En revenant sur les causes des événements actuels, il me vient cette question de fond : Sommes
nous vraiment une société de progrès ou sommes nous plutôt dans
une société de dépendance ? Je m'explique... Nous connaissons tous ce chiffre
affolant que 50% des habitants de la planète vivent sur 1% de ses
richesses, quand
deux pour cent des habitants vivent avec 50% des richesses... Ils
seront à court terme, seulement
un pour cent à vivre sur 50% des richesses. Au total, l'Amérique
du Nord, l'Europe et les pays à hauts revenus d'Asie-Pacifique
possèdent 90 % des biens mondiaux...
Le
progrès produit des richesses, nous dit-on. Mais quelles
richesses... et
qui en profite ? Qui les déguste ? Qui les consomme ? Les seulement
un pour cent des habitants de la planète ?... Alors, qu'en fait-on ?
Il
s'agit bien en l’espèce d'un monde productiviste,
avec son corollaire, de consommation exacerbée.
Déjà,
dans le monde occidental, la nouvelle lutte de classes est
aujourd'hui entre le monde de la finance, celui de la bourse, et le
monde de l'économie réelle, là où se fabriquent l'activité, les
produits et les services.
Le
premier monde brasse, paraît-il, mille fois plus d'argent
que celui de l'économie réelle. Le temps moyen d'une propriété
boursière à New York serait de douze secondes. On croit rêver
?... Mais c’est bien d’un cauchemar dont il s’agit. La
bourse n'alimente
plus les entreprises en capital de production, mais
spécule sur ses "chances de gains". Tout se passe sur ce
marché secondaire.
Est-ce
là un monde de
progrès ? Progrès pour qui, progrès pour quoi ? Ledit
progrès est devenu aujourd'hui
une courbe graphique... quand
des milliards de gens ont faim, froid et peur. Ils sont sous le
seuil “d'inacceptabilité”,
en référence à la première marche de la pyramide de Maslow.
Combien ont lâché prise ? Combien sont ils à être dégringolé
de la falaise, volontairement détachés et largués par les
"premiers de cordée" ?
Ceux-là
même fustigent les tenants de la croissance zéro, éructant que ce
n'est pas possible
et que ce comportement est suicidaire.
A ceux-là, nous rappellerons que cinquante pour cent des habitants
de la planète sont en décroissance constante par le fait même des
gains des un pour cent. Nous leur rappellerons que 40% des habitants
de la même planète sont en croissance zéro depuis des décennies
et vivent sur 10% des richesses.
Mais
ceci n'est pas le pire. Que comprend-on dans la notion de
progrès, comme dans
celle de croissance ?
L'augmentation de valeurs monétaires, de biens et de services qui
mettent la population en dépendance.
Qui
sait aujourd'hui produire ce dont il a besoin pour vivre ? Qui
saurait encore allumer un simple feu sans briquet, sans allumette,
sans charbon de bois, sans carrés de méthane, sans alcool à brûler
ou éthanol ? A part les maraîchers et quelques cultivateurs
paysans, qui sait aujourd'hui cultiver les aliments indispensables ?
Mais encore, qui
sait vivre sans smartphone, sans internet, sans les réseaux sociaux
?
Même
les télés, les radios et les journaux sont actuellement obsolètes.
Combien nous abrutissent de médiocrités ? Ne pourrait on
parler, dans ces conditions, ”d’opium du peuple” ? Combien
d'entre nous considère encore que le développement intellectuel et
moral est utile ? Qui saurait vivre à moins de quinze degrés dans
son habitation ? Qui saurait vivre sans véhicule, sans gaz ni
pétrole ? Qui saurait vivre sans électricité ? La réponse à tout
cela est hélas toute
simple : les plus
pauvres !
Ceux
qui se débrouillent avec un à deux pour cent des richesses de la
planète et qui sont restés de force près des réalités,
à leur corps défendant....
Ceux-ci
savent encore quoi en faire… ou ce qu’ils pourraient en
faire… à condition d’en disposer, qu'on ne les en prive pas
davantage !...
Mais
qui saurait vivre
sans amour, sans affection, sans compassion, sans reconnaissance,
sans le regard de l'autre, sans émerveillement, sans passion, sans
activité, sans rêve ni imagination ? La réponse est tout aussi
simple : personne.
Dans
ces conditions, pouvons nous dire que notre monde se trouve
véritablement tourné vers le progrès ? Et la réponse
fuse ! Absolument pas ! Il est orienté par le profit de quelques
uns. Ceux-là même qui se caractérisent par leur confiscation
et appropriation des biens et des richesses, assortie d’une
mise en dépendance de tous les autres : c’est à dire... nous
!
Je
faisais remarquer à un ami juriste, que les intellectuels nous
apportaient les concepts
qui nous permettent de mieux penser le monde en nous donnant
ainsi la faculté d'évoluer. Il
me répondit avec compassion qu'il n'y avait plus qu'un seul concept
qui régissait le monde : l'argent !
Et
la question est encore de se demander comment perpétuer ce
système “confortable”... Gageure intenable ! Nous
avons à arrêter de penser notre monde avec les critères des
boursicoteurs. Et si nous reprenions la main ?
Le mardi 11 décembre 2018
Lire aussi : "Et le bonheur dans tout ça !"
D'autres références dans Le Monde de l'Economie de juin 2007
D'autres références dans Le Monde de l'Economie de juin 2007
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