"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

La philosophie de la Nouvelle Auberge

J'ai l'habitude de continuer en privé des échanges autour de mes publications, notamment avec l'un de mes frères, Alain, qui vit depuis longtemps aux Etats Unis, en Pennsylvanie avec toute sa grande famille. La richesse de nos échanges de fait me nourrit. Il y a toujours un élargissement du propos vers de nouvelles réalités... Alors, il y a quelques temps, à ce propos, je lui proposais ceci :  "C'est bien mieux que l’auberge espagnole où l'on mange ce que l'on apporte, c'est la Nouvelle Auberge, là où l'on partage tout ce que l'on apporte". A partir de là, l'idée me vint alors que ce concept avait peut être le mérite d'être développé et partagé. Il y a dans celui de l'auberge espagnole quelque chose de l'usage personnel du bien d'un autre. L'aubergiste, qui, en l'espèce offre le gîte, tire un bénéfice de la vente complémentaire de vin et de boissons chaudes. Mais, dans ces conditions, chacun ne mange que ce qu'il a et ça peut parfois être un peu juste.
Mais, il y a des champs où le partage est nourricier et nourrissant. Il me semble que ces champs là sont bien nombreux et mal valorisés comme s'ils étaient secondaire. Il est tout à fait vrai que ce concept est totalement hors de la pratique de notre société libérale, et pourtant... Je pense à toutes ces collaborations qui font la nouvelle dynamique des "alternants culturels", ceux-là même qui "fonctionnent" en réseau. Ces réseaux, justement, ou chacun profite des talents de chacun, où la confrontation apporte plus de richesse aux projets partagés, et co-construits.
Nous nous souvenons de l'expression "faire commerce de ses idées". Il ne s'agit pas là de les vendre ou de les mettre à l'étalage, mais bien de les faire circuler et de voir comment elles s'enrichissent des rencontres, des événements, du frottement avec le réel et de la réalité des autres. C'est bien ce qui se passe matériellement dans les "FabLab" et conceptuellement dans les "think tank" (pourvu qu'ils ne soient pas à la solde de quelques intérêts). Il y a là matière à l'augmentation des richesses, des intelligences, et de la créativité...
Il me revient une toute autre histoire où le principe de la Nouvelle Auberge est totalement absent. Je félicitais, sur la toile, une personne témoignant de prises de risque qu'elle avait faite dans un souci de liberté et d'autonomie. Une autre personne me demandait alors sur le même support de raconter un peu de ma vie. Je lui faisais remarquer que le web était la rue et qu'on ne s'y racontait pas impunément, et que d'ailleurs si on le faisait, ce n'était que pour deux raisons : soit pour défendre une cause, soit par orgueil. 
La personne insistait avec une bonne dose de provocation, à la limite de la vulgarité. Je compris alors que cette dernière ne venait pas "partager" quelque chose mais venait "consommer" l'autre et son histoire comme une gourmandise. Quelque chose de l'ordre du voyeurisme semblait l'occuper, la pousser. Je vivais alors la sensation d'être pour elle un objet de consommation. un objet, donc, dont elle pensait pouvoir jouir à satiété. Un peu comme si ce dont elle me pensait détenteur saurait la rassasier. Elle me demandait de fait de me mettre en pâture.
Je trouvais la posture gênante et indécente. Je pensais alors à ces personnes qui se voient dans le regard et les comportements d'un autre comme une proie, susceptible de générer, à la limite, de la concupiscence. Il y a donc là quelque chose de l'ordre de la consommation mais assurément rien qui soit de l'ordre du partage.
Il m'a semblé aussi voir là une "maladie" de notre civilisation : la voracité et la consommation, quelque chose qui s'apparenterait à de la dévoration. Ceci me renvoie à ces maladies actuelles que sont les cancers, l'anorexie et l'obésité, toutes des pathologies de la dévoration et que l'on peut considérer à l'aune de la distribution des rôles du triangle de Karpman : la victime, le sauveur et le bourreau.
Alors, si l'on pouvait faire un choix de société à ce stade là, j'imagine bien que tout un chacun choisirait le principe de la Nouvelle Auberge. Celle où chacun, justement, apporte ce qu'il a, mais plus que le mettre dans le pot commun, il l'échange, le confronte ou le conforte au contact d'apports de l'un ou l'autre. Il partage ainsi la jouissance d'un apport  ainsi augmenté. Il se créera alors une véritable "valeur ajoutée".
Comme dit le poète, "L'amitié croit dans le partage". Le sage ne dit pas autre chose quand il affirme que "la connaissance augmente quand on la partage". Décidément, nos biens partagés s'avèrent de véritables richesses, car ils sont augmentés du rapport aux apports des autres. 
Il me revient cette historiette d'enfants à l'école lors de la seconde guerre mondiale. Au moment du goûter, aucun n'avaient de quoi se satisfaire. L'un avait un morceau de pain, un autre une tomate, un troisième une cuillerée d'huile d'olive et le dernier une gousse d'ail et une pincée de sel. Si chacun restait dans son coin, aucun d'eux ne pouvait se trouver satisfait. Mais ils ont partagé et mis en commun leurs richesses et, à partir de là, firent quatre tartines de pain à l'ail et à la tomate, comme on s'en régale dans le sud.
L'intelligence et le bon sens nous invitent donc à développer ce concept de la Nouvelle Auberge. Le futur de nos sociétés en dépend très certainement. Mais au delà de cela, sachons que la posture utilitariste nous est défavorable. Elle nous invite dans un "finalisme" qui polarise notre attention sur un gain, un résultat "à terme" et non sur le chemin du partage. C'est là, la première raison de l'échec. Il faut alors à nouveau penser à lâcher prise tout d'abord, et ensuite "pratiquer"... Le "bien" arrive de surcroît !

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