"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Pensée normale et pensée normée

Le psychiatre Christophe André, celui qui introduisit la méditation de pleine conscience dans le traitement du stress, de la dépression et de ses récidives, posa récemment cette question de fond : "Qu'en est-il des personnes dites hypersensibles dans notre société hyposensible ? Comment s'en débrouillent-elles ?".
Il posait là la question de l'opposition entre ces deux stratégies de gestion du réel, de ce monde environnant, mais il posait aussi la question de la normalité. Est-ce la société hyposensible ou les comportements hypersensibles qui sont normaux et /ou majoritaires. Le nombre fait-il la normalité ? Y-a-t-il quelque chose de "génétique", d'inné, de fondamental ou de "sacré" dans l'une ou l'autre posture ?
C'est toute cette problématique que posait aussi Christophe André. Comment peut-on y répondre ?
Selon lui, l'hypersensibilité ne serait que la réponse ordinaire et salutaire à une exigence sociétale d'hyposensiblité.
Je vais donc tenter de le suivre sur ce chemin, tout en partant de l'analyse factuelle de l'une et de l'autre posture. Nous verrons ensuite ce que cela donne...
Ce qui semble vrai a priori, c’est que hypersensiblilié et hyposensibilité restent une question de posture. Elles s’avèrent donc directement liées à la manière dont je conçois le monde. En d’autres termes : comment je me situe dans ledit monde. Ainsi les hypersensibles se sentiront "normaux" et traiteront les "hypo" de brutes cruelles infâmes, ou sans cœur. Dans la même logique, et pour “eux”, la finalité n'est jamais que dans le rendement et les bénéfices...
A l'opposé les "hypo" se sentiront dans la normalité et accuseront les "hyper" d'êtres des “chochottes” qui se regardent “le nombril du cœur”, et qui se “lèchent les joues”, avant de passer à l'action. Ce sont pour eux des mous, qui font perdre du temps.
De ce point de vue, nous concevrons que tous les deux puissent avoir raison, chacun disposant de son point de vue sur la réalité du monde. Et c'est bien ce phénomène qui est en cause.
Il n'y a pas de réalité, sinon la vision que chacune et chacun a du monde, et de soi dans ce monde. C'est bien là une des clés de cet affrontement. Les critères de la normalité sont véritablement aujourd'hui individualisés. Chacun semble posséder le critérium du “jugement de paix”, et semble donc pouvoir, à lui seul, discriminer et adouber de vérité “qui et quoi que ce soit”.
Voilà où en est le nouveau monde aujourd'hui. Ce monde inventé par l'ultra-consommation et que nous appelons "post-moderne", individualise les parcours, les projets de vie, les solutions aux problématiques dans le monde, comprenant les personnes aussi, leurs vécu leur réalité, leurs visions, leurs jugements...
Pendant ce temps là, les victimes de ce système post-moderne se réveillent, acculées à survivre, en tentant de sauver leur peau. Elles comprennent vite que seules, elles n'ont aucune chance. Il leur faut donc s'associer pour faire, pour agir et réagir. C’est ce qui est en train de se passer,... et le monde politique qui vit de la post-modernité ultra-consommatrice, hédoniste à outrance, commence à trembler pour ses avoirs et son pouvoir. C'est normal, c'est juste, et c'est bien leur disparition, leur renversement qui leur pend au nez. Ces gens ont peur de ce peuple là et pratique le "citoyen-bashing", traitant les gens d'imbéciles, d'analphabetes, de piètres QI, etc...
Alors cette oligarchie maltraite les vivants, crée des normes hors lesquelles il n'y a pas de salut, où il n'y a que de la déviance, de l’imbécillité. Et ils le clament haut et fort. Voilà la com' du parti !
Oui, cette société post-moderne est bien celle de l'insensibilité, du mensonge et du superficiel. Elle nous indique que seul le résultat compte et qu'il s'obtient individuellement, comme dans une compétition sportive de même nom.
Chacun serait donc en compétition avec tous. Seule la victoire compte. Imaginez les solutions que d’aucuns vont trouver pour gagner. La tricherie, l'escroquerie, l'influence seront convoquées à tous les étages. C'est d'ailleurs ce qui perle des activités sportives aujourd’hui. Et les médias ont bien du mal à le masquer. C’est d’autant plus vrai qu’il se montrent gourmands à les étaler dans leurs supports. Oui, là aussi, la compétition, ses caractéristiques et ses "valeurs" sont là.
Et en face, tout un chacun a sa sensibilité, ses émotions, celles par lesquelles chacun fait ses choix et ses jugement. Ce sont ceux que l'on dit justement affectifs.
Oui, les gens se rendent compte qu'ils ne sont pas seuls à vivre la misère et les difficultés, les régressions. Ils se rendent compte, dans les échanges et les partages, que ce qu'ils font n'est pas si idiot ni coupable que ça. Ils se rendent compte qu'à plusieurs, en réseaux, on y arrive mieux, et qu'ensemble c'est plus simple parce qu'on est plus fort.
Ainsi surgissent les gilets jaunes qui font si peur aux dépositaires et bénéficiaires du système,... je dirais même du régime. C'est aussi, à mon grand bonheur, ce que découvraient immédiatement tous les participants à chacun de mes cours de management. Oui, le régime, ce système né de la surproduction, vivant de la surconsommation, érige des dogmes qu'il serait incorrect de ne pas mettre en ligne de mire.
