"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Sommes nous des grenouilles dans l'eau chaude ?

Les gens sont dans la rue tous les week-ends depuis des mois. Sur cela, mon propos sera ici de "faire ressentir" plus que de démontrer une réalité et quelques éléments majeurs. Je m'adresse donc davantage à nos intelligences émotionnelles et symboliques. Alors, aujourd'hui, le ton va être direct, voire cru, de manière à mieux donner à ressentir ce que les gens, victimes de ce système, vivent. C'est peut être vous même. Ce propos n'est pas seulement le mien. Il est aussi celui du sociologue américain Noam Chomski  dans son "Requiem for the American Dream" (et de bien d'autres auteurs encore). Je partage cette analyse sur l'évolution des gouvernements libéraux et de leurs politiques qui se trouvent parfois porter contre leurs propres peuples. J'ai donc posé mon regard de cette manière sur nous-même. Encore pardon pour le ton. Mais vous me direz...
Alors revenons à cet Etat français actuel et à son gouvernement. Par sa police, il éborgne, il arrache des mains, il tue. Les "gens de main" de ce gouvernement tabassent, trichent, brassent des millions sales, sans jamais être inquiétés. Et les dirigeants se plaignent. "Je ne veux pas entendre les mots de violences policières. Ça n'existe pas !" déclarait le président lors d'une de ses longues conférences qu'il nommait "grand débat".
Pourquoi une telle attitude si noire, obscure et quasi cléricale ? Parce que la religion libérale de la croissance, profitable à son seul clergé, nous embarque dans une nouvelle catholicité avec ses anathèmes, ses excommunications et son inquisition*. Ses bannissements cadenassent les médias où se déroulent les liturgies à la gloire du Saint Profit, du "dieu Fric", selon l'expression d'Alex Zanotelli. 
"Hors du libéralisme, point de salut !" nous dit le dogme. Voilà pourquoi les réactions sont totalitaires. C'est l'obscurantisme de la foi dans les dogmes libéraux qui excommunie et condamne non seulement ceux qui critiquent et s'opposent, mais aussi ceux qui doutent. Ainsi, les tenants du Frexit sont forcément d'extrême droite, et le prochain combat européen doit forcément voir l'affrontement du bien libéral contre le mal de l'extrême. Tout le reste n'existe pas...
Les médias "mainstream" ne diffusent d'information qu'en faveur, ou "en publicitaires", du pouvoir en place, de ses forces, de ses saints prêtres et représentants.  Les réseaux sociaux, véhicules de l'axe du mal, et quelques médias indépendants "protestants" sur la toile, diffusent des vidéos prises lors des manifestations et autres événements relayés par des journalistes indépendants. Ces médias là parlent, et parlent fort même. Les faits sont têtus et ils sont affichés. 
Pendant ce temps, le gouvernement les nie parce qu’apocryphes, les déforme même et leur fait des procès en sorcellerie**. Les supporters font la génuflexion et se signent. Les médias relaient le discours canonique et officiel, parce qu'ils sont ces "sanctuaires", propriétés des plus riches qui ont mis à la présidence ce prélat (qui a fait les saintes études, quoi qu'avec grande difficultés) à coup de millions d'euros aux origines incertaines. Mais voilà, "les premiers de cordée, ce ne sont pas ceux qui traînent les autres, mais ce sont ceux qui les écrasent pour s’élever", nous dit Serge Latouche ***.
Les personnes qui dénoncent ces pratiques, des énarques "apostats", des syndicalistes policiers, des journalistes indépendants, sont victimes de l'inquisition : Ils sont fouillés dans leur passé, accusés de détails mineurs transformés en "symptômes" d’incompétence, de mauvaise personne, extrême droitière, xénophobe, pédophile, antisémite, homophobe, etc. Ces "péchés"  sont transformés en "affaires". Certains de ces "hérétiques" sont ainsi traînés dans la boue, salis, moqués, mis au pilori. Pendant ce temps, dans la rue, des manifestants sont fouillés jusqu'à l'intime, arrêtés et condamnés en comparution immédiates sans qu'eux-même ne sachent de quoi on les accuse. Je repense à "la colonie pénitentiaire" de Franz Kafka (1914) où les accusés, couchés sur la machine à torturer, se voyaient gravé dans leur chair le motif de leur délit et ne le comprenaient qu'au moment où la machine les embrochait définitivement.
