"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Ce n'est jamais de notre faute

Ce qui m'agace, c'est d'entendre régulièrement qu'il nous faut changer notre environnement, le monde dans lequel nous vivons... Ce n'est là ni une lubie, ni une pensée superficielle. Il s'agit en fait d'un constat profond. Quand ce qui nous arrive ne nous convient pas, nous avons alors tendance à chercher et à trouver des coupables ailleurs qu'en nous-même. C'est le monde qui est mal fait. C'est la saison qui est mauvaise. Ce sont les gens qui sont méchants, cupides ou mesquins... N'est-ce pas le cas ?
Comme disait mon grand père : "Face aux problèmes, soit tu cherches des solutions, soit tu cherches des coupables"... D'accord, j'ai souvent évoqué ce point là et je voudrais m'y arrêter encore un instant.
Dans ces conditions, qu'est-ce qui nous fait rejeter cette réalité qui ne nous convient pas ? En l'espèce, c'est juste le regard que nous portons sur elle et rien d'autre... Et pourtant, si je n'obtiens pas la bonne place au cinéma, c'est le cinéma qui est "mal foutu" ou les gens qui font n'importe quoi. Si je n'ai pas réussi ma sélection professionnelle, c'est le questionnaire qui était mal adapté ou même les membres du jury qui étaient mal intentionnés. Si mon corps n'est pas du sexe que je souhaite ou dont je me sens, alors c'est la nature qui s'est trompée et il va falloir corriger tout ça ! N'en est il pas ainsi ?
Redisons, encore une fois, avec Marc Aurèle, que ce ne sont pas les choses qui nous plaisent ou nous gênent, mais le regard que nous leur portons. Répétons-nous encore une fois que ce ne sont pas les choses que nous voyons, mais le sens que nous leur trouvons. Tout ceci est détaillé dans la théorie des représentations sociales, dans "le monde comme volonté et comme représentation" de Schopenhauer, dans "l'invention de la réalité" de Paul Watzlawick et consorts, etc. Mais ça a encore du mal à rentrer dans nos consciences...
Ainsi, nous oublions là que nous sommes du monde, comme une particule de celui-ci, Sans lui, nous n'existons pas, tout comme sans les autres nous ne sommes pas. Il nous faut bien bien être conscients que sans leur considération nous ne serions même pas vivants... Que j'existe ou que je disparaisse, le monde continue. En revanche, si le monde change, c'est peut-être bien moi qui vais disparaître... Pire encore, à l'instar de cette constatation de Schopenhauer (plusieurs fois citée et commentée), si elle est réversible, quand l'autre s'en va, je disparais...
Oui, j'ai l'impression de reprendre toujours la même problématique par des bouts différents. C'est peut être le cas. Mais tant pis, continuons à traiter ce bout là.
Pourquoi à chacune de mes insatisfactions, voudrais-je que le monde s'adapte à mes attentes, ou à mes désirs ? La réponse, somme toute, est assez simple… c'est parce que je suis un consommateur du monde commercial qui m'entoure, celui dans lequel je baigne. Oui, je suis très bien socialisé. Je suis ce "client" bien gentil qui dépense ses sous en comptant en être heureux. C'est très bien pour le marché... Et comme il m'a été très souvent répété que le client est roi, je me comporte comme tel et j'exige que le monde s'adapte à mes désirs... Génial !
Il en va de même dans mes représentations, largement sollicitées par les médias mercantiles et la publicité : si mon désir n'est pas comblé, j'ai raté quelque chose, peut être même ma vie. Alors, comme un enfant de cinq ans, il faut que rien ne me résiste car mon désir est tout puissant.
L'enfant de cinq ans se pense comme étant le centre du monde, nous expliquait Freud. Et le monde de l'ultra-consommation compte bien sur le développement de ce sentiment pour que les caisses de quelques bénéficiaires se remplissent. Il n'y a, dans ce monde, personne ! Il n'y a que des individus dont la latitude des comportements se réduit à l'aune de la consommation.
