"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Les institutions innovent-elles ? Certainement pas...

Il m'est souvent arrivé d'être sollicité par des dirigeants d'institutions, d'organisations et grandes entreprises, à propos de l'innovation, de ses processus, trucs et astuces. Il est clair que, face à leur exigence de survie, ces dirigeants là souhaitaient en "faire leur miel" pour en faire "leur beurre"... Le souci est que ce chemin là est impossible. Pourquoi ?
La caractéristique d'une organisation est de pérenniser, de maintenir, de rendre stable son projet et sa démarche pour y parvenir. On y parle de stratégie, de plan d'action, de processus et de déroulés. L'organisation tend à s'institutionnaliser, c'est à dire à se stabiliser par le cadre (statut, conventions, règlements, etc.) et par la procédure. Rien de sa démarche n'est à même d'envisager la rupture, car l’innovation EST une rupture. L'organisation n'est donc, par essence, pas innovante.
Mais alors, comment innovent-elles ? En fait, elles n'innovent pas. Ce sont ses acteurs qui le font et ils le font à titre individuel et personnel. Quand, par exemple, un fils de patron crée un changement, voire un chamboulement, c'est à titre personnel. Je pense à Ricardo Semler qui reprend dans les années 80 la société SEMCO que lui lègue son père, parti autour du monde sur son bateau. Le jeune Ricardo va tenter de mettre en oeuvre l'ensemble de ses idées organisationnelles. Elles ne vont pas marcher du tout et il se confrontera a de très fortes résistances, aussi bien ouvertes que larvées. Il fera quatre infarctus durant cette période. Forcé par son médecin de déléguer pour survivre, il découvrira les vertus de cette manière de faire et il en fera alors sa règle de management. Dès lors, tout va vraiment fonctionner.
Cette histoire illustre tous les principes du changement :
- C'est l'individu qui innove, pas l'institution. 
- On n'innove pas par décret mais par pratique, par l'expérience. 
- L'innovation ne tient à aucun processus, idéologie, technique, mais à l'humanité et au pragmatisme d'une personne qui s'engage. 
- L'innovation n'est pas rationnelle, elle "dépasse" et emporte la personne qui la pose.
- On ne résiste pas au changement mais à son management
Les chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) ont constaté que plus de 90 pour cent des innovations viennent des opérateurs de terrain, pas des dirigeants.
Nous avons aussi remarqué que l'innovation provient d'un frottement entre un mode de faire "institutionnalisé" et les insatisfactions des praticiens. Le processus existant devient bientôt inadapté, il est jugé peu efficace, voire obsolète. Alors, une personne transgresse la règle et produit autrement. 
La première réaction est la condamnation du transgresseur, accompagnée de la critique de sa pratique et de la justification du processus originel. 
Puis le nouveau mode de faire montre ses résultats. Dès lors, la nouvelle pratique est donnée par les praticiens comme meilleure, plus juste ou plus efficace. Alors les praticiens s'en emparent et la mettent en oeuvre. 
Ensuite, la direction reconnaît la nouvelle pratique comme étant juste et efficace et s'engage à la faire mettre en pratique par tous, s'attribuant ainsi l'initiative de l'innovation. La direction reprend ainsi le pouvoir et pérennise de cette façon l'institution...
C'est ainsi que les choses se passent. Il m'est arrivé d'assister à un séminaire de direction où les participants réfléchissaient à initier quelques changement et innovations. Il ne se passait rien de nouveau, juste quelques aménagements de l'existant. Il apparaissait alors évident que les dirigeants ne souhaitaient pas "renverser la table", mais développer du changement dans la continuité de l'existant. De fait, rien ne sortait du séminaire qui s'est clos par une pale et mièvre allocution du dirigeant principal pour dire que l'entreprise continuait d'avancer...
A ce stade de notre publication, il ne manque, me semble-t-il, qu'un point saillant : il n'y a pas d'innovation sans transgression, comme le commentait Michel Munzenhuter, directeur général de SEW Usocome France, une entreprise dite libérée : "L'innovation est une désobéissance qui a réussi".
"Voilà trois millions d'années, déclarait Pascal Picq, éthnoantropologue, que l'être humain innove et progresse sans stratégie, sans organisation, juste parce qu'il a envie de vivre". L'innovation est ainsi un processus pragmatique en contact direct avec les réalités de terrain, environnementales. 
Alors, si l'on regarde notre société actuelle, que constatons nous ? ...Qu'elle est institutionnalisée, et que le mode de gouvernance est inscrit de manière "indérogatable". Tout cela par le fait d'une réalisation qui a institutionnalisé son action, sa finalité, sa vie, et ceci jusqu'à ses modes de contrôle et de changement. Elle ne peut donc pas se réformer, juste s'amender à la marge. C'est ce que nous constatons face à l'événement des Gilets Jaunes. 
Soit nous voulons sortir de la "crise*", en souhaitant donc revenir en arrière, dans le mode de fonctionnement précédent, huilé, structuré, organisé, "stable"... ou alors nous souhaitons dépasser les blocages et résoudre les dysfonctionnements. Dès lors il ne s'agit plus d'une crise mais d'une mutation, d'un changement. Pour cela, il nous faut transgresser ou regarder avec considération la transgression de ceux, ces "quelques-uns", qui montrent que ça peut marcher autrement.
Voilà pourquoi nous devrons revoir la constitution et repenser un peuple constituant, cher à Etienne Chouard. En d'autres termes, penser un RIC, et ainsi expérimenter une nouvelle démocratie réelle, etc. Voilà pourquoi les tenants (bénéficiaires ou profiteurs) de l'ancien monde ne peuvent même pas concevoir l'hypothèse de ces changements. Ils sont les garants de l'institution.
Alors, si nous voulons un monde meilleur, il nous faudra transgresser et montrer par l'exemple que ça marche. Et même si nombre d'exemples historiques, comme lors de la guerre d’Espagne ou à l'occasion d'autres conflits qui nous ont précédés,... le combat n'est donc pas fini. Il ne fait que commencer.

* Une crise est un moment paroxystique de dysfonctionnement, du à des causes endogènes ou exogènes qu'il conviendra de traiter pour revenir au mode normal, c'est à dire initial. Le terme vient du monde médical et l'on pense à la crise d'asthme, celle d'épilepsie et autres.
Jean-Marc SAURET
Le mardi 28 mai 2019

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