"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

L’enfant et le sage

Nous avons l'habitude de regarder les enfants comme "des gens en devenir". C'est à dire comme s'il était de notre devoir de les accompagner, de leur montrer le chemin, d'éclairer leurs pas et leurs marches pour les amener sereinement à leur état d'adulte.
Quand nous regardons en arrière, notre regard dans leurs yeux, nous comprenons que le regard d'un enfant est direct et immédiat. Ce qui nous semble alors faire la différence d'avec le nôtre, c'est ce en quoi nous nous sentons obligés : la hauteur de vue que ce que nous pensons être l'intelligence de nos expériences à construire.
Nous voyons plus loin depuis plus haut. L'image que nous en avons alors est celle de la vigie, portée en haut du mat, les yeux sur l'horizon. En bas, travaillant sur le pont, les matelots attendent son annonce criée avec confiance. Il sait puisqu'il est bien positionné pour voir loin.
Les enfants nous regardent ainsi et nous questionnent. Quand ils arrêtent de le faire, soit ils partagent dès lors avec nous et nous savons qu'ils ont grandi, soit ils se coupent de nous et nous nous inquiétons. Nous nous inquiétons parce que nous somme vigie, que nous pensons que nous voyons loin, que nous comprenons ce qui se passe.
Le sage voit plus loin encore que le commun des adultes. Enfants auprès de lui, nous l'interrogeons pour obtenir un peu des résultats de son regard : un jugement, une appréciation, une vision plus haute, une conception plus élaborée, une conclusion plus structurée...
Mais pour vivre ce rapport, il nous faut reconnaître l'autre et savoir qui nous sommes dans notre relation à lui : enfant ou un sage, adulte ou enfant, ou quoi d'autre. Nous ne le saurons que si nous nous regardons ensemble, que si nous avons cette conscience de nous et de notre relation. C'est bien ce que ne fait pas l'enfant quand il se détourne et s'isole.
Peut-être se voit-il comme le monde de la consommation qui nous regarde et nous invite à être : en l'espèce un "centre du monde", ou encore, le "hub" de tout. Dès lors, celui-ci n'a pas à s'adapter, c'est le monde qui doit s'adapter à lui. L'alternative peut se résumer de la façon suivante : il y a ce qu'il a et ce qui lui manque. Ce ne sont ni des connaissances ni des compétences, mais simplement des objets. Ce sont dès lors des propriétés qui le définissent, et non pas des caractéristiques de valeurs et de capacités.
Il se pense fini, et si son rapport au monde est insatisfaisant ou difficile, il faut alors, pour lui, changer le monde. Voilà pourquoi nous nous inquiétons,... et nous avons bien raison de le faire.
Mais si l'enfant se pense inachevé, il peut se situer sur le chemin du développement. Il se retrouve alors en voie de "grandissement", et de perfectionnement. C'est dans  ces conditions, qu'il se rapproche de l'adulte, de celui qu'il pense être un référent. C'est à ce moment qu'il tente d'en acquérir le regard, la sagesse, et l'ensemble des éléments qui font sa connaissance.
"Tu vois cette plante ?" me disait le vieil Adrien, un ami de mon père. "Elle va t'enlever tes verrues... Va la cueillir !", et j'y allais, la cueillais et la lui ramenais. Pourquoi, ne pas la garder ? Parce qu'implicitement le vieil Adrien m'indiquait qu'il savait quoi en faire... et que si j'allais la chercher c'était pour m'engager à partir d' elle, avec lui... Alors que je ne savais pas encore en faire quoi que ce soit. Lui, en revanche,i le savait. En même temps, c'est tout cela qu'il me  disait par cette seule injonction...
La relation est bâtie sur la reconnaissance réciproque. Le vieil Adrien me savait affecté par toutes ces verrues sur mes mains. Il savait sa connaissance bien supérieure à la mienne, et combien elle pouvait s'avérer utile pour moi. Il le savait de par nos positions humaines respectives : j'avais une dizaine d'années et lui plusieurs multiples de dix. Si la valeur n'attend pas le nombre des années, la connaissance, elle, en dépend...sûrement !... Tout comme la connaissance de la "chélidoine" !
Nous sommes vis à vis du sage dans la même posture (et le viel Adrien en était un). Notre société consumériste ne les connaît plus mais ceux d'entre nous qui privilégient l'usage à la possession recommencent à les apercevoir.
Dans une société de l'usage, le savoir-faire et le savoir être se combinent, voire, se confondent jusqu'à l'accomplissement : le sage est celui qui sait le mieux faire quelque chose des éléments de son environnement. Il y vit et y est comme un poisson dans l'eau. Il y est en relation d'intelligence.
Si aujourd'hui nous parlons d'écologie, c'est bien parce que ce rapport ordinaire et obligatoire à l'environnement nous a quitté. C'est quand il y a longtemps que nous n'avons pas mangé que nous parlons d'avoir faim. Pas avant...
Ainsi, pour que l'enfant reconnaisse l'adulte et l'adulte reconnaisse le sage, il faut à chacun la conscience de sa relation à son environnement, à savoir que sa finalité est de s'adapter à son environnement et pas l'inverse.
Regardons un instant dans le lointain passé de l'humanité. Il y a plusieurs milliers d'années, chaque personne humaine gérait et organisait son processus vital. Elle savait récolter les plantes et les graines, les chauffer pour les meuler, en cuire la farine transformée en pâte avec un peu d'eau ou de lait. Tous et chacun savaientt le faire.
Tous et chacun savaient construire ses outils et s'en servir, se projeter sur l'avenir et donc récolter voire semer pour ça. Tous savaient construire un abri et toutes choses utiles à mieux vivre. Tous savaient l'importance d'être ensemble. Mais aujourd'hui, sans électricité ni supermarchés, en quelques jours nous mourons de faim et de froid. Sans nos Smartphones, nos PC, nos tablettes, nos véhicules à moteurs, sans toutes nos prothèses, nous sommes incapables de vivre, de survivre,... et nous hurlons de colère dès que nous les perdons, dès que nous en somme éloignés ou privés...
Voilà pourquoi nous ne savons plus reconnaître les sages comme ce vieil Adrien parti dans sa tombe avec toute la bibliothèque qu'il avait dans la tête et le cœur.
Notre société de consommation a fait de nous des dépendants, des frustrés, des handicapés du corps, de l'intelligence et de l'âme. La moindre hypothèse d'un monde facile et meilleur quelque part, nous y allons comme les papillons vers la lampe électrique qui finit par nous brûler. Hallucinogènes chimiques, idéologique ou "djihadistes" sont nos lampes électrique. Il en va de même de celles de nos papillons de frères et sœurs malvoyants de l'esprit, de l'âme et du cœur.
Pour reconnaître le sage et reprendre sa route de liberté et d'autonomie, il faudra recommencer à comprendre que nous sommes en interaction avec notre environnement, que nous somme de cet environnement, pas dépendant mais "y appartenant". Nous sommes comme chaque goutte d'eau dans l'océan !
C'est, me semble-t-il, le premier pas que nous avons à faire et à faire faire à nos proches sur le chemin de la sagesse et de la survie.
Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 24 septembre 2019




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