Il ne se passe pas un jour sans que je ne tombe sur un article, une vidéo, un ouvrage, qui traite de la dérive totalitaire du système gouvernemental français actuel. Les violences policières, l'émergence de nouvelles lois liberticides, les "affaires" et les pressions et décisions sur ceux qui en révèlent les éléments, sont autant de prétextes à penser cela, du moins à en éveiller le soupçon. Mais regardons de plus près.
Je
ne vais pas ici faire le procès de ce gouvernement, je n'en ai ni le
temps, ni la réelle compétence approfondie. Je me contenterai donc
de présenter un modèle qui en permet l'analyse et
l'identification. Mon propos sera donc assez court aujourd'hui.
Ce
modèle de processus de changement, de glissement vers un système
totalitaire, relève de 10 principes qui sont autant d'étapes
favorisant la concentration des richesses et du pouvoir sur
quelques'uns. Ils sont en oeuvre depuis les années 70.
C'est
le sociologue et prospectiviste Noam Chomsky qui l'a développé
dans un ouvrage intitulé "Requiem for the american dream"
(Requiem pour le rêve américain) publié en 2015 (La classification en 10 point est la structuration du livre à des fins pédagogiques, et c'est tant mieux). Il y constate d'ailleurs cette nouvelle réalité inquiétante : "Si vous critiquez la
politique du gouvernement, vous êtes antiaméricain". Ce
concept n'existe ailleurs que dans les pays à régime totalitaire où
l'on peut ou pouvait être arrêté et condamné pour ce crime. (On entends aussi par chez nous que les protestations dans les rues seraient des attaques contre la république). Mais alors, comment marche cette progression totalitaire ? Pour mieux comprendre le propos, considérons rapidement ces dix principes :
Principe
1 : Réduire la démocratie
On
voit se développer des pratiques consistant à réduire les
processus de création et d’édiction des lois. Souvent sous
le prétexte d'aller plus vite, plus directement à l'efficacité.
Dès lors, les temps de débat sont édulcoré, sous le prétexte
qu'on y perdrait son temps. Le pouvoir insidieusement se
concentre progressivement sur un très petit nombre de personnes,
voire sur une seule. Aussi, apparaissent des lois réduisant les
libertés citoyennes, au prétexte de mieux protéger les populations
de malfaisants.
Principe
2 : Modifier l’idéologie
Progressivement,
aux valeurs démocratiques vont être substituées d'autres, voire
leurs opposés. Ainsi, on entendra, comme dans le meilleur des
mondes, des oxymores dans la communication du pouvoir, comme "La
contrainte, c'est la liberté", "Le pouvoir absolu, c'est
la démocratie", la richesse est une pauvreté", etc.
Progressivement, d'autres assertions apparaissent dans le
discours officiel de type : "Les pauvres ne sont rien",
"Ils le sont par leur faute", "Les riches sont
généreux", ou "Plus les riches le sont et plus leur
richesse ruisselle sur les pauvres". Autant de paradoxes qui
viennent construire une nouvelle idéologie, un nouveau socle moral.
Principe
3 : Redessiner l’économie
Apparaissent
alors des collusions de plus en plus étroites entre les possédants
et les gouvernants. Par cela, de nouveaux droits, de nouvelle
propriétés, de nouvelles alliances, de nouveaux territoires
économiques se dessinent. De hauts fonctionnaires ou certains
proches du pouvoir, fond des affaires dans le cadre de leurs
fonctions ou en même temps. Des organismes public travaillent ou
favorisent des entreprises privées. Des pans de l'activité publique
sont privatisées ou confiées à des entreprises privées. Des
secteurs privés sont sanctuarisés.
Principe
4 : Déplacer le fardeau
Les
charges de l'état pèsent de moins en moins sur les plus riches et
sont transférées au plus grand nombre, à savoir les classes
moyennes et pauvres. On réduit l'échelle des impôts directs
et transfère la majorité des charges sur les charges et taxes
indirectes comme la TVA ou la CSG. On réduit le nombre des
fonctionnaires et transfère à des entreprises privées nombre
d'activités, voire de secteurs, comme la santé ou la sécurité.
Principe
5 : Attaquer la solidarité
L'état
réduit ou bloque les aides aux plus modestes, comme les contrats
aidés, réduit l'aide aux associations, voire les supprime ou les
contraint. On neutralise les corps intermédiaires, en les
sortant des processus de décision et d'action, voire use de
communications pour les disqualifier et les discréditer.
Progressivement, on préférera à la solidarité, la charité que
l'on peut arrêter à son escient. Elle individualise les rapports et
défait les groupes sociaux.
