Le
mouvement des gilets jaune nous a révélé de nombreuses réalités
sociétales. On peut considérer comme telles le refus de la
confiscation des décisions, mais aussi le désir de solidarité,
associé au dégoût de l'ultra-consommation. Le rejet des injustices
chroniques et institutionnelles, le "ras-le-bol" du
politique, le rejet des médias dominants, participent de la même
démarche. Il nous a aussi indiqué que le jeu politique, tel
qu'il se pratique, ne convenait plus. Il est ainsi loisible de le
considérer en total décalage avec l'habitude du lien social actuel,
zappeur, émotionnel, exclusif, clivant, etc.
L'étude
sociologique de ces valeurs montantes apporte une explication à
cette mutation, et à cette évolution. Nous savons que
l'ultra-consommation, propre à la postmodernité, devient en
l'espèce sociologiquement structurante. Le modèle économique
qu'elle installe, et impose,... plus qu'elle ne le propose, invite à
des logiques d'intérêts. L'aspect "gain" semble devenu littéralement essentiel, et même premier devant
l'humain et les sentiments. C'est tellement vrai, que ce nouvel
"utilitarisme" est devenu la grille de lecture universelle.
Comment comprenons nous les évolutions du monde, sinon au filtre des
gains possibles et réels ?... Comme si nous tenions là le moteur
universel, bien que, parfois, nous nous en défendions !
Que
faisons nous là ? Quel but à nos vies ? Quelle finalité à cette
société ? La question de la raison d'être fait surface. Elle est
même dominante, et les organisations qui négligent cette dimension
dans leur management se retrouvent très vite en dysfonctionnement,
voire hors service, sinon inopérantes.
Voilà
pourquoi nous assistons à ces comportements de gouvernants qui
veulent aller très vite sans débat, juste parce qu'ils pensent
savoir ce qui est logique, … même si, au final, ce n'est pas
véritablement très bon. Voilà pourquoi "les gens"
freinent des quatre fers et réclament des explications, du sens, du
débat ! Débats qu'ils ont ouvert, que vous le vouliez ou non, que
vous en vouliez ou pas. Ils l'ont ouvert et la réponse qu'ils en
attendent est devenue le point de passage obligé.
Comme
ce n'est pas la réponse qui est apportée, les gens rejettent les
politiques et leurs formes de débats qu'ils jugent inutiles et
coûteux (puisqu'on leur rebat les oreilles en termes d'économie).
De leurs côtés, les politiques, cette population des "sachants",
ne débattent pas vraiment mais tentent d'imposer leurs stratégies,
leurs intentions d'action. Entre eux, car nous sommes bien dans le
domaine de "l'entre soi", il ne s'agit pas de recherche de
la vérité, ni de l'étude d'une morale sociétale, et pas davantage
de solutions idoines… Non ! Il s'agit exclusivement de
pouvoir faire ce qu'ils ont décidé. Il ne parlent plus de
débattre, mais d'expliquer, de convaincre. Voilà tout l'objectif de
la politique...
De
fait, plus personne ne s'écoute, plus personne n'entend l'autre ni
n'accueille son propos. Il s'agit, bien au contraire, de faire taire
le discours différent ou d'opposition, de le noyer dans un propos
reconstruit, lequel induit la vision justificatrice (pas forcément
la vision réelle qui les anime).
Alors,
pour le malheur de toutes et de tous, le débat politique devient un
affrontement d'ego, où chacune et chacun veut justifier ses points
de vue, déconstruire et dénigrer le discours de l'autre, détruire
et décrédibiliser son image afin que définitivement, il se taise.
Les limites en quelque sorte de la dialectique. Car là, tous les
coups sont permis.
Quand
Chantal Jouanno a voulu cadrer autrement le "Grand débat"
que proposait le président, le gouvernement a diffusé sa fiche de
paie, sachant très bien l'effet que cette diffusion allait
produire sur sa personne. Elle n'était plus audible... Quand
Jean-Luc Mélenchon devint l'opposant politique majeur à ce
gouvernement, et donc un opposant bien plus dangereux que le
facilement "caricaturable" RN, alors il devint une cible.
C'est ainsi que furent lancées les perquisitions abusives juste dans
l'espoir de voir la cible "péter un câble". Ce qu'elle
fit. Il suffisait alors de surfer sur le "pétage de plomb"
dudit Mélenchon et la messe était dite.
Oui,
il n'y a plus de débat politique, il n'y a plus que des stratégies
de combats d’ego, de gestion d'images, de publicités et autres
contre-publicités permanentes.
C'est
ce qui a amené à légiférer pour la maîtrise de ces
images, pour la capacité à les manipuler tout en empêchant
l’adversaire d'avoir la main, comme on dit. Ainsi apparurent la loi
contre les Fake News, le projet de loi contre le caractère insultant
des informations, les gardes à vue abusives et abandonnées en
silence, les convocations de journaliste
contre la sécurité des sources, etc.Mais aussi, voici 'apparition d'une "novlangue" d'Etat qui affirme que la répression est la paix, que la violence est la sécurité, que les contraintes sont la liberté... Le totalitarisme prédit par Aldous Leonard Huxley est "En Marche".
Jean-Marc SAURET
Le mardi 25 juin 2019
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