"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Le transhumanisme, pour qui, pourquoi, et pour quoi ?

Qu'est-ce que le trans-humanisme ? Ce trans-humanisme, en un mot (ou en deux) apparaît aujourd'hui comme l'avenir de l'humanité. On peut le considérer aussi, comme la nouvelle frontière à conquérir ou dépasser, voire également comme la nouvelle religion de la science ?
Certains n'y verront, avec une certaine justesse, que la résurgence de l'eugénisme du début du vingtième siècle, celui qui prônait, justement “l’homme nouveau”. Ce concept correspondait bien à l'idée que certains se faisaient de "l'homme".
A y regarder de plus près, ce phénomène ne serait donc que la matérialisation d'une vision matérialiste et mécaniste de l'humain. Cette conception s'oppose à un autre schéma : celui qui dispose d’une approche organique du monde, et de l'humain qui y participe. Nous retrouvons une fois encore cette dualité de représentations. Elle nous accompagne et nous suit partout. C'est un fait.
Ainsi, assistons nous à une montée de réactions individuelles, constituant, en tant que telles, une tentative de secours présumés. La “bouée”, ou la roue de secours ne peuvent pas être à l’échelle des enjeux sociétaux.
Face à une mondialisation qui les rend perdants, nombre de personnes pensent que des solutions personnelles et individuelles sont les plus appropriées. Le progrès, ou réputé tel, ne porte plus le projet de l'humanité. Il faut donc se l'approprier ou s'en dégager, pour tenter de “s’en sortir”. C’est dans ces conditions que chacune et chacun tente de “maintenir la tête hors de l’eau” par ses propres moyens, (et/ou pour son propre compte).
A force de voir des individus prendre sans vergogne possession de la planète, la réaction ordinaire est de "faire pareil", de s'en sortir par soi même, de ne plus faire appel à qui que ce soit. Le monde apparaît bien comme étant celui des prédateurs. La réaction est logique, bien que totalement insatisfaisante, trop courte.
Au milieu de ce courant là, la solution de type "new age" semble être la bonne, par ce qu'intègrant la santé du corps et/ou de l'esprit, elle se situe bien en dehors de ce monde mécaniste et matérialiste.
Or, que font les industriels du numérique, les GAFA par exemple ? Ils ouvrent une démarche de "salvation" de l'humanité par le développement mécaniste de l'individu et le nomment le trans-humanisme. C'est par ce canal que se fait le retour à l'eugénisme. Sauver l'humanité, d'accord, mais de quoi, comment, et pour quoi faire ?
Quelle est cette finalité que vise le transhumanisme ? Eh bien, il s'agit de la même finalité que celle que l'eugénisme cherchait : développer, en l’espèce, les potentiels humains pour en faire un "sur-humain", un humain nouveau aux pouvoirs et capacités accrus. Même si ce n'est plus par la génétique, mais par le développement technologique, la finalité, le résultat, sont les mêmes.
La démarche ne pouvant être et ne visant d’ailleurs pas à être universelle, ce ne sont que quelques-uns qui y accéderont (s'ils y arrivent). Il s'agit donc bien, encore une fois, de constituer en fait une élite.
Mais il y aura, là aussi, plus de perdants encore, comme le montrent les journalistes Charles Parragin et Guillaume Renouard dans un article érudit du Monde Diplomatique d’août dernier.  La démarche de développement de cette singularité ne serait, selon leurs recherches, que l'apanage des GAFA, (plus quelques autres), pour atteindre leurs propres objectifs de développement. Il s'agit en fait de créer par aspiration le besoin de développement technologique dont ils sont les propriétaires. 
En bons pompiers-pyromanes, ce qu’ils souhaitent, c’est de valoriser un problème dont ils s’apprêtent à commercialiser la solution. Il ne s'agirait donc pas d'un quelconque humanisme, mais d'un simple développement commercial. Ce sont bien mes conclusions à ce point, mais voyons cela de plus près.
Le transhumanisme agit comme une planche ou promesse de salut en écho à des "angoisses sociales" apocalyptiques : la planète va mal, les crises économiques semblent se succéder, la pauvreté menace de plus en plus de monde, les pénuries énergétiques se profilent, etc... Alors, le courant trans-humaniste propose de passer directement à la solution individuelle sans passer par la case sociale, voire sociétale, comme si les sociétés étaient dépassées. 
