"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

L'intuition est-elle une voie réelle de connaissance ?

Nous sommes habitués à penser, depuis le siècle des lumières, que la raison est libératrice de l'ignorance. Certes, nous ne nous trompons pas. Mais est-ce la seule démarche vers la connaissance ? Bien sûr, nous vérifions "tout ce qui nous semble" par la raison, la réflexion et les mathématiques. Effectivement cette démarche nous aide, nous conforte, voire nous corrige, et nous rassure. Cependant, nous avons tous vécu ce type de moment où, en voiture à la recherche de son chemin, nous pensions qu'il serait bon de tourner à droite et, en réfléchissant, à force de déductions, nous tournons à gauche. Les faits sont têtus et nous réalisons in fine qu'il aurait mieux valu tourner effectivement à droite comme nous l'avions "ressenti".
Cette petite saynète, que nous avons tous vécue un jour ou l'autre, d'une manière ou d'une autre, nous rappelle à notre intuition. Certes, rien dans la raison nous indique qu'il est juste et raisonnable de la suivre. Notre rationalité tend plutôt à nous en préserver. Le monde occidental, nous l'avons déjà vu et évoqué à plusieurs endroits, repose sur la rationalité, la physique newtonienne, la gestion pratique sous la stricte férule du chiffre. Nombre de sociétés dites archaïques et que nous qualifions plus pudiquement de "premières", fonctionnent de manière tout à fait différente. 
Nous avons déjà vu qu'en la matière, ces cultures là pratiquent la pensée systémique de manière ancestrale, alors que la notre, occidentale, est enfermée dans les listes et la collection d'objets juxtaposés. Nous avions vu, et c'est notre "histoire", que cela venait de notre culture du livre. C'est ainsi que, dans notre cosmogonie (ou représentation fondamentale), l'homme, en regard de la création du monde, constitue la finalité de l'univers. Ici, le monde est notre jardin, et nous le "consommons" à qui mieux mieux jusqu'à l'épuisement, puisqu'il est là pour nous. Aujourd'hui nous corrigeons notre approche et commençons à user abondamment de la pensée systémique comme s'il s'agissait d'une "découverte extraordinaire"... Tout est interdépendant dans ce bas-monde !
Les sociétés dites premières ont à cet effet, développé à l'évidence, l'approche intuitive. Comme nous l'avons vu précédemment, ces populations sont bien plus nombreuses que celles du livre, que l'on qualifiera "d'occidentales". Il est utile aussi de considérer ces civilisations anciennes sous l'angle historique. Pour certaines, nous connaissons encore des éléments de leurs philosophies. Je pense à l’hindouisme, au bouddhisme, au taoïsme, au confucianisme et nombre de leurs écoles ou courants dérivés.
Là, la place de l'intuition est dominante. Il me revient cette historiette bien ancienne qui m'avait été rapportée il y a si longtemps que je n'en ai pas conservé les références. Un mathématicien de renom vient, à la fin du dix-neuvième siècle, rencontrer un sage yogi. Il lui pose la question suivante relative à l'espace infini : "Si je jette une pierre avec une force infinie, où va-t-elle?". le sage se mit en méditation et lui répondit : "Dans ma main". Le mathématicien lui sourit, incrédule, et le sage lui sourit aussi, compassionnellement. 
Il fallut attendre quelques années encore pour que la science occidentale comprenne que l'espace était courbe. Le sage le savait-il ou pas ? L'avait-il "intuité" ? Le fait est qu'il donna la bonne réponse pour un physicien d'aujourd'hui.
Par ailleurs, les chamanes, particulièrement présents dans ces sociétés dites premières, fondent leurs approches et leur science sur l'intuition. On peut ne pas y croire et considérer leur-dite "science" comme charlatanesque, ou comme faisant fausse route puisque non rationnelles. C'est ainsi que notre socle de pensée, notre "sacré", nous empêche de considérer cet autre type de démarche comme "crédible" ou efficiente. "Raisonnablement, ça ne tient pas la route, c'est hors sol !", dirions nous. 
Le fait est que ce type d'approche fonctionne depuis des millénaires et commence à être particulièrement considéré, voire étudié, dans notre culture actuelle. Il me souvient de la série d'ouvrages de l'ethnologue américain, Carlos Castaneda, qui, pour étudier la culture chamanique du peyotl chez les indiens Yaki, accepta d'être initié par un chamane, Don Juan. Ce fut une première percée efficiente de cette culture ancestrale dans la notre, et un réel bousculement.
Dès lors, puisque l'ethnologie lui offrait un angle de considération, cette culture devenait digne d'intérêt. Il est loisible d'affirmer, maintenant, que cette-dite culture est fondée sur l'accès direct à la connaissance, via la consommation d'un cactus particulier et hallucinogène, ledit peyotl. Notre première réaction est de supposer que, puisqu'il s'agit, comme viatique, de l'usage d'un hallucinogène, les résultats ne peuvent être que délirants. 
Mais pourrions nous nous poser la question autrement, à savoir : Y aurait-il un possible lien direct à la connaissance ? Nous savons que nos sens ne sont capables de ne capter que moins de trois pour cent du spectre ondulatoire du monde qui nous entoure. C'est à dire que notre perception du monde se réduit à moins de trois pour cent de ce qu'est le monde. Dans ces conditions, et avec ce tout petit angle de vue, comment pourrions nous prétendre connaitre et décrire ledit monde ? N'y aurait-il pas d'autres voies de la connaissance, peut être plus directes ou plus larges, voire plus globales ?
