"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

On ne voit que ce que l'on croit ! ...et pas l'inverse.

Nous avons l'habitude de dire ou d'entendre le doute de Saint Thomas : "Je ne crois que ce que je vois !" Il s'avère de fait que c'est bien l'inverse qui nous arrive au quotidien. J'ai déjà relaté l'anecdote où, à l'attente de la naissance de notre fille, d'un seul coup, il y avait plein de femmes enceintes et des landaus en ville, alors que, jusque là, il n'y en avait aucun, je vous l'assure... En effet, nous ne voyons que ce qui nous préoccupe. C'est quand on change de voiture que le modèle convoité apparaît partout dans les rues, que l'on voit partout les affiches du spectacle ou du film que l'on a adoré, que l'on voit partout ce ministre, ce politique qui nous insupporte ou nous séduit... Mais allons plus loin.
J'ai aussi évoqué cette recherche sur le génome humain qui a donné des résultats très décevants. Là où l'on attendait que chaque gène soit le déterminant d'une fonction, d'une caractéristique physique ou comportementale, ou d'un état, on constata que plusieurs gènes sont convoqués dans la même, ou encore plusieurs particularités de la réalité humaine. De la même façon, on a constaté aussi, que les statistiques s'avèrent plus probantes et plus prédictives que lesdits gènes. C'est le flop sur le "tout génétique". 
C’est bien dans ces conditions que les chercheurs ont inventé le concept d'épigénétique. C’est ce constat qui leur fait considérer que le gène est adaptatif, et qu'il n'est de fait, qu'un potentiel. Voilà une pirouette, une jolie manière de perpétuer la croyance dans le déterminisme du gène, tout en intégrant le fait qu'il ne le soit pas. Malin ? Non, juste humain... 
Il est si difficile de se débarrasser de ses croyances... Car ce sont bien elles qui nous structurent et nous rendent le monde recevable. Sur quoi, d'ailleurs, portent les débats les plus fougueux, tant dans les médias que dans les repas de familles ou de copains ? Sur les choses qui nous tiennent à cœur, en l’occurrence, nos "sacrés", en d'autres termes, nos fondamentaux. Immanquablement la phrase fatidique arrive, à un moment ou à un autre, dans le débat : 
"Tu ne peux pas dire ça !" Eh bien, si, il ou elle l'a dit. Donc elle ou il peut le dire puisque c'est dit... Mais l'interlocuteur ne l'entend pas de cette oreille. Le concept, l'idée, le point de vue, déconstruisent la conception de l'autre. Ses croyances sont mises à mal. Dans ces conditions, subjectivement le propos "ne peut pas" être dit … (en fait, on considère qu'il ne “devrait” pas être dit)… Et l’on vient de voir justement, le contraire !
Notre univers personnel est peuplé de ces éléments structurants qui tiennent tout l'édifice de "notre monde". Le reste n'existe pas... Schopenhauer appelait cet ensemble d'éléments structurant, le "critérium". Le psychosociologue Rodolphe Ghiglione a montré que c'est de cela dont il s'agit essentiellement dans toutes nos conversations : revisiter et afficher ses  propres fondamentaux, affirmer d'où nous pensons et qu'il s'agit là d'un innégociable. Il a montré combien la conversation était cet outil utile et indispensable pour "transacter nos références", c'est à dire, sans jamais convertir, persuader ou convaincre quiconque, donner à voir ce point d'où chacun pense. Ensuite les gens le savent et s'en arrangent. "Oui, c'est vrais que tu penses comme ça... Dont acte."
La conversation n'affirme rien d'autre, ne pose rien d'autre, que le point de vue "d'où nous pensons". Elle donne à voir quelles sont nos croyances et nos références. De fait, c’est bien cela le “vrai”,... “qui nous sommes”. Tout le reste n'est que bavardages secondaires. La conversation ne nous sert donc qu'à l'affirmation réciproque de soi. 
Et si nous ferraillons tant c'est bien parce que notre "Ego" y est en jeu et que c'est bien là la meilleure manière de le préciser, de l'affirmer et de le défendre. 
"Mais, nous savons bien qui nous sommes !", pourriez vous me rétorquer. Bien sûr, mais avec une “certaine” marge.... L'identité n'est pas un état mais une action de vérification permanente. C'est ce que je posais dans le concept "d'identation". 
Nous n'existons que de l'autre, comme l'expliquait Jacques Lacan ! Nous sommes dans le regard ou la réalité de cet "Autre". Nous passons notre temps à vérifier notre "réalité", en nous assurant du fait qu’elle est bien là dans ce miroir qu'est l'autre, bien valide et bien présente.
Nos conversations sont donc une activité de vérification et de réaffirmation de soi. Mais quel lien avec l'assertion "On ne voit que ce que l'on croit" ? Eh bien, justement, toutes ces choses que je crois sont les composantes de mon ego. 
Je passe mon temps à vérifier mon statut et mon état dans nos conversations. Passant du particulier au général, cela signifie que toutes nos activités consistent à jouir de ces certitudes d'un monde prédictible. "C'est comme çà que ça se passe chez... !" Même les publicitaires l'ont bien compris et ils abusent du principe. Comme je passe mon temps à vérifier que je suis bien là, en cet état, dans le regard de l'autre, je passe mon temps à vérifier que le monde dans lequel je suis est bien celui qui me fonde. Ainsi, hors de ce monde structuré par mes croyances et certitudes, il n'y a point de salut. Il n'y a même rien du tout...
Voilà donc pourquoi une très large part de nos actions et activités sont aveuglées par nos préoccupations premières, fondamentales : exister dans un monde certain ! Si le monde n'est pas ça, alors je le corrige. Et si ça ne marche pas, c'est le monde qui a tord !
Pour conclure, ouvrons encore un peu plus le champ de notre conscience : ce ne sont pas nos certitudes qui font la connaissance mais les questions qui se posent entre lesdits certitudes. Une fois que ce point est admis, les certitudes ne sont plus alors que des points de vue temporaires. C'est bien sur les questions que nous nous posons, que progressent nos connaissances. Les certitudes, quant à elles, nous figent donc dans une cosmogonie fermée, stoppée, et irrémédiablement bloquée… le “dogme”. Cela nous rappelle quelque chose ?.
Jean-Marc SAURET
Le mardi 26 février 2019
Lire aussi :  "Les usages font culture"

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