Le développement artificiel de capacités physiques et intellectuelles semble réenchanter un monde fini. Le robot annoncé mais menaçant devient l'allié de l'humain. Ainsi, le risque existentiel du développement technologique se donne une finalité heureuse et bienveillante. Cependant, l'objectif de ce type de développement reste encore une appropriation du big data, une prise de pouvoir sur les choix des personnes à des fins commerciales. Il s’agit bien ici de captation de marchés ! Pour approfondir et entrer dans les détails, je renvoie à l'excellent article du Monde diplomatique.précité.
Ici, l'angélisme n'est pas de mise. Les investisseurs dans le transhumanisme sont “bizarrement” les propriétaires des technologies d'exploitation du big data, les GAFA. La visée de ce progrès n'a rien de chaleureux, de tendre ni de bienveillant. Si elle en a l'aspect, elle n'en a pas la réalité. Alors, nous pouvons laisser tomber cette fausse promesse, artefact d’une réalité trompeuse. Il nous reste à regarder d'un simple coup d’œil ce qui serait un développement réel de l'humain et de l'humanité.
D'un point de vue social et sociétal, il y a, en cette occurrence, un véritable choix à opérer. Voulons nous que l'humanité progresse ?... Ou seulement et physiquement quelques personnes qui en auraient les moyens (matériels, physiques ou intellectuels) ?
Seule la première option respecte les valeurs d'un certain humanisme, et encore faudrait il qu'il soit “échosophe”.
Regardons pour l'instant cette finalité d'amélioration de la personne humaine, (l'ouverture et le développement pourront faire l'objet d'autres articles). Qu'est-ce qui ferait un "mieux humain" ? Si l'on se place dans l'optique mécaniste du monde, il s'agit bien, comme dans la démarche de transhumanisme, de développements de capacités intellectuelles et physiques, matérielles et techniques.
Et si nous nous plaçons dans une optique organique et “échosophe”, c'est à dire en regardant le vivant de l'humain et de l'humanité dans son milieu, ce "mieux humain" serait alors dans un nouveau champ. Un champ résolument  moral, éthique, assis sur un fond d’intelligence et de connaissance.
Il s'agirait alors que tout un chacun puisse développer ses accès à la connaissance. En l’espèce, accéder à la connaissance de soi, des autres, de l'humanité, du monde, des interdépendances et des reliances. Il faudrait aussi savoir quoi en faire et comment… Le processus, à ces conditions pourrait aller  jusqu'à la perspective de solidarités efficaces. Certaines pourraient être qualifiées d’efficientes.
Alors, la notion de progrès changerait radicalement. Car selon ces nouvelles normes, la finalité d'évolutions se transforme totalement, et le chemin aussi. Je ne donnerai pas ici de directions définitives, mais laisserai la porte ouverte sur ces pensées qui nous ont précédé et que d'aucuns brandissent aujourd'hui; Mais sommes nous en capacité de les voir ?
Je m’arrêterai sur quelques propositions de quelques personnes un peu moins connues. Philippe BOBOLA, physicien et ethnologue universitaire, nous indique que “ La vie est l'intrication d'éléments. Une cellule isolée est morte. Un être vivant est toujours relié et a le sens du lien. Dans l'univers, les contraires ne sont pas contradictoires mais complémentaires". Nous faisons partie “d'un tout de nature”. Non seulement nous en dépendons, mais nous y sommes de surcroît agissants malgré nous.
Jacques Ellul, historien, sociologue et auteur du livre “Les nouveaux possédés”, (Fayard 1973), y développait une approche originale : "Ce n'est pas la technique qui nous asservit mais le sacré transféré dans la technique, qui nous empêche d'avoir une fonction critique et de la faire servir au développement humain".
Le Dalaï Lama confessait que "La planète n'a pas besoin de gens qui "réussissent". La planète a désespérément besoin de plus en plus de faiseurs de paix, de guérisseurs, de conteurs d'histoires et de passionnés de toutes sortes". Il ouvre là un champ de progrès bien différent ... Et il y a encore tellement à dire et à faire...
Jean-Marc SAURET
Le mardi 9 octobre 2018

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