Je pense, en l’espèce, aux concepts de croissance, de compétition, de marchés, de concurrence, de richesse... On en tire des marqueurs agités comme des repères : les indices boursiers, les taux de croissances, les statistiques de l'insee, etc... Les personnes, individualisées, entrent en compétition entre elles pour le plus grand bénéfice des plus riches. Je me trompe ?
Alors, mardi prochain nous développerons les quelques dix critères liés à l'installation d'un système économique totalitaire. Ce sont lesdits critères analysés par les économistes et sociologues, qu’ils soutiennent ou combattent le "projet" .
Mais, en attendant mardi prochain, regardons pour l'instant l'écart qu'il y a entre le fonctionnement hyposensible de ce système et celui des gens que l'on décrit, par opposition et en creux, comme hypersensibles.
Tout d'abord, le nombre fait-il la normalité ? Ce ne sont pas ceux qui édictent les normes qui peuvent en juger, car ils le font pour servir leur propre intérêt.
Il se trouve que l'humain est ce qu'il est… Malgré son énorme capacité d'adaptation, sa chair est sa chair, ses sensations sont ses sensations, l’angoisse, l'amour et la peur l'occupent et le préoccupent. C'est bêtement ça être humain : avoir de l'émotion (et pas de l’ambition), de l'émerveillement (et pas de la cupidité), un besoin de partage et du désir de vivre ensemble ( et pas l'égocentrisme du chacun pour soi). Il s'agit aussi de la foi en l'autre et dans le monde (et pas la suspicion que seule la check-list calmerait)...
Oui, l'être humain est de ce fait là, conduit par les sens, que ce soit la vue, l’ouïe, l'odorat, le toucher ou le goût. Oui, l'être humain est doué de sensibilité, cette qualité qui fait qu'il vit, parcourt ses chemins, prend du plaisir ou connait le bonheur. Le manque et la frustration, sur lesquels parie le commerce, s'il les accueille, le font grandir et progresser. Elles le rendent plus fort, parce que plus aguerri et lucide. Oui, l'être humain est sensible et le concept d’hypersensibilité n'est qu'une traduction erronée vue par le prisme d'un système marchand.
Alors dans ce monde froid, des paradoxes apparaissent, impensables pour nombre de société dites primitives et pourtant si humaines. Je pense aux Nenets de Sibérie, Aux Buchmens de Namibie et aux Indiens Yaki du Mexique.
Si, aujourd'hui, la majorité des individus est prise dans cet environnement d'ultra consommation et de compétition, tous ceux qui la composent ont de fortes chances de s'enfermer dans un format hyposensible. Il s’agit d’un contexte décidément froid et matérialiste. Cette composante, à elle seule, par voie de conséquence, est de nature à générer un décalage excluant. L’assertion est d’autant plus vérifiable qu’elle s’adresse à tous ceux qui restent humains, encore pétris de la qualité de leurs sens.
Mais nous reviendrons une autre fois sur l'influence des minorités actives, précisément développée par le psycho-sociologue Serge Moscovici. Ces éléments nous indiquent qu'un changement de paradigme est tout à fait possible dès lors que la minorité est consistante et agissante.
Ce qui caractérise ces populations "formatées", c’est justement le partage d'une pensée opératoire mécanique, et donc séquentielle et binaire. Elle s’avère -a priori- d'une apparente logique implacable, tout en fabriquant une convergence artificielle. C’est elle qui se caractérise par l'usage de pensées courtes, ces prêts à penser sous forme d'idées convenues faisant consensus.
A l'inverse, les "résistants humains" développent par le biais de leurs pratiques de partage et d'échanges, une intelligence plutôt associative, non causale, analogique. Celle ci n’est pas forcément convergente puisque le sens de la controverse en est un fondamental. On peut dire que ce mode de pensée libre est plutôt créatrice... c’est ce qui a amené l'humanité jusqu'à nos jours.
Si la pensée de la majorité formatée est mécaniste (on se souvient de l'opposition conceptuelle que j'ai déjà plusieurs fois posée entre pensée mécaniste et pensée organique)... alors on retrouvera dans la culture y afférant, des codifications mécaniques issues du lien social. C’est justement ce que propage et développe l'imitation aveugle.
Elle est une culture, -quoi qu'elle en dise-, totalement conformiste.
A l'opposé, les humains ont toujours privilégié, en le perpétuant, un mode de relation dite "de personne à personne", c'est à dire profonde et authentique. On y remarquera le développement de l'esprit de recherche, de pratiques créatrices sensibles comme la poésie et la curiosité.
Dans la société formatée, la conduite par les normes et la mécanique, invite au développement de processus, de protocoles, de savoirs immuables centrés sur le résultat, la productivité, la croissance. Peut être alors pourrions nous parler d'une pathologie de la norme.
En opposition à cela, les humains continuent à développer leur créativité, leur goût de comprendre, leur appétence à la connaissance, associée à la découverte de l'expérience. Voilà une somme de “possibles” qu'ils ne s'interdisent plus.
Ils développent alors, à cet effet, un réel esprit d'ouverture et d'innovation propice à l'expansion associé aussi à une certaine subjectivité.
Si le monde formaté ne peut donc plus vivre autrement qu'en "exposition", en mise en scène, en "théâtralisation" avec ses jeux de rôles idoines, la vie humaine continue de développer son intime, son intériorité, son âme, bref, son humanité. Alors, y en a-t-il qui ont "plus raison" que d'autres ? D'après vous... 
Jean-Marc SAURET
Le mardi 12 mars 2019




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