"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Ne pas se tromper de stratégie

Il me souvient de cette histoire stupide où quatre amis échangent à la sortie d'un spectacle de théâtre amateur, quand une personne dit "Les dialogues étaient géniaux. C'était du Audiard !" Un autre, peut être à l'ego un peu plus surdimensionné, et ne connaissant pas cet auteur de dialogues (nul n'est parfait et ça n'a aucune importance), entrait dans une diatribe hautaine, indiquant, par exemple, que le statut d'auteur n'existait pas en cinéma, que cet Audiard n'était rien, et qu'on se gaussait de bêtises, etc... La diatribe durait tellement que sa compagne lui indiqua qu'elle s'agaçait de voir qu'il n'accepte jamais d'avoir tort. Loin de le calmer, cela sembla le relancer... Un autre des amis quitta la pièce et le protagoniste le suivit, continuant sa diatribe. L'ami l’arrêta d'un ton ferme en lui demandant de se taire, tout simplement. Ce qu'il fit...
Mais quelques jours plus tard, le protagoniste propagea l'idée que cet ami l'avait insulté. Prenant sa compagne à témoin, il broda une histoire où l'ami serait devenu tout rouge et l'aurait maltraité. L'ami, sur l'invitation de son épouse fortement liée à la compagne, ne releva pas et laissa tomber. 
Quelques mois plus tard, tombant sur la compagne du protagoniste, l'ami lui demanda si son interlocuteur en était toujours à cette histoire d'insulte. A son grand étonnement, la compagne redonna la même histoire que le protagoniste, en indiquant qu'elle avait vu les faits et que c'était bien ce qui s'était passé. L'ami en fut blessé et son épouse n'en croyait pas ses oreilles. Il se sentit offensé, alors qu'il savait être considéré habituellement comme une personne plutôt bienveillante et affable. 
Il tenta alors de raisonner son interlocutrice mais celle-ci partit sans entendre. Il tenta plusieurs fois de la rencontrer pour éclaircir l'événement, mais rien n'y fit, à part, peut être, de cristalliser encore davantage les choses. Ce dernier se trouva de plus accusé de malveillance et de ne pas vouloir discuter. L'ami laissa donc tomber. Cause perdue... 
Pourquoi ? Parce qu'ils étaient dans des démarches incompatibles. Alors regardons de plus près et analysons quelque peu ladite situation.
L'ami bienveillant était dans une démarche de raison, associée à une posture bienveillante. Le protagoniste et sa compagne étaient dans des démarches bien différentes : lui, d'honneur et l'autre d'amour dépendant. Il n'y a ici aucun aspect de jugement qui, en l'espèce, serait bien inutile. Il ne s'agit pas de voir si l'un ou l'autre a raison, justement, mais si les démarches sont compatibles et peuvent s'articuler.
Quand l'un en appelle à la raison, il ne rencontre pas l'autre parce que justement cet autre ne fait que défendre des intérêts, en protégeant des enjeux. Quand l'un en appelle à l'objectivité et à la réalité (bien conscient que chacun a la sienne), l'autre ne voit que ses enjeux. Pour le protagoniste, il s'agit de sortir gagnant de l'histoire, et pour sa compagne, de conserver la complicité de son compagnon. Ici, la raison et la "réalité vraie" n'ont plus rien à voir.
L’erreur commise par l'ami est de ne pas comprendre, dès le début, cette logique d'honneur et les liens de dépendances entre les partenaires en couple. Il commit une seconde erreur : celle de ne pas comprendre que la raison n'avait rien à faire dans cet échange. Il aurait mieux fait, s'il avait compris cela, de ménager une porte de sortie honorable à ses interlocuteurs. C'eût été plus judicieux. L'affaire se serait arrêtée là. Mais elle dura malheureusement plusieurs mois.
Le pire est que l'ami s'en trouva fortement affecté et souffrit suffisamment pour ne pas lâcher l'affaire. Il continuait à vouloir la résoudre pas la raison. Pendant ce temps le protagoniste et sa compagne continuaient leur diffamation rentable.
Il y avait une troisième erreur stratégique et de raison que commettait l'ami. Il était affecté par ce que ses "amis" pensaient de lui, parce que ceux-ci prodiguaient comme image négative à son endroit. Il était à son tour dépendant de l'image véhiculée sur lui, comme si c'était sa personne-même qui en était affectée (ce qui, émotionnellement, était le cas). Mais était-ce réellement ça qui se passait ?
Ce que les gens pouvaient dire de lui, ne concernait en fait que ceux qui le disaient. Il n'y a là d'enjeux que ceux-là mêmes propres aux personnes qui s'expriment. Si l'ami relevait le propos et faisait sienne cette image qui lui était attribuée, alors il lui donnait lui-même une valeur opposée à ses propres attentes. Au lieu de se réhabiliter et de se défendre, il accréditait, sans le faire exprès, l’hypothèse qu'il puisse être un "sanguin insultant".
Il se confia à moi, à propos de cette situation qui le faisait tant souffrir, et je lui rappelai alors une sentence bouddhiste : "Rien ne peut atteindre ce que je suis vraiment"
Suis-je le discours des autres ? Suis-je la reconnaissance des autres ? En effet, nous connaissons cette phrase que répond un intéressé quand on lui demande s'il est bien ceci ou cela en matière professionnelle, d'expertise ou de posture : "Les autres me reconnaissent comme tel..."
Mais au fond de soi, la personne sait qui elle est vraiment et n'a, au fond d'elle-même, aucun besoin que cette conviction soit dépendante du regard des autres, fussent-ils des amis ou des parents. On appelle cela, la force de caractère.
Ainsi, en appeler à la raison des gens est généreux et humaniste mais pas nécessairement judicieux, ni efficace... car, à l'évidence, nombre de personnes "jouent" et se comportent plus en fonction d'intérêts que de raison.
Gardons encore en mémoire que cette remarque vaut pour toutes situations, notamment conflictuelles, et que le management repose à quatre-vingt pour cent sur du relationnel. N'oublions pas non plus qu'il en est de même dans la dynamique de toutes organisations et groupes sociaux.
P.S. : A tous ceux qui douteraient du bien fondé de la démarche, qui auraient de la rancœur contre les auteurs des mensonges et des malveillances, voici deux citations qui ne me semblent pas du tout dénuées d'une certaine sagesse : 
- "Le mensonge est comme un craché en l'air, il retombe toujours sur le menteur" (Astrid Etoundi) 
- "Brandir de la colère pour punir quelqu'un, c'est comme brandir un charbon ardent pour le blesser. Vous vous blessez vous-même." (Bouddha)
Jean-Marc SAURET
Le mardi 17 septembre 2019

Lire aussi :  "D'où je parle"

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