L'intuition ne se résume pas à deviner la couleur de cartons enfermés dans des enveloppes (c'est ce à quoi s'exercent les étudiants de l'école de l'intuition de Lausanne). Nombre de chercheurs sur le sujet disposent de la même pratique. Elle recense l'ensemble des prémonitions, et autres ressentis. Il existe des personnes qui vivent avec ce "don". On a tendance abusivement à les qualifier de médiums. On les nomme aujourd'hui des "hypersensibles", comme si leur contact avec une autre forme de réel, ou le "passage" par d'autres voies que celles au présumé "réel", dépendait d'une capacité sensorielle.
Que nous disent les "cultures de l'intuition" ? Que cette capacité est le propre de tout un chacun et qu'elle se travaille comme la mémoire ou les capacités physiques et musculaires. Matthieu Ricard, le plus célèbre des méditants bouddhistes de ce côté-ci du monde, dit la même chose à propos de la méditation : c'est une pratique mentale qui se travaille, et elle est accessible à tous.
Les chamanes nous indiquent, par delà leurs explications cosmogoniques qui ne sont pas le cœur de notre sujet, mais l'environnement de leurs représentations, que l'intuition est la voie de la connaissance. Elle constitue aussi un l'accès direct aux réalités qui nous sont cachées. Serait-ce alors voir, entendre, ressentir, au delà des moins de trois pour cent du spectre ondulatoire du monde ? ... Peut être. On peut le voir ainsi. C'est du moins ce que l'on pourrait déduire de leurs propos.
Ce que nous savons également, c'est que cette approche est hors des clous de la rationalité et que ses praticiens ne la démontrent pas, mais la pratiquent, la racontent et la font expérimenter. Je vais donc suivre leurs pas et vous raconter quelques anecdotes qui m'ont interpellé. 
Quand j'étais adolescent, avec les copains et les copines de notre bande, nous nous amusions, un jour de pluie, à nous tirer les cartes sans en avoir ni la pratique, ni les rudiments, ni même un embryon de "science" ou de règles. C'était un jeu. Une vieille dame était avec nous ce jour là (elle devait alors avoir à peu près mon âge actuel...). Elle  me demanda si je pouvais lui tirer les cartes. Sans rechigner et avec gratitude, je me lançais. De toute manière je n'avais rien d'autre à faire. Il pleuvait.
Je lui racontais alors son "prétendu" passé que les cartes semblaient me dicter. Je ne réfléchissais à rien, et me laissais porter sans retenue ni contrôle. Au bout de plusieurs minutes de cet exercice sous forme de jeu, la dame se mit à pleurer. Je venais de réellement raconter sa vie compliquée et chaotique.
Dans la même période, je devais avoir dans les seize ou dix-sept ans, alors que je faisais du stop, un fourgon conduit par une famille de manouches, s’arrêta et me prit en charge. Nous discutâmes de tout et de rien, ma guitare en bandoulière faisant office de lien social. Et puis je leur racontai mon histoire avec la vieille dame. Le chauffeur me dit alors : "Vous, les gadjii (les non-manouches), vous êtes tous les mêmes. Vous faites des trucs ordinaires et vous les trouvez extraordinaires. Chez nous, tous les gamins sont comme ça...". Je sais aujourd'hui qu'il ont cette particularité d'appartenir à une culture de l'intuition.
Pendant les années trente, mon père était subdivisionnaire des ponts et chaussées dans un petit village du lot, aujourd'hui très connu pour la consonance singulière du nom. Le médecin du village et mon père étaient les seuls à y avoir une voiture. Un soir l'épouse du médecin vint toquer à sa porte le suppliant de l'aider car son mari était parti soigner dans un village à côté et n'était toujours pas rentré.
- Quand est-il parti demanda mon père ?
- Il y a un quart d'heure !
- Mais il faut dix minutes pour s'y rendre. Installez vous, nous allons attendre ensemble.
L'épouse n'arrivait pas à se départir de son angoisse. Une heure plus tard environ, mon père décidait de l'amener audit village avec sa voiture. A l'entrée de celui-ci la voiture du médecin était encastré dans un arbre. Je ne me souviens pas si l'histoire disait qu'il était décédé ou grièvement blessé. Le fait est qu'au moment où le médecin eut l'accident, son épouse éprouva une frayeur qui l'amena chez mon père.
Je termine par cette vieille histoire que m'avait rapporté aussi mon vieux père. Il s'agit d'un soldat combattant en Indochine. Dans son campement, régulièrement une sentinelle, postée à un endroit toujours le même disparaissait. Un jour, ou plutôt une nuit, ce fut le tour de ce militaire appelé de monter cette garde. Dans la nuit noire du Tonkin, il vit comme deux lumières au loin et fit les sommations d'usage et au lieu de tirer en l'air avec son fusil, il tira en direction des lumières, qui s'éteignirent. Au petit matin, il découvrit un tigre mort à ses pieds. Les lumières étaient très certainement celles de ses yeux.
Plus tard, rentré chez lui, sa mère lui demanda ce qui était arrivé un certain soir, en fait le soir de sa garde. Il lui raconta et sa mère de lui dire : "Cette nuit là, j'ai vu du sang et je me suis mise à prier pour toi". 
Alors, maintenant, à vous de voir... ou de "juger".
Jean-Marc SAURET
Le mardi 7 mai 2019

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