Principe
6 : Gérer les législateurs (régulateurs)
Alors
on peut voir arriver des "représentants" du peuple sans
pratique et sans culture, ni de la représentation, ni de la
solidarité, arriver sur les bancs de hémicycle. Il sont plus des
"lève main" que des débatteurs. Ils n'ont a priori aucun
sens de celui-ci. On voit aussi des "organismes de
bien-pensence" s'installer pour valider et réguler les discours
et les actions. C'est ainsi qu'apparurent sous Pétain un certain
nombre de "Conseil de l'ordre", comme si actuellement l'état proposait un conseil de la presse. C'est aussi que des
décisions de justice, propres à la justice, se voient confiées à
des exécutants et représentants de l'état, comme les préfets, par
exemple.
Principe
7 : Manipuler les élections
On appelle aussi cela la manipulation du consentement. Il
peut arriver qu'un référendum donne un résultat qui ne convienne
pas aux dirigeants. Qu'importe, le peuple a décidé. Aussi, il peut
arriver que l'exécutif applique et mette en place ce que le peuple a justement refusé. Voilà une manipulation des élections. Il se peut aussi
que des campagnes de dénigrement apparaissent et elles coûtent cher. Mais, me direz vous,
c'est de bonne guerre. Seulement quand ces démarches nécessitent de
gros investissement, on peut aussi se demander d'où vient l'argent et donc à qui profite le crime. On sait aussi que l'argent est indispensable à favoriser une élection. La proportion de temps d'antenne d'un candidat correspond à la proportion des voix qu'il emmagasinera. Or, il y a des territoires où l'ensemble des grand médiats sont la propriété de richissimes citoyens. Dans ces pays là, ce sont eux qui font et défont les élections, et dont les pouvoirs...
Principe
8 : Maîtriser la populace
Voilà
un principe insidieux que commente Noam Chomsky. Dans les années soixante-dix, la population s'intéressait peu à participer aux décisions. Aujourd'hui, ils veulent le faire directement, sans intermédiaires. Mais ceci n'arrange pas le systèmes. Alors il a deux manières d'y répondre. Soit comme Madison le proposait, on réduit la démocratie. Soit comme le proposait Aristote, on réduit les inégalités. C'est la première voie qui prime aujourd'hui. Noam Chomsky considère notre système d'ultra consommation et il voit que cette dernière
nous invente des besoins sur des séductions ou de simples envies
pour nous faire consommer davantage. Il nous fait remarquer que cette
démarche individualise les personnes et les mets en dépendance. A
partir de là, il est plus simple de les manipuler. Si ça ne marche
pas assez bien, il reste la menace et la peur pour faire taire les
gens et les terrer chez eux, comme par l'utilisation d'arme semi
létales ou autres, accompagnées de fouille des personnes pour leur
retirer toute protection auxdites armes. En résumé, pour maîtriser la populace, on utilise la dépendance marchande, la manipulation et la peur ou terreur.
Principe
9 : Modeler le consentement
En
jetant l'anathème sur des prises de positions politiques, il devient
excluant de penser ces opinions là. Ainsi, ne pas être européen,
par exemple, pourrait être considéré comme déviant, fou, voire
digne d'un esprit attardé ou débile, et devenir ainsi un
impensable. Dès lors, toute proposition d'un projet portant sur le
sujet pourra être discuté mais jamais rejeté au risque de se
sentir soi-même débile. La communication politique est aussi habile
que la communication commerciale. Elle sait accoler des valeurs
(recevables ou non) à des produits et à des orientations.
Principe
10 : Marginaliser la population
Il
s'agit là d'usage de pratiques de discrimination, de
disqualification dans la communication, montrant que "l'économie
est complexe et n'est pas à la portée de tout un chacun".
C'est aussi développer un discours qui dit que "certaines
populations sont des illettrés", ou "des gens qui ne sont
rien". Peu à peu, les gens se détournent des décisions du
niveau. Un des symptôme est, par exemple, une baisse considérables
du tau de participation, aux élections par exemple.
Voilà
ce ne sont sont que quelques exemples pour donner à voir de quel
type ou ordre sont ces changements sur ces dix principes. Chacun saura
voir comment s'y inscrivent d'autres exemples. Chacun comprendra aussi qui est qui.
Nul
besoin d'aller plus loin. Chacun se fera son idée et son jugement.
On comprend bien que c'est en œuvrant en sens inverse sur
chacun de ces dix principes qu'on freinera ou renversera la tendance.
En effet, un gros travail nous attend...
Jean-Marc SAURET
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