"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Le lâcher prise 2

Le 25 avril 2017, je publiais un premier article, intitulé : "Le lâcher prise". J'évoquais, à cette occasion, un événement émotionnel ancien, vécu avec Benoit, un ami consultant très cher. Devant mon agacement, lié au fait que nos affaires n'avançaient pas assez vite, il m'invita, avec bienveillance, et par trois fois, à “lâcher”. Il ajouta même que "ce n'était pas vraiment une affaire,... ni mon affaire". Je compris peu à peu, en même temps que je faisais mienne cette phrase prêtée à Sénèque et à Marc Aurèle : "Ce ne sont pas les choses qui nous gênent mais le regard que nous leur portons". J'ajoutais que nos “sentiments”, ces marqueurs émotionnels, jouaient un grand rôle dans nos entêtements.
Je nous invite à revisiter cet article, parce qu'aujourd'hui, je souhaiterais aller un peu plus loin. Pour cela, je vais reprendre le schéma de la "trialectique de la réalité" élaboré par mes soins, il y a une vingtaine d'année, à la suite de ma thèse sur le management des centres de tri des PTT et de la Poste.
Cette approche part du principe de dialectique cognitive. Elle consiste en l’observation de ce va et vient permanent entre l'expérimentation de faits, et la ou les théories que nous en déduisons socialement.
En d’autres termes on retrouve ici la « mécanique » du sens que nous prêtons auxdits faits. Par exemple, je fait chauffer de l'eau, et elle se met à bouillir au bout d'un certain temps. En répétant l'opération, je constate que le phénomène se produit à chaque fois, à la même température. J'en déduis donc que l'eau bout toujours au même degré de température, et je le nomme "cent". Je reviens vérifier plusieurs fois le phénomène et je constate que de l'eau moins pure bouillira parfois au delà des cents degrés… De la même façon, en montant en altitude, où la pression atmosphérique est moindre, son ébullition se situera en deçà. J'aménagerai donc ma théorie, et donc ma "loi de la nature" (celle que ma culture lui prête), de conditions et exceptions. Ces "lois de la nature" sont bien celles que la culture lui trouve. C'est bien ainsi que la démarche scientifique construisait sa démarche au début du dix-neuvième siècle.
Les années post-modernes nous ont donné à voir que la question de l'émotion, (ou fonction émotionnelle), jouait un rôle important. Ce rôle devenait même essentiel dans l'ancrage et la validation de ces lois et constats, issus de la dialectique scientifique. Nous savons depuis que c'est tout notre imaginaire qui est convoqué dans ce processus. Effectivement si je me fais mal en sautant depuis la fenêtre du premier étage, la sensation de chute et les douleurs à l'arrivée, ne manqueront pas de marquer fortement ma mémoire et ma compréhension du phénomène.
Dès lors, une fois bien vécue par moi, "je sais" ce qu'est l'attraction universelle, et donc la pesanteur. Par ailleurs, nous savons que l'image que je perçois dépend aussi de celui qui me donne une information. Elle s’avère même décisive, en termes de niveau d'acceptation de ladite information. Si c'est mon médecin qui m'indique les risques bactériologiques sur la santé de mon enfant, j'aurai plus tendance à prendre acte de cette information… Alors que si le même propos était venu d'un cuisinier du fast-food local, ou de mon adorable facteur, il en aurait été tout autrement…
Ainsi, ce sont bien trois pôles qui sont convoqués dans l'élaboration de ma connaissance : le pôle de la matière et des faits, le pôle de la socialisation, avec ses lois et règles élaborées socialement en connaissances, et le pôle de l'imaginaire qui m'est propre, mais pas seulement...
A partir de là, je vais passer à l'action et la chaîne cognitive, dans cette même démarche, refait un tour complet du processus.
Revenons à notre lâcher prise. Il existe, assurément, des faits qui nous gênent. Il y a, parmi ces  faits, ceux qui s'imposent à moi parce qu’ils me concernent, et m’affectent. J’ai dans ces conditions, le sentiment que je dépends d’eux… Mais je n'ai pas la main pour les changer. A côté, il y a ces valeurs sociétales qui dirigent ma personnalité, et la font tenir droite. Ce sont les notions de force de caractère, d'obligation de résultats, associées au sens du combat, et de la victoire. On ne peut les dissocier des notions de pouvoir, de contrôle et de maîtrise, ni des questions de rivalité et d’appât du gain, toujours plus grand ou meilleur, etc.
Comme nous l'avons vu, ce pôle émotionnel et imaginaire intervient systématiquement. Je me sens souffrir de me voir floué, perdant, abusé, blessé sur mes enjeux, mes intérêts, mes objectifs ou l'image de moi.
Ce que je constate c’est que je ne peux rien sur les faits eux-même. Ils me sont extérieurs, étrangers. Cependant, je me rend compte que sur les deux autres pôles, je peux “tout”. A savoir que mes émotions, mes attentes m'appartiennent et que j'en suis un co-constructeur.
Je peux, dans ces conditions, les modifier ou les lâcher. Mais il m’est aussi possible, simultanément, de me défaire de ces valeurs sociétales (celles que justement j'ai fait miennes). C’est à ce moment que je vais pouvoir me défaire (ou défaire l'objet), mais aussi en limiter la prégnance, en revisitant la hiérarchie des valeurs (et mes valeurs). Pourquoi serais-je obligé de vaincre, de gagner toujours plus, de conquérir toujours davantage ?
Les autres sont-ils tous des concurrents ? Ne sont-ils pas aussi des partenaires ? Ne sont ils pas à considérer comme ceux avec qui je construis, aime, réalise, et me passionne ?...
Dès lors, "lâcher prise" revient à répondre à cette injonction de la sagesse Zen : "Connaître les choses que je peux transformer, celles sur lesquelles je ne peux rien, et la sagesse de faire la distinction entre les deux".
Ainsi, je ne peux rien sur la réalité des faits. Mais la manière dont je les considère dépend de ces valeurs et règles sociales que j'ai fait miennes. Ce sont donc bien ces émotions et ces enjeux qui me dirigent.
Ainsi, je ne lâche rien sur les faits puis qu'ils ne sont pas moi, ni à moi. Je peux prendre de la distance sur les valeurs sociétales qui m’orientent, (et reprendre ainsi,le gouvernail de ma vie). Je peux aussi reconsidérer mes objectifs, mes intérêts et mes enjeux, et revoir donc l'image que je me fais de moi. C’est en intégrant ces paramètres que je saurai privilégier ce que je veux être, plutôt que ce que je "dois" être. C’est ainsi que mes émotions peuvent en être changées.
Si la sagesse consiste à faire la différence entre ce sur quoi je ne peux rien, et ce sur quoi je peux agir pour y avoir le geste juste, alors tout, soudain s’éclaire…
Je peux alors accueillir ce qui est, (les faits), laisser passer ce qui était, (les convenances sociales), et laisser faire enfin, ce qui vient (émotions et imaginaire), tout “naturellement”, et sans vraiment en tenir compte. N’est ce pas là, le début de la Sagesse ? Peut être changerons nous alors avantageusement notre horizon...
Jean-Marc SAURET
le mardi 20 novembre 2018
Lire aussi :  "Le lâcher prise"



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