"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

"Dignitarisme", de quoi s'agit-il ?

Jonathan Mann, spécialiste des questions de santé publique, écrivait ceci : " Les atteintes à la dignité individuelle et collective représentent à ce jour une force pathogène non reconnue dont la capacité de destruction du bien-être physique, mental et social est peut-être égal à celle des virus et des bactéries." Il n'avait de cesse de souligner le rôle crucial de la dignité dans la création et le maintien de la santé dans notre ordre social.

Trente ans avant lui, le physicien américain, Robert Fuller, président de l'université Oberlin, abondait dans cette approche par ces quelques mots : "Ce que veulent les gens, ce n'est pas de dominer les autres, mais d'être reconnus par eux". Ce sont les civilisations et les cultures qui sont "volontairement" invasives et prosélytes, voulant affirmer leur supériorité de puissance et de technologie. Paradoxalement, la civilisation romaine imposait sa puissance et son empire justement en "phagocytant" les puissances des dieux, des pratiques et des techniques de leurs adversaires militairement vaincus.

Il me souvient de cette anecdote où une personne voulant en présenter une autre en déclinant ses titres et ses qualités, s'entendit répondre comme dans un rituel : "Mes pairs me reconnaissent comme tel..." Je reviens une fois encore sur l'assertion du psychanalyste Jacques Lacan : "Nous n'existons que de l'Autre". J'avais précédemment conclu un article en proposant qu'il serait bien incongru de vouloir du mal à ceux par qui nous existons ! Le dignitarisme est donc la politique pratique du respect de la dignité humaine sous toutes ses formes.

Regardons par exemple les cérémonies et rites qui scandent notre vie sociale. Cela vaut pour les mariages, mais l’argument reste légitime pour les enterrements, les anniversaires, les fêtes, ou les cousinades... Il est loisible d’y ajouter les cérémonies d'accueil et de présentation, que nous les appelions baptême ou autre, …

Elles ont toutes cette vocation première à reconnaître dignement l'Autre dans son état nouveau. Il s'agit d'autant de rituels de reconnaissance et de passage. Ils nous sont très utiles pour nous même et pour les autres. Vous en doutez ? Oubliez une seule fois l'anniversaire d'un de vos proches et vous aurez assez rapidement la réponse...

On peut ainsi dire que la reconnaissance est un digne droit humain. Il est vrai que les rituels de reconnaissance ont changé. Je ne dirai pas qu'ils ont évolué, cela sous-entendrait une possible idée de progrès. Je ne pense pas que cette conception soit judicieuse. Par exemple, quand j'étais élève à l'école, nos professeurs et autres adultes qui nous prodiguaient leur formation en toutes matières, nous appelaient par nos noms de famille. De ce fait, entre copains, nous en faisions de même.

Il me souvient qu'un professeur me dit, naguère, en ouverture d'une année scolaire : " J'ai eu un Sauret, il y a quelques années. Il s'appelait Alain...". "C'est mon frère !" lui répondis-je fièrement, histoire de bien affirmer que j'en étais un... En effet, quand on se nommait, on nommait ainsi l'appartenance, la lignée, l'historicité. Même si on ignorait précisément celle de celui que l'on nommait, nous savions justement qu'il en existait une qui comptait dans la dignité de ce que nous étions réciproquement.

Aujourd'hui, dans les mêmes institutions, les élèves sont nommés par leur prénom. L'historicité a disparue. L'indication est strictement individuelle mais plus imprécise aussi. Combien y a-t-il de Léa et de Théo dans la même école ? La dignité, désormais, se loge dans l'intime, le "familier" au sens étymologique du terme. Il s'agit aujourd'hui de reconnaître et de prioriser l'intime de la personne, ses désirs, ses envies, ses attirances.

On ne se marie d'ailleurs plus par rapprochement de fortunes ou de conditions, mais par amour. Reconnaître le sensible de l'autre, c'est aussi ce que font la "consommation" et le marketing, et pas par "dignitarisme", mais par profit et intérêt. L'évolution est donc trompeuse...

Qu'ont dit les gilets jaunes sur les ronds points et dans les rues : "Vous ne nous considérez pas ! Écoutez-nous !" Ensuite, ils ont pu réclamer l'égalité et l'équité de traitements, mais aussi la dignité des rémunérations et des retraites. Le pire qui leur ait été répondu est l'accusation de confusion de leurs demandes et revendications. Il n'est pas pire pour celui qui ne veut pas entendre ni reconnaître. C'était, de fait, une manière de plus de "diminuer" ces gens. Les petites phrases successives du président ont été mal prises, à juste titre, par la population parce que, justement, elles portaient atteinte à leur dignité. C'est d'abord ce déni de dignité qui a invité à l'appel " Macron, démission !" comme une simple réponse à son indignité.

Le grand débat qui s’ensuit n'est pas mieux. Il s'adresse à des "spectateurs" triés sur le volet pour représenter "la France qu'il veut". La démission de Madame Jouanno du rôle d'organisateur dudit débat l'indique pleinement. Les jeux étaient pipés. Et pour désactiver sa parole, le gouvernement a volontairement fait "fuiter" son salaire. Elle n'était dès lors plus audible. Bien joué... C'est de bonne guerre, mais c'est indigne.

On a effectivement touché là à différents plans de la dignité humaine. On l'a maltraitée, défaite. Il n'est plus à s’étonner de la réponse populaire... Ajoutez à cela une répression sans pareille, non seulement l'indignité est ainsi affirmée, reproduite à l’excès, mais elle ajoute à l'exaspération.

"Non seulement ils se moquent de nous mais ils nous tapent dessus !". Si l’on ajoute à cela l'inégalité de traitement entre un collaborateur du président, violent et fraudeur, et plus d'un millier de manifestants pour possession d'un foulard ou d'un masque blanc anti allergène et bactéricide, on comprend l'indignité de traitement que vit la population. 

Si plusieurs casseurs, que connaissent les autorités policières, ont pu sévir, il faut juste regarder à qui profite le crime. Je suis surpris par la perpétuelle dignité des gilets jaunes, toujours inspirés par la non violence. Voilà un ensemble qui fait atteinte à la dignité humaine, par la violence, le dénigrement et la caricature. On peut comprendre que la société en soit défaites, que quelques bons mots ne répareront pas.

Nous sommes de surcroît dans une civilisation qui a perdu l'attention à soi et aux autres, sinon pour s'en méfier et s'en défendre. Quelle indignité ! La plus grande victoire de ce libéralisme effréné c'est d'avoir fait de ses proies et de ses victimes (la population), des  acteurs complices du système, en leur infusant l'avidité et la perte de l'attention. 

Pourtant, celle-ci reste empathique et bien souvent solidaire. C'est la redécouverte que les gilets jaunes ont fait sur les ronds points, retrouvant leur dignité dans le regard de l'autre, le partage et l'action pour une cause commune : la dignité.

L'indignité des gouvernants et des possédants est alors à son comble. Les gens appellent cela le mépris, et ils ont raison. Ce mépris, cette indignité, ont effectivement détruit aussi la santé des gens

Eh, tiens, tant qu'on y est, ce serait bien que le gouvernement en vienne à un respect, à un "dignitarisme" d’aloi, et bien sûr de bon aloi... pour résoudre le trou de la sécurité sociale...  Vaste programme ! 

Jean-Marc SAURET
Le mardi 19 février 2019

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