"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Des gourmandises addictives

L'organisation sociétale est très loin de ce qu'une société humaine construit de façon ordinaire. Si l'on observe les sociétés humaines, qu'elles soient, comme on dit, archaïques ou locales, elles se vouent à donner du sens à l’existence du groupe et de chacun. Pour cela, elles posent des rites d'appartenance, de passage et de reconnaissance. 
Nous savons aussi que ce qui structure notre rapport au monde dans cette société post-moderne est le commerce. Tout se paye et tout se vend. Les temples sont les centres commerciaux, les célébrations sont les quinzaines commerciales et les périodes de soldes, les rituels sont l'achat et le paiement. 
Et qu'est-ce qui fait marcher le commerce ? L'offre et la demande, nous disent tous les enseignants en management des affaires. On comprend que cette bipolarité organisationnelle devient quasi totalitaire. Ainsi toute la préoccupation et d'orienter et contrôler ces deux pôles. Soit on développe l'offre, soit on tend à susciter la demande pour les objets déjà existants à la vente. Il n'y a pas de dons et, sous prétexte d'échanges équitables, la guerre des prix fait rage.
Mais peu de monde s'intéresse aux conséquences sociales et sociétales de tels procédés. S'il n'y a pas plus de sens à sa vie que le comblement de désirs uniquement par les objets et les services, alors nous entrons dans un cercle vicieux qui laisse vacante la question du sens, et dont la pratique ne saura même jamais combler nos désirs... pas les attentes, ni les besoins, ceux-ci sont dépassés par les désirs. Ils sont noyés dedans.
Nous sommes entrés dans les cycles infernaux de l'addiction : la perspective de jouir d'un objet ou d'un service, sans que cela ne réponde à la question de fond : "Qu'est-ce que je fait là ?", réclame toujours plus de consommation dudit objet ou service. Jouir est une perspective de plaisir, pas le plaisir lui-même. Plus on en use et plus le désir d'un objet jamais atteint grandit. C'est bien là le principe de l'addiction. 
Le "commerce" le sait bien et tente par sa communication (la publicité) de "titiller" le désir, de l'exciter jusqu'à ce qu'il grossisse en nous au point de réclamer satisfaction, c'est à dire son comblement. Il s'agit là de tenter notre gourmandise, non pas par des éléments réels, mais par des éléments symboliques tels que le sentiment, la sensation, l'émotion, le souvenir. Tous ces éléments d'appui n'ont rien à voir avec la raison, la réflexion, la philosophie de vie ou la question du sens, pourtant indispensables à bien vivre. Non, cela s'adresse à notre cerveau limbique, celui des sensations, bien loin de notre raison et de notre raison d'être.
Effectivement, la société du commerce nous installe dans des gourmandises addictives, juste pour que nous restions dans le cercle vicieux du commerce : on travaille pour gagner la monnaie d'échanges qui permettra d'obtenir les objets de nos addictions, de nos gourmandises.
Nous savons bien que nous n'en avons réellement pas "besoin", mais nous en avons envie et la publicité n'arrête pas de nous indiquer que nos désirs sont légitimes, que nos plaisirs sont "l'objet de nos vies". N'est-ce pas vrai ? Nous finissons par le croire et quand on nous demande pourquoi nous faisons ceci ou cela ou que nous dépensons pour ceci ou cela, nous nous entendons répondre : "...et si j'ai envie ?", comme s'il s'agissait d'une évidence.
Quand l'un de nous nous dit que nous devrions faire plus attention, moins fumer, moins manger sucré, gras ou salé, nous répondons de la même manière : "...et si j'ai envie ?"
Quand l'un de nous nous dit que trop rester sur les écrans nuit à notre santé, que se mettre en dépendance des réseaux sociaux, de son smartphone, dégrade notre intelligence et nos libertés, nous avons tendance à répondre : "...et si j'ai envie ?", comme si répondre à nos envies c'était ça la liberté... Dramatique illusion où les fers son confondus avec le libre arbitre. C'est comme si nous nous mettions dans la souffrance et les affres de l'esclavage en affirmant : "...et si j'ai envie ?"
Ça nous paraîtrait absurde... et c'est absurde... et c'est pourtant ce que nous faisons beaucoup. Alors, pouvons nous penser que la liberté ne serait pas dans le "...et si j'ai envie ?" mais plutôt dans l'exercice de notre libre arbitre : comprendre ce qui se passe, ce qui se trame, ce qui est là, en débattre avec nous même en regard de nos valeurs, du sens de notre vie, du sens de notre collectif, de l'humanité, et effectuer les choix en fonction d'objectifs répondants de ce sens et de nos valeurs... 
Quand l'école de Jules Ferry nous indiquait que la connaissance est le chemin vers la liberté, notre société actuelle nous invite à ne pas réfléchir ni savoir, mais à "jouir" des gourmandises addictives qu'elle nous vend.
Aurons nous le loisir de réagir, et de commencer à reconstruire un monde meilleur ? Oui, bien-sûr, puisque d'autres l'ont déjà fait et continue de le faire ici et là, jetant leurs smartphones, dé-consommant, ouvrant leurs portes, leurs relations et leurs esprits au partage, au don, à la méditation ou réflexion, et à la création. Alors, on y va ?
Jean-Marc SAURET
Le mardi 10 septembre 2019


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