Je
visionnais quelques images publicitaires de la série "Game of
thrones". Elles montraient des hordes guerrières prêtes à
l'affrontement. Pour elle, on ne suppose aucun état d'âme, ni
raison de guerroyer, seulement une détermination au combat. Je
comprenais que ces personnages n'en étaient pas. Ils étaient juste
des combattants, des guerriers. Peut être, sans doute, ne
savaient-ils rien faire d'autre. J'imaginais donc que cette
représentations des masses et des gens, prédéterminés et dédiés,
était culturelle, factuelle et actuelle. Si non, comment cette série
pourrait-elle séduire actuellement des foules ?
Il
me revenait aussi que dans les films du "Seigneur des anneaux",
on retrouvait les mêmes éléments dans la présentations des
différents peuples de la saga. Les "gens" sont, par leur
appartenance, déterminés à des rangs ou fonctions. Je comprend que
c'est peut-être ainsi que les populations occidentales actuelles se
comprennent elles mêmes. C'est probablement de la même façon
qu'elles " comprennent le monde, c'est à dire des gens formatés
et dédiés. Il m'est apparu aussi que l'on retrouvait un
processus analogue dans nombre de séries à succès, éléments
que 'on retrouvait aussi dans nombre d’œuvres filmographiques et
ouvrages littéraires qu'il est loisible de regarder ou parcourir.
Ainsi,
"regarde"-t-on nos sociétés comme on "voit" le
monde des fourmis et des abeilles. Et pourtant, nous sommes bien
constitués de chair et de mouvement, de souffle et d'eau. Ce qui
oriente ce que nous faisons, c'est bien ce que nous sommes, ou plutôt
ce que nous nous pensons être...
Car
ce que nous sommes vient de la visions, de l'image (ou du reflet) que
nous avons de nous même. Voilà bien ce qui fonde notre posture. Il
n'y a pas un "tas de viande" d'un côté et le souffle d'un
esprit, et le mental de l'autre. Le fondement est donné par le fait
qu'il y a deux aspects conjoints qui coexistent, indissociables, fait
d'images et d'émotions. Redisons le : nous sommes cœur et esprit
(du seul mot Xin, en chinois). Si notre intelligence est symbolique,
ravivons là de ce qu'elle est, c'est à dire d'images et d'émotions,
voire de sensations. Et alors, seulement, nos actions correspondrons
plus exactement à nos croyances, à nos convictions, à nos
certitudes.
Il
n'y a d’ailleurs pas la réalité d'un côté et nos
croyances de l'autre. Comme l'écrivait Schopenhauer, la réalité
n'est que la conscience que nous avons des choses, là où se
trouvent nos convictions...
Comme
ce que je pense, ce à quoi je crois, détermine aussi les postures
des autres, mes convictions soulèvent le monde. C'est ce qui a
permis à Elisabeth CAVEZ
(dite De la Croix) d'affirmer que “Toute
personne qui hausse le regard soulève le monde entier”. Si nous
regardons nos proches, nos collaborateurs, nos dirigeants, comme des
être pleins d'intelligence symbolique, et donc plein de créativité,
ils auront tendance à le devenir. Si nous les regardons comme
sensibles et de raison, ils auront tendances à le devenir aussi,
nous renvoyant ainsi cette image renforcée. C'est là l'apport de la
sociologie constructiviste (cf. Paul Watzlawick)
Mais
nous regardons notre société des humains comme le monde des
fourmis et des abeilles, comme une mécanique d’horlogerie,
avec des gens destinés à des rôles, à des comportements, à des
fonctions, à des missions. Peut-être contribuons nous alors à ce
que ce monde soit ainsi, se développe comme une mécanique huilée
(ou non) ? Or, comme nous venons de le voir, ce que nous sommes, ce à
quoi nous nous destinons, notre "vocation", en quelque
sorte, ne vient que de notre visions du monde. Changez là ? ...et
votre destin va en faire autant...
Ainsi,
quand une problématique se présente à nous (et tout n'est
qu'affaire de représentation), nous la regardons comme une mécanique
complexe. Nous réclamons alors des outils, comme s'ils
faisaient tout. Nous semblons en être persuadés... Alors que c'est
d'un changement de posture dont nous avons besoin. Nous le trouverons
dans le changement de paradigme issu de nos représentations du
monde, de l'autre et de nous mêmes. L'usage même que nous faisons
des outils dépend de ladite posture.
Parce
que nous pensons que la réalité nous précède (conception
pré-moderne), qu'elle est évidemment la même pour tous et pour
tout, parce que les faits sont têtus, nous pensons aussi que la
réponse à nos problématiques sera toujours celle de la technique
ou de la technologie, de l'outil et de la procédure. Nous ne pensons
que rarement qu'elle puisse être celle de l'intelligence, de la
posture. "Les techniques ne valent que par ceux qui les portent"
répondait Jean-Pierre RIVES, ancien capitaine du quinze de France à
Philippe Labro qui le félicitait pour celles qu'il avait apporté à
cette équipