"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Notre lexique n'était pas complet

Nous n'avons pas de verbe pour exprimer que nous ressentons et percevons des sensations, tout en exprimant ainsi qu'elles sont "indiquantes", voire apprenantes. Nous disons parfois : "Je l'ai senti arriver...". Mais parfois, la sensation va plus loin et nous indique des choses bien au delà de la raison. Pourquoi disposer d’un mot “dédié” serait-il utile ? Parce que la sensation est certainement une porte d'entrée de la connaissance. Par exemple, comment avons nous appris à ne pas nous "cuire" sur des plaques chauffantes, à prendre, connaitre et percevoir la douceur d'un aliment à sa seule odeur ? ... à percevoir le caractère immonde d'un cloaque à sa simple vue ? Par l'habitude ou l'accumulation d’expériences ? Peut être, mais pas uniquement...
Et pourtant, notre culture ne reconnaît pas la sensation intuitive, elle ne la « sait » pas. Elle suppose que seule la raison permet la connaissance et qu’elle ressortit au domaine exclusif de l'éducation. Pour elle, ce sont "les mots" qui nous ont permis de traduire des sensations en connaissances. C'est là le dogme de la révolution des lumières : ma raison me permet l’accès direct à la réalité du monde, sans passer par la révélation divine... Ainsi nous avons le verbe "raisonner" et celui de "réfléchir, mais nous n'avons pas celui qui nous indiquera comment l'intuition nous arrive par la sensation. Celle qui justement nous fait prendre conscience directement d'autres réalités. Peut-être nous faudra-t-il inventer un terme comme "sensitiver" ?
Nous avons le terme "ressentir". Mais il s'agit là d'une répétition, voire d’une redondance. Nous avons senti. Nous en avons eu l'explication par l'autre”, et par l'analyse. Dans ces conditions, la fois suivante, nous en avons le ressenti. La "boucle" de la connaissance fonctionne-t-elle comme cela ? Alors, pourquoi donc imaginer que la sensation puisse être un véhicule pertinent d'accès direct à la conscience du monde, à sa connaissance ?
Pensée et conscience ne sont pas de même nature, c’est ce que nous indique la sagesse bouddhiste. La conscience n'a pas besoin de la pensée pour être. La spéculation intellectuelle, cet acharnement rationnel à décortiquer le monde pour le faire entrer dans notre logique ou système de pensée, constitue une perte de temps. Cette approche nous amène bien souvent à contourner les choses, plutôt qu'à les "com-prendre", c'est à dire à les prendre avec soi, dans nos représentations, et connaissances du réel.
Alors que tous les calculs de Giordano Bruno à Kepler nous l'indiquaient, nous nous entêtions à déduire que la terre ne pouvait être que plate et le centre de l'univers. Et tout cela, parce que l'homme était la créature majeure du divin. Nous savons que nous répétons aujourd'hui la même erreur d'entêtement avec les constantes qui fluctuent (la vitesse de la lumière, la perméabilité magnétique du vide, la constante de Planck, gravitationnelle, de la masse, etc.).
Le sage oriental ajoute que le vide mental (quand on arrive à faire taire le mental) est la conscience sans la pensée. Nombre d'artistes et de chercheurs, dit-on, "trouvent" leurs idées et leurs théories dans une quiétude mentale.
Rimbaud écrivait à son ami Paul Demeny : "Je est un autre. J’assiste à l’éclosion de ma pensée. Je la regarde et je l’écoute…". Il semble lui dire, en d'autres termes : "Je me regarde laissant passer la création. Je regarde les mots me traverser comme ne sachant pas d'où ils viennent ni où ils vont". Aucune inquiétude, ni douleur, ni tristesse ou désarroi n'accompagne son propos à ce sujet, mais plutôt une quiétude. Il constate simplement, il contemple les mots venir à lui et le traverser jusqu'à se poser sur la page blanche.
Cette approche remet en cause la conception "déscartienne" du sujet, dans laquelle la pensée fait trace dudit sujet, voire en constitue la preuve. L'expérience artistique et de la recherche scientifique témoignent du contraire. C'est l'absence de pensée qui permet à l'intuition de passer, et de nous parvenir. Elle autorise la sensation, laquelle permet de la saisir, et puis d'en faire quelque chose.
Dans une interview, le guitariste-chanteur Eric Clapton raconte que lui-même, comme tout artiste, n'est qu'un passeur de la musique qui le traverse et qu'il n'a plus qu'à la servir. C'est la sensation qui la lui fait "capter", attraper pour qu'il puisse enfin la restituer.
Alors, avec calme et sérénité, imaginons avoir ce mot, ce verbe d'action "sensitiver", pour raconter comment certains attrapent dans la sensation, des éléments de réalité qui les traversent.

Alors, maintenant que le verbe existe, de fait tout le monde est en capacité de "sensitiver" le réel.
Jean-Marc SAURET

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