"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

La liberté est-elle génétique ou culturelle ?

Je suis revenu sur un article publié le 25 février dernier dans "Le Monde". Il indiquait qu'il n'y a plus de chevaux sauvages sur terre. Les derniers “soupçonnés” d’ailleurs, étaient les chevaux de Przewalski, qui possédaient des gènes de domestication depuis près de cinq mille ans. Le cheval de Botaï qui en est issu, serait le premier à posséder ces gènes là. Dans ces conditions, je me pose la question de savoir si les gènes font la façon d'être au monde, et si “tout” est vraiment génétique ?
Et si c'était le cas ? Comment alors les mutations seraient-elles possibles ?
Joël de Rosnay apporte une réponse sur ce point dans son ouvrage "La symphonie du vivant " (mars 2018). Il reprend le concept d’épigénétique, et précise que l’on serait, ici, en présence d'un processus par lequel l'usage et la pratique influent sur la fonctionnalité des gènes.
Ici, le "faire" agit sur la matière. Les gènes n'apparaissent alors que comme des supports de potentialités que l'usage rendrait actif, effectif ou pas.
J’entends le propos comme le “retour à la raison” d'un courant de pensée "tout génétique". Celui ci, ne pouvant se passer de ses "trouvailles" passées, se tord le cou pour justifier de ladite génétique.
Elle ne serait plus, en fait qu'un potentiel. Dans ces conditions, ce seraient donc l'usage, les pratiques, l'apprentissage, bref "la culture", qui en constitueraient le “moteur”. L'usage serait donc bien la raison de nos évolutions, voire de nos "déterminations". Nombre de psychosociologues le savaient et le disait déjà haut et fort.
Alors, je ne suis pas contrit d'apprendre qu'il n'y a plus de chevaux possédant le marquage génétique de leur état sauvage. Du coup, je me pose bien d'autres questions… qui ouvrent de nouveaux champs !
Est-ce que le salariat, dont Gandhi disait qu'il était l’apanage des esclaves, aurait des fondements génétiques,... et l'entrepreneuriat (c'est comme cela que l'on dénomme le désir d'autonomie s'opposant au salariat) un autre ?
Est-ce que l'autonomie et la liberté sont des postures portées par des éléments génétiques ? Et si, comme l'a développé la psychosociologie (avec l'école des représentations sociales), seules les représentations de soi et du monde, engendraient des postures efficientes. On pourrait alors en inférer que c’est bien l'intériorisation de représentations sociales qui construirait lesdites postures. A partir de là il devient loisible de penser que le seul fait de transformer son critérium de valeurs et de représentations pourrait suffire à modifier nos attitudes, postures et comportements... Ce ne sont d’ailleurs là que des réponses propres à l'école des représentations sociales… celles là mêmes qui reviennent à la surface avec les nouvelles propositions de l'épigénétique.
Mais poussons le bouchon juste un peu plus loin : et si nos peurs et nos espoirs, nos conceptions des possibles et des impossibles, trouvaient leurs sièges dans nos représentations du monde ? ... Et si celles-ci avaient un socle “seulement” culturel ? ...
Et si la culture ressortissait uniquement à nos "consciences du réel” ? (c’est ce qui constitue, justement, les fondements de la psychosociologie) !
Voilà qui serait bien susceptible de mettre à bas le vieux clivage de l'inné et de l’acquis, l'opposition ancienne entre nature et culture. Voilà qui pourrait permettre l’émergence d’un nouveau débat de fond entre conscience et matière.
Quand je me pose la question de savoir si la liberté est génétique ou culturelle, c'est de ce débat clivant dont il s'agit. La conception cosmogonique qu'il y a derrière est bien l'une de ces deux là.
On retrouve ici aussi le débat sur la dynamique des organisations : sont-elles mécaniques (cf. le taylorisme) ou organiques (cf. l'humanisme). Ce sont bien nos conceptions du réel qui déterminent nos adhésions à tel ou tel autre côté du débat. Le psychanalyste Marie-Jean Sauret posait dans un de ses premiers grands ouvrages ("Croire", Privat 1989), que le fait même d'être inscrits dans le langage, nous installait dans une pratique de croyance, parce que les mots rendaient présent le "réel", autrement dit "ce qui n'est pas là" . Les mots, dans la double articulation du langage (cf. Benveniste), nous mettent dans cette posture de croyance puisque nous traitons, en l’espèce, des représentations des choses comme d'objets réels.
Ainsi, que nous soyons convaincus de la prédominance de la structure matérielle ou de la construction culturelle et psychologique sur de la dynamique du vivant, ce n'est pas le réel qui s'impose à nous,... mais bien notre croyance dans l'un ou l'autre principe. Kant écrivait que c'était nous même qui prescrivions à la nature ses lois. Moscovici écrivait que les lois de la nature sont celles que la culture lui trouve. Alain Touraine reprenait ce principe dans son "agir communicationnel".
Au delà, Levi-Strauss témoigne dans ses carnets de voyage, de ces comportements humains qui ont tendance à voir dans les événements, et comportements d'autres, leurs propres schémas de pensée.
Alors, non pas en terme de conclusion, mais en forme d’amorce, pour de prochains débats, la liberté dépendrait bien de la décision de chacun et de chacune, assortie au fait d'y croire ou pas.
C’est bien cette décision qui va “modifier la composition de la matière”, et cela ne me gène pas le moins du monde. Que cette modification soit la trace du changement de comportement, ne me dérange pas non plus. Que je sois co-responsable de ma liberté de faire ou ne pas faire, me convient tout à fait. Que je partage cette responsabilité avec la "socialité" dans laquelle je m'inscris, me paraît tout à fait pertinent. Effectivement, je prend la liberté de dire, et donc de le dire.
Le point de départ, ce sont bien mes convictions propres. Et je saurai les justifier, les assumer et les porter, dans quelque débat que ce soit. Et je crois bien, en cette occurrence, que c'est essentiellement de cela dont il s'agit, à propos de ma liberté.
Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 17 avril 2018




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