La
société post-moderne a affirmé et propagé l'illusion que la
consommation apporterait le bonheur. Nous savons tous maintenant
qu'elle apporte plus de frustrations que de satisfactions. Nous
savons aussi que le bonheur n'est pas dans la consommation et nous
savons aussi qu'en dessous un certain seuil d'inacceptabilité, la
pyramide de Maslow est toujours pertinente : "ventre creux n'a
pas d'oreilles". Aujourd'hui, des gens ont faim et s'ils n'ont
pas faim tous les jours, ils comprennent
bien que leur pouvoir d'achat se restreint tous les ans, que
l'injustice sociale prospère et que les gouvernants passent leur
temps à satisfaire toujours mieux les nantis comme si leur richesse
allait revenir dans la population. On ne dira jamais assez
l'escroquerie que représente la pseudo théorie du “ruissellement
”. C'est à se demander si ces dirigeants là n'en croqueraient
pas...
L'idée pernicieuse se répand
comme
la haine,
et son panache blanc de ralliement
car
les pauvres, eux, savent bien
ce
qu'effort veut dire.
Aujourd'hui,
quatre-vingt pour cent des gens dans la population a compris qu'ils
sont les perdants de
ce jeu, les floués du système. Ces gens là savent que la
démocratie ne les représente pas mais au contraire les assujettie.
Tout cela parce
que le monde change trop vite,et dans ces conditions,
les
riches sont et deviennent de plus en plus riches. Ils ont
véritablement pris
(ou repris) le
pouvoir. Ils ont acheté les médias. Ils financent des campagnes
électorales. Ils achètent parfois la paix locale en "arrosant"
quelques malfrats locaux. Ils ne paient pas (ou mal)
l'impôt.
Ils “grenouillent”,
font du lobbying
auprès des décideurs, offrent des vacances et quelques autres
cadeaux, influençant autant les politiques que
les
décisions. Je ne dévoile rien. Il suffit de reprendre les
manchettes des journaux. Eh
non,
ce n'est pas nouveau...
Les
pauvres gens rêvent aussi devant des véhicules, montres, habits,
maisons de luxe et autres objets… plus ou moins
anodins, mais que
leur vie entière ne pourrait financer. Ils imaginent qu'eux aussi pourraient
passer sous le robinet de la chance…
avoir, pourquoi pas, leur
temps de gloire et de reconnaissance…
Et
puis ce sentiment, même fugace, d’exister quelques temps juste
quelques secondes, obtenir un statut de "star" et peut être
les revenus qui vont avec... C'est là l'illusion du capitalisme.
Mais dès le lendemain, voire le soir même, leur quotidien leur
saute à la gorge et leur tenaille l'estomac…
Alors
tout change ! Et pourtant, ils rêvent, entre rancœur et
"dés-espoir", mais sans renoncement!
Ils
n'ont pas besoin de lire les journaux pour voir l'injustice. Ils la
vivent au quotidien. Celui ci ne peut avoir un logement social parce
qu'il gagne moins que le SMIC. Il restera donc avec son enfant à
l’hôtel où il laisse un bras chaque mois, sans aucun droit aux
APL. Celui là a trop payé d'impôts, mais il doit continuer à le
faire en attendant plusieurs mois, voire plus d'un an, que son
dossier soit correctement traité et mis à jour. Cet autre encore,
licencié abusivement, doit rembourser ce qu'il a obtenu en jugement
parce que la loi a été modifiée par la suite. Etc. Etc.
Je
trouve les gens bien sages et bien polis. Ils se savent les perdants
du système et, “en même temps”(sic),
qu'il
ne sert à rien de réclamer justice. Elle ne peut leur être
accordée parce que justement, ils ne
sont “rien”.
Mais
parfois la douleur est trop forte, alors... On leur reproche ensuite
de faire des bêtises pas très républicaines. Voilà ce
qu'il vivent et ce qu'ils pensent. On s'habitue à la misère. On
fait avec. Mais on ne s'habitue ni à l'injustice ni à
l'irrespect... quoique...
Alors,
à force d'avoir mal, à force de s'y habituer, on s'installe dans
une posture de souffrance. On les encaisse, mais les
souffrances
deviennent
trop violentes. La conséquence
? On finit par accepter que la violence, en écho, si elle n'est pas
une solution, peut être une revanche. Dès que l'occasion se
présente, on l'exerce comme un réflexe, comme un vomissement.
Chez
ces gens
là, Maslow a toujours raison : Comment voulez vous penser à
appartenir à un groupe, une pays,
une nation, à avoir un projet de vie, si vous êtes menacés tous
les jours et manquez de tout ? Et pourtant, “ils”
sont heureux
quand l'équipe de France de tel ou tel sport gagne. Ils gagnent
aussi un peu. L'opium du peuple ? Peut être... Et si en plus de
toute cette mécanique de perdants, vous vous voyez méprisés, vous
savez alors qu'il n'y a pas d'issue... C'est alors parfois, peut être,
que quelques discours xénophobes et haineux trouvent une résonance
dans votre
vie “de
rien”....
Dommage.
Un
journaliste allemand s'est mis dans la situation d'un "sdf",
juste pour mieux comprendre ce que vivent ces gens là. Il comprit
vite qu'il n'existait plus. Au bout de cette vie là, il y a la folie
ou la mort.
Un
travailleur social me faisait remarquer qu'on dit ces gens "sdf"
et qu'on les appelle par leur seul prénom. Est-ce que nous sommes
des "adf" (avec domicile fixe) ? Est-ce que cette
caractéristique suffi à nous définir, à jouir de l'usage d'un nom
propre ?
Un
pays qui laisse partir des milliards dans les poches de si peu de
richissimes et ne regarde même
plus les siens s'épuiser et mourir est indigne, passible de tribunal
pour crime contre l'humanité... Mais qu'en est-il vraiment ? Rien...
Dormez tranquille. Le monde restera demain ce qu'il est aujourd'hui.
N'en
croyez rien car ça risque de tanguer encore… un dernier tango à
Paris ? Juste pour rire encore un peu... Louise Michel avait dit à
propos de la commune de Paris : "Cinq minutes avant, ça paraissait complètement improbable. Cinq minute après c'était
complètement évident !"
P.S. : Une dame au prénom de Marianne cherche un endroit sûr pour remiser la devise "Liberté Egalité Fraternité" bien mal en point, bien pire que l'arc de triomphe...
P.S. : Une dame au prénom de Marianne cherche un endroit sûr pour remiser la devise "Liberté Egalité Fraternité" bien mal en point, bien pire que l'arc de triomphe...
Jean-Marc SAURET
Le mardi 18 décembre 2018
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