L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Approche déductive et approche intuitive

Nous avons pris l'habitude depuis près d'un siècle de parler, à propos de l'activité de notre conscience, voire de notre cerveau, de part consciente et de part inconsciente. L'activité consciente de notre cerveau comprend conventionnellement toute l'activité rationnelle, c'est à dire toute celle que notre culture occidentale considère comme majeure, première, essentielle et primordiale. C'est bien normal puisque, comme nous l'avons vu, depuis Descartes, le monde se perçoit comme une énorme mécanique régie par des lois que des constantes installent. Toute notre activité de connaissance consiste à comprendre, déduire, acquérir toutes ces lois mathématiques qui régissent "la grande horloge".
L'activité inconsciente devient donc, par défaut, l'ensemble de cette activité qui échappe à la rationalité et qui ne tombe donc pas sous le coup des lois de la nature, "celles-là même que notre culture lui trouve" (sic Serges Moscovici). Mais l'expérience nous interroge et nous dit que là où nous pensons qu'il n'y a que croyance et illusion, il y a simplement quelque chose que notre culture ne comprend pas.
Il me souvient cette histoire relatée en famille par l'intéressé. Jeune homme, ce garçon était en mission militaire au Tonkin. Fréquemment, lors des gardes de nuit, une sentinelle postée à l'un des lieux à surveiller, disparaissait. Un jour, ce fut au tour de notre personnage d'assurer la garde. Il raconte qu'en fin de nuit, alors qu'elle était encore totalement noire, il vit deux lueurs au loin qui s'écartaient sensiblement. Il fit les sommations d'usage et, au lieu de tirer en l'air, dirigea son arme vers les lumières et lâcha le coup. Celles ci disparurent... Au petit matin, il découvrit un tigre allongé mort devant lui.
Quand il rentra chez lui, sa mère lui demanda ce qu'il avait bien pu se passer une certaine nuit. "J'ai vu du sang, et j'ai prié" lui dit elle. Cette nuit correspondait à celle où il avait abattu le tigre dans le noir total.
Quand le protagoniste racontait cette histoire, chacun l'entendait selon ses croyances ; c'était le signe de dieu, de la chance ou une coïncidence, voire une interprétation à posteriori, etc. Si la nature a horreur du vide, la nature humaine a horreur du vide de sens. Là où il en manque, elle en met. Chacun le fait selon ses critères et ses références (constituant ses croyances et ses convictions)...
Mais il y a une autre approche, portée par quelques articles scientifiques qui s’immisce dans la construction du sens. Nous en avons déjà fait un usage culturel important, même jusqu'à la simplification abusive et erronée. Il s'agit en l'espèce de cette asymétrie cérébrale lancée dans les années soixante-dix par Geschwing, Levisky et Galaburda, neurologues de l'université de Harvard. Cette approche considère deux hémisphères distincts et dédiés de notre cerveau : un cerveau gauche calculateur, rationnel, déductif et discursif, et un cerveau droit émotionnel, créatif, symbolique et intuitif. 
Bien que cette considération n'ait rien de scientifique, elle met en valeur deux approches pratiques dans nos façons de concevoir le réel : une approche  analytique, rationnelle et déductive d'orientation logique et mécanique, versus une approche analogique intuitive, dite émotionnelle, d'orientation inductive et organique.
Cette considération, contestée ou non, nous indique cependant que les deux approches coexistent dans notre réalité sociale, qu'elles sont prises actuellement en compte et considérées comme réelles. Et nous proposons de nous arrêter un instant, à ce point de notre réflexion. Car c’est bien dans ces conditions que l'approche matérialiste, comptable et mécaniste, peut se voir opposer une autre forme, alternative. Celle que l’on peut qualifier, justement, d’essence organique intuitive et créatrice. 
Rien n'est encore tranché, à ce stade là, sur leurs pertinences respectives, mais la considération sociale de leurs réalités est bien là.
Mais allons plus loin. Nous savons que le rapport au réel relève d'une certaine idée que nous nous faisons du monde. Par là même, tout ce que nous y voyons doit rentrer dans les "cases" de cette représentation. Si ça ne rentre pas, nous avons l'habitude de forcer la nature pour que ça rentre. Si ça ne rentre toujours pas, alors la réponse est simple : ça n'existe pas... 
Mais l'existence de l'alternative d'une approche intuitive défait ce dernier mode de faire. Elle s'y substitue. En effet, avant de dire que "ça n'existe pas", nous commençons à regarder comment ça pourrait exister autrement. Ainsi l'histoire de la sentinelle au Tonkin existe en tant que telle, même si nous n’avons, à ce stade, pas pu répondre au phénomène qu'elle soulève.
D'autres approches ont aussi commencé à exister dans cette brèche d'intuition ouverte dans le rationalisme le plus "pur". Je pense, par exemple, à ces nouvelles approches de la médecine dite parallèle ou douce. Je fais référence à l'acupuncture, à l’ostéopathie, à l'hypnose ericsonienne, à la sophrologie ou à la méditation de pleine conscience. Nombre de praticiens de la médecine allopathique s'y réfèrent, voire les utilisent. 
Il me souvient qu'un hôpital de province, spécialisé dans les thérapies du cancer, propose à ses patients soumis aux rayons, les coordonnées d'un "coupeur de feu". Je pense aussi au psychiatre Christophe André qui introduisit la méditation de pleine conscience à l'hôpital psychiatrique Sainte Anne comme thérapie de la dépression, entre autres.
Mais regardons quelques éléments de plus près. Une des particularités de l'hypnose ericsonnienne et de l'auto-hypnose, est de "s'adresser" directement au "pilote" de son corps. Les praticiens le nomment l'inconscient. Il s'agit, dans ce cas, de "programmer" une action curative ou réparatrice (par exemple pour l'arrêt de la consommation de tabac ou la perte de poids). Ces termes sont certainement impropres, mais ce sont ceux que cette approche utilise, afin que quiconque comprenne bien ce dont il s'agit. 
Dans les recommandations, la pratique réclame que les demandes et injonctions soient toujours formulées dans une forme positive. En effet, le cerveau ne recevant pas les formules négatives, il ne retient que les substantifs utilisés. C'est un fait que le cerveau "fonctionne", travaille, s'active comme il sait le faire le mieux. En d'autres termes, il procède par association (et non par analyse et déduction). L'intelligence symbolique prend alors le pas sur toutes les autres activités, notemment la "rationnelle".
Que penser  de l'approche rationaliste quand elle nous serine ce type de contre vérité : "les riches seraient plus entreprenants s’ils payaient moins d’impôts" ; et sa variante "les pauvres seraient plus travailleurs s’ils recevaient moins de subsides"...
Une approche organique humaniste nous fait remarquer que ce qui est en jeu ici n'est pas la logique déductive mais la considération des personnes : ainsi, ressort de cette assertion abusive le fait que les riches le sont parce qu'ils sont intelligents et entreprenants, quand les pauvres ne le sont pas et ne sont bons qu'à exécuter. Le nazisme reposait aussi en partie sur ce type de considération.
L’intérêt, donc, de l'émergence d'une approche intuitive, n'est pas de se substituer à l'approche rationnelle, mais de venir la compléter et l'enrichir, comme nous venons de le voir dans ce court exemple.
Il y a, c'est vrai, deux chemins, deux voies vers la connaissance : la voie rationnelle et la voie dite "irrationnelle" par la première qui y fourgue l'émotion, les pulsions et autres instincts que la raison ne semble pas pouvoir maîtriser. L'occident a savoureusement développé la première comme étant la seule valide, voire valable, quand l'orient a développé quelque chose laissé dans l'ombre de notre culture : l'intuition. 
Quand une s'inscrit dans une représentation mécanique du monde, sous la dictature stérile et mortifère du chiffre et de son contrôle, l'autre s'inscrit dans une représentation organique de l'univers où tout, et aussi chacun, s'inscrit dans une harmonie éphémère, vivante et créatrice. La rencontre pragmatique de ces deux approches historiques nous permettra très certainement d'aller de l'avant, tant pour soi-même que pour les organisations dans leur management. C'est toute l'ambition de cette représentation... rationnelle pour autant... quoi qu'aussi intuitive par réalisme.
Jean-Marc SAURET
Le mardi 2 octobre 2018
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