète. Il ne craint, dans ces conditions, aucune opposition quelle qu'elle soit. Cette puissance physique relève de représentations sociales développées notamment par le sport, ou la violence. Elles sont fonction du positionnement de l'acteur : "Ici, je peux tirer mes marrons du feu". Ce dernier pourra reconnaître l'autorité de plus fort que lui, comme sa propre autorité sur plus faible que lui.
Pour un autre, c'est sa propre capacité de persuasion qui lui confère, (à ses yeux), une meilleure façon de retirer ses marrons du feu. L'usage mental de rhétoriques et de stratégies paraissent plus importants dans les combats et les régulations. C'est bien dans (et par) des représentations sociales partagées, que le compétiteur détermine son adhésion. Elles sont véhiculées notamment, par les débats télévisés ou familiaux. Il y a dans tout système, et singulièrement dans celui-ci, une question d'efficacité.
Pour un autre encore, il aura acquis le sens de la compétence, de la nécessite de connaissances, dans un parcours de vie pragmatique et créatif. Il trouvera qu'il n'y a d'autorité que par la connaissance car c'est elle qui donne la maîtrise du monde, le pouvoir sur les choses et les événements. Il pourra penser que tous les autres n'ont rien à faire à la place qu'ils ont indûment prise, et qu'ils y sont illégitimes. Il les méprise, alors pour leur étroitesse de vue. Il n'y a, en l'espèce, d'autorité que du savoir, ou de la raison.
Nos protagonistes se sont construits socialement et différemment, selon leur rapport à leur environnement  Un contexte qui, justement,  les a reconnus comme tels : ils se sont, à partir de là, déterminés puis orientés. 
Nous sommes venus et reviendrons plusieurs fois sur cette immense variable des représentations sociales, largement développées par Serge Moscovici et Denise Jodelet depuis les années soixante-dix. 
Elle traverse tous nos systèmes sociaux. Son principe peut se trouver ramené à cette seule formule : "La vision guide nos pas".
Alors finissons de regarder notre exemple. Il y a la seconde variable, celle de la nécessité. Il s'agit d'abord de l'usage que les gens vont faire du système, à quoi il leur sert. Puis de la corrélation avec leur vision du présent (usages), du passé (craintes et leçons) ou de l'avenir (intérêts imaginés). Cette variable est particulièrement déterminante.
Ainsi, pour nos personnages, l'idée qu'ils y seront "à l'aise" et dominants dans un champ, peut déjà constituer un intérêt actif. Mais selon ses propres tropismes, l'un privilégiera le fait de vivre tranquille dans une certaine indépendance solitaire. Il préférera se défendre de tout ce qui pourrait y porter atteinte (menaces aux biens et aux personnes, tentatives de domination, de mise au pas, etc.). Il usera donc de sa force ou de sa stratégie et rhétorique, ou de sa science pour esquiver les coups et s'en protéger. Cest bien dans ces conditions qu'il se sentira en capacitéd'éloigner, voire de détruire, le cas échéant, la source de la menace. C'est ce que certains nomment "l'art de la muleta". On laisse l'autre développer ses attaques sur des leurres. Ne feront autorité à ses yeux, que les stratégies qui serviront cet objectif.
Selon que l'un préfèrera profiter de la vie, en étant très socialisé, il développera une autre stratégie, celle de l'intégration rivale, que certains nomment "la stratégie du jeu". Cela se traduira par une plus forte tendance à voir où se trouve le système d'autorité qui lui est favorable, à le reconnaître et à y souscrire pour un bon usage.
Pour un autre, corrélativement, cela se traduira par un intérêt de possession démesuré, il ne reconnaîtra d'autorité que celle servant son but. Un "objet", bien en correspondance avec cette capacité dans le champ qu'il perçoit favorable. L'autorité par la force, l'autorité par le verbe et le relationnel, l'autorité par les connaissances lui paraîtront justes et il s'y inscrira à sa mesure. 
La partition se jouera selon l'appréciation de son propre niveau, et l'intensité des forces en présence.
Non seulement nous voyons, dans ce trop court exposé, combien les systèmes d'autorité sont des systèmes vivants et interdépendants, mais combien ils sont aussi "dé-constructibles".
Il reste, à l'évidence, à travailler sur les deux variables : celles des représentations (culture) et des intérêts (nécessité) des acteurs.
Si chacun prend conscience de la réalité de ces systèmes, ils deviendront bien moins prégnants et les acteurs reprendront le pouvoir sur leurs vies.
C'est ce qu'a su faire le libéralisme marchand, en transformant les citoyens en consommateurs. C'est bien en jouant exactement sur les deux variables de leurs cultures et de leurs nécessités que le système précité est arrivés ses fins.... S'il lui a été possible de le faire, il est bien sûr possible de le défaire. C'est bien à cela que je voulais aboutir.
Commençons par garder en mémoire qu'il n'y a d'autorité que celle que l'on reconnaît. C'est ce qu'ont proclamé les résistants de tout poil et de tous champs.
Maintenant, c'est a nous de "jouer", et la partie ne fait que commencer...
Jean-Marc SAURET
Le mardi 25 février 2020

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