"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Préjugés, dogmes, doutes et réalité

"Nous sommes tellement imprégnés de la force de la science que tout ce qu'elle n'explique pas n'existe pas" disait en conférence le journaliste Stéphane Alix. Effectivement, tout ce qui dépasse l'entendement est rangé au registre des hallucinations, des croyances, des illusions et des chimères. On ne peut se résoudre non seulement à y croire, mais même à les tolérer dans le débat. Le propos est d'autant plus vrai que notre nature humaine a horreur du vide de sens : là même où nous manquons de sens, nous le comblons de "suppositions évidentes", de celle qui résultent de nos paradigmes préférés...  Et notre vie, dans ces conditions, peut ainsi s'écouler tranquillement, sans déranger le calme de nos réalités.
Saurions nous vivre avec le doute ? ... avec l'incertitude sur des pans entiers du réel ? Nous en avons beaucoup de mal et c'est à cause de cela que nous faisons aussi quelques attributions hasardeuses. Il me souvient de cette discussion que nous avions eu, entre amis, sur l'incendie de Notre Dame de Paris. J'évoquais les propos de l'ancien architecte du bâtiment et d'un cadre pompier ayant participé à l'intervention sur le site. Tous deux posaient leur incrédulité sur l'hypothèse d'un incendie accidentel, le premier invoquant le système de sécurité complexe et l'autre l’impossibilité de faire brûler un bois de sept cents ans sans un foyer nourri.
"Donc, me dit l'un de nous, tu crois à la théorie du complot ! Moi, je ne peux pas..." Je reprenais ce que je venais de dire en indiquant précisément que je ne savais pas ce qui avait généré l'incendie tout en évacuant, grâce aux témoignages de ces deux experts, l’hypothèse accidentelle d'un mégot de cigarette ou d'une étincelle électrique évoquées dans les médias, voire même l'improbable hypothèse d'un chalumeau laissé allumé par inadvertance...
"C'est donc pour toi un incendie volontaire !" me rétorqua notre ami. "Je n'en sais rien du tout ! lui redis-je. Je sais juste que ce ne peuvent pas être les causes accidentelles évoquées dans les médias". Et j'ajoutais : "Je reste avec le doute, avec le fait de ne pas savoir". "Mais comment tu fais ?" me demandait l'ami. J'avouais que je pouvais vivre avec le fait de ne pas savoir. Et comme il fallait rendre crédible cette façon d'être, je rappelais que, par mon métier de sociologue, le fait de ne pas savoir était au cœur de nos enquêtes, de nos pratiques et de nos méthodes.
Oui, si la nature a horreur du vide, notre nature humaine a bien horreur du vide de sens. Nous passons notre temps à vouloir résoudre le doute, comme s'il était invivable, irrecevable...
Rupert Sheldrake, ce biologiste anglais iconoclaste, a fait une démonstration à propos des valeurs invariables de la physique, en l'espèce la vitesse de la lumière ou la constante de Planke (le rapport énergie-fréquence d'un photon). On connait leur caractère indispensable à l'équilibre de nos représentations des lois de la physique. Mais qu'en serait-il si elles n'étaient pas forcément constantes. La vitesse de la lumière ayant diminué au cours des années trente, il demandait à ses collègues physiciens ce qu'ils en concluaient car moult lois de la physique qui en dépendaient. "On a fait une moyenne..." lui répondirent ses collègues, avouant ainsi qu'ils savaient que la vitesse de la lumière n'était pas invariable, mais aussi qu'ils ne pouvaient se résoudre à remettre en cause les bases conditionnelles de la physique newtonienne...
Comme l'énonce le dicton, "Il n'y a que la vérité qui dérange", et donc d'en venir au fait que "Toute vérité n'est pas bonne à dire". C'est là que nous rencontrons le principe du dogme... Et à partir de là, c'est toute la "vérité" qui est mise à mal. Nous comprenons bien, dans ces conditions, que la fonction du dogme n'est pas de garantir la vérité mais plutôt le raisonnement qui nous a donné de la penser ainsi. Il ne s'agit là que d'une réalité pour nous...
Ainsi donc, pour continuer d'avancer vers ladite "vérité", il nous faudra donc lâcher les "dogmes" et accepter de ne pas savoir à bien des endroits. Le doute devient donc méthodologique, comme l'exprimait Descartes. C'est ainsi que la raison nous impose le fait qu'elle ne sait pas tout comprendre... Voilà qui va faire des remous dans les directions générales de nos organisations, non ?
Jean-Marc SAURET
Le mardi 3 décembre 2019


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