Ici, ils sont enfermé sans boire ni manger, dans des conditions d'hygiène déplorables, sans contact avec personne ou un quelconque avocat, lequel, s'il est commis d'office, ne peut avoir accès à eux. On dirait qu'ils ont perdu leur statut d'humains. Pendant ce temps, aucun des saints-responsables des mains arrachées, des yeux crevés, de crânes fracturés, de la mort d'une vieille dame à sa fenêtre, n'est jugé... car ils sont là pour servir le bien. Aucune affaire confiéee à l'IGPN n'aboutit, voire n'est même pas ouverte. Il est impossible pour les victimes de porter plainte. La plainte est miraculeusement irrecevable, ou bien il est trop tard, ou ce n'est pas le bon endroit, etc.
Jusqu'à quand accepterons nous ce comportement "clérical", voire sectaire, que nous aurions condamné, il y a vingt ans, comme fasciste et totalitaire ? Nous sommes comme ces grenouilles que l'on met dans une casserole d'eau et la casserole sur le feu. La température d'eau monte lentement, jusqu'à ce que les grenouilles cuisent sans qu'aucune ne se soit sauvée...
Oui, nous sommes dans un chaos et nombreux sont ceux qui se demandent si nous allons pouvoir nous en sortir. Le chemin est si étroit, les violences et les vents contraires si forts, que rien ne laisse présager de jours meilleurs à venir. 
Seulement voilà, c'est souvent du chaos que naît le progrès. C'est effectivement le cas en matière de thermodynamique. En sociologie, on constate qu'aucune guerre n'a mené vers un monde meilleur. Mais on sait les révolutions avoir laissé "la trace de possibles" que les temps qui ont suivi on mis à profit. Je pense à l'après commune de Paris, ainsi qu'aux temps qui ont suivi mai 68.
Ces temps ont émergé. Ils ont été mis à profit parce que les temps de chaos ont semé des éléments prometteurs. Ainsi, aujourd'hui, sur les ronds points, depuis plusieurs mois, lesdits "Gilets Jaunes" expérimentent la solidarité et l'amitié, le respect réciproque, ce brin d'humanité auquel tant d'entre eux (et d'entre nous) aspirent et auquel ils s'adonnent. Ils expérimentent ce monde qu'ils espèrent et dont ils sont privés. Non seulement ce monde là laisse des traces indélébiles, mais les chemins pour y parvenir se montrent clairement et se révèlent faciles dans l'adversité.
Près du rond point de Saint Witz (95), des gens ont incendié la cabane des gilets jaunes. C’était, selon eux-même, un lieu de fraternité, de rencontres et de partages. Qui cela pouvait-il bien gêner ? Elle était sur un terrain privé prêté par un sympathisant du mouvement. Ils ont promis de la reconstruire car l'amitié et la fraternité ne peut pas céder, ni mourir.
Mais le matraquage médiatique sur des angles de vue mensongers (je pense à l'événement de la Pitié-Salpêtrière), l'occultation d'informations (comme la "chauffardise" du chauffeur de Macron), l'affichage d'une justice à deux vitesses (les comparutions immédiates de gilets jaunes, les gardes a vue abusives, l'absence de traitement des cas de violences policières pourtant dénoncées par les institutions internationales, le refus de dépôt de plaintes devenus habituels dans les commissariats voire réprimés, etc.) créent un climat de colère et de désespoir, et pour certains, une accoutumance à ce totalitarisme. L'habitude d'être les perdants du système, font se taire nombre de personnes. Pour autant, le feu couve et ne s'éteint pas...
L'état le sait et on le voit développer une politique de terreur. Les menaces de répressions radicales et fausses annonces de violences de circonstances par les responsables gouvernementaux, et autres ministres, renforcent chez les victimes ce sentiment d'être des perdants chroniques. Pour ceux-là, le risque est fort de voir apparaître le syndrome de la grenouille dans l'eau chaude. On s'habitue à faire le dos rond, mais on ne s’habitue pas à l'injustice. On ne s'habitue pas à la violence. On les supporte... un temps seulement. 
Et puis, vient le temps du surgissement, et là, le basculement devient irrépressible. On appelle ça "la révolution". Dès lors, les combattants ont pris le chemin de leur propre salut. Comme le disait Louise Michel à propos de la commune de Paris : "Cinq minutes avant, cela paraissait totalement improbable. Cinq minutes après, cela paraissait totalement évident." Ainsi vont les choses...


Voir :  "Comment réenchanter le monde - La décroissance et le sacré", Serge Latouche, Rivages, 2019.  
** Voir : "Les liturgies politiques", Claude Rivière, PUF, Paris 1992.
*** Voir : "l'Invention de l'économie", Serge Latouche, Albin Michel, Paris 2005 
Jean-Marc SAURET
Le mardi 14 mai 2019

Voir aussi cette vidéo d'entretien entre les journalistes (cinéaste et auteurs) Denis Robert et Antoine Peillon qui se termine par ces mots "Nous voyons émerger une humanité nouvelle"...et Antoine Peillon d'ajouter "Maintenant, nous sommes dans la lumière et nous essayons de porter la flamme d'une chandelle". A suivre !


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