A l'évidence, des démarches de transformation de l'environnement sont en cours, cela vaut pour son esthétique, et celle de l'ensemble du monde,. A quoi bon tenter d'assumer ou "dépasser" un détail, une incongruité, puisque tout ce qui ne me va pas n'est pas moi... Grossière erreur, je crois, en cette occurrence...
Ce n'est pas parce que nous, occidentaux, descendons culturellement des religions du livre (judaïsme, christianisme et islam) qu'il nous faut nous sentir les destinataires dédiés des fruits de l'univers. Je crois que nous n'avons pas bien compris ces textes là. Nous y reviendrons... Mais c'est à cause de ces représentations erronées, et parce que nous y sommes accompagnés, que nous nous comportons en enfants de cinq ans.
Et si nous n'étions, de fait, que de simples éléments du grand nœud de nature ? Alors tout ce qui est élément du monde, de notre univers, de l'univers, ferait partie intégrante de nous même comme nous faisons partie du "grand tout". Vouloir l’effacer serait "ne pas comprendre qui nous sommes". Pire encore, ce serait une mutilation.
Cela me fait penser à la pomme de terre qui déteste la terre, à la fleur qui déteste les abeilles, au yuka qui déteste le papillon, au poisson qui a horreur de l'eau, à l’oiseau qui rechigne au contact de l'air, etc.
Oui, toutes les hérésies, les véritables hérésies, pas les religieuses, sont des fractures dans la représentation de soi, des choses et du monde. Je me sens femme et je refuse mon corps d'homme, alors l'opération s'impose... Ah bon ? Et si tout ce qui me "fait" constituait le projet de ma vie ? Si je me coupe, si je touche aux éléments du projet, alors je passe à côté d'une transcendance, d'un quelque chose de plus grand à vivre, d'un dépassement, d'une aventure singulière. Désolé, je ne suis plus un enfant de cinq ans...
Ce n'est pas mon corps, ni mon environnement, ni les autres, ni même le monde qui doit changer, mais mon regard, ma vision, ma conception de moi, des choses et du monde. Dès lors, il m'est offert un plus à vivre ! Je pense au petit prince de Saint-Exupéry devant la rose, le renard, l'aviateur, le Roi, le vaniteux, l'ivrogne, le businessman, etc... Ce ne sont jamais les univers qui sont à changer mais le cœur à l'ouvrage et la manière de concevoir le réel.
Oui, il y a parfois, dans nos postures et nos comportements, des fractures nécessaires, que l'on se doit de considérer comme obligatoires (ou comme un réel qui s'impose). Je pense à la nécessité de donner du sens au vide, car si le mot circonscrit et délimite un morceau de réel, au delà du mot se trouve quelque chose à saisir. Mais avant de traiter de la conscience de "ça", il nous faudra d'abord regarder le réel comme il se présente et non comme on lui impose qu'il soit.
"Les lois de la nature sont celles que nous lui trouvons" disait Serge Moscovici. "la réalité est un objet pour un sujet qui le regarde. Si le sujet s'en va, l'objet disparaît" écrivait Arthur Schopenhauer (phrase à laquelle je fais allusion plus avant). "L’entendement, écrivait Emmanuel Kant, ne puise pas ses lois dans la nature mais les lui prescrit". "Les faits, écrivait Bruno Jarosson, dépendent aussi de l’observation et de ses croyances, et toute perception est liée à une intention". Le philosophe Thomas Khun nous indiquait que "Les paradigmes déterminent la façon d’élaborer les faits". C'est comme cela que nous élaborons nos rapports au réel : depuis nos représentations et certitudes.
Il est loisible d'ajouter encore, que "Le succès d’une action ne dépend pas des outils, ni des moyens, ni de la stratégie mise en œuvre, mais uniquement de l’identité que le sujet projette dans l’action". C'est ce que disait mon grand père gendarme, ancien compagnon du tour de France... Et pour terminer cette courte réflexion, voici ce que disait l'humoriste Pierre Dac dans un de ses sketchs, "L'idée que l'on se fait de la situation dépend du point de vue où l'on se place"... et tout le monde riait. Et pourtant, c'est tellement ça notre réalité... Mais qu'en ferons nous ?
Jean-Marc SAURET
Le mardi 19 novembre 2019


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos contributions enrichissent le débat.