Nous
avons plusieurs fois indiqué les symptômes d'un certain retour du
totalitarisme en Europe. Les mouvements nostalgiques du troisième
Reich sont légions (et ce n'est pas là un jeu de mots). Un nouvel
événement nous indique que l'escalier est bien en train d'être
gravi tranquillement.
Le
18 mai dernier, en Italie, le Mouvement Cinq Etoiles et la Ligue,
avant même de révéler la composition de leur future équipe
gouvernementale, ont présenté leur contrat de gouvernement. Il
prévoit explicitement d'interdire l'accès au gouvernement aux
personnes condamnées pénalement ainsi qu'aux francs-maçons. La
confusion des genres est alarmante. Bien-sûr, le grand orient
d’Italie a vivement réagi déplorant une décision qui
rappelle les lois fascistes d'avant guerre. Mais je n'ai pas vu, en
Europe, de mouvements politiques d'indignation. La mollesse
de la démocratie, comme l'avait déjà fustigé en son temps
Pierre Mendès-France, ouvre la place aux entrismes et au
conquêtes de l’extrême droite. Bien que cette déclaration
italienne soit contraire aux principes constitutionnels du pays, la
boue brune passe par n'importe quel interstice laissé ouvert pour
venir dissoudre la démocratie, réduire les libertés, installer son
"ordre juste et justifié".
Nous
sommes justement en train de nous demander quand arriveront les
prochaines interdictions au juifs, aux gays, aux handicapés ou
autres descendants de certains types de migrants... Ainsi, le 9
juillet 1940, à la quasi unanimité (moins trois députés et un
sénateur) Laval et Pétain abolissaient la troisième
république, et ouvraient la voie à un changement
radical et totalitaire interdisant justement toute fonction
régalienne aux juifs, aux franc-maçons, aux gays et autres
"déviants sociaux". C'était pour la bonne cause,
semble-t-il... et pourtant ce fut le début d'une des périodes
les plus sombres de notre histoire. Cette mise en parenthèse de la
république "a permis" de supprimer communistes, juifs,
franc-maçons, nomades, tziganes, handicapés et toutes
personnes en opposition à l'occupant et à ce régime prosterné
devant lui.
Comme
disait Churchill, l'histoire ne se répète pas, elle bégaie...
Il n'est nul besoins d'épiloguer, nul besoin de démontrer quoi que
ce soit, le populisme extrême-droitier est en marche en Europe et
nous prépare à de certains lendemains qui déchantent. Pouvons nous
avoir assez de lucidité et de vigilance pour simplement donner ceci
à voir, et le dénoncer chacun à son niveau... et celui ou
celle qui dira qu'il ou elle n'est pas concerné pourrait bien être
considéré comme un combattant de l'autre camp, celui de la
boue brune…
A
cet égard, la résistance s'exprime et s'organise, même doucement. Et l’on se
souvient du Pasteur Niemöller, d'abord adhérant du parti Nazi,
puis, comprenant ce qu'il se passait, il s'en excluait pour finir
déporté à Dachau, où il rédigea, en 1948, ce poème :
«
Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai rien
dit, je n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n'ai rien dit, je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour dire grand chose, plus personne pour me défendre. »…
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n'ai rien dit, je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour dire grand chose, plus personne pour me défendre. »…
Cette résistance puisse-t-elle retentir
aujourd'hui, pour nous faire comprendre avec Churchill, que l’histoire béguait encore...
Jean-Marc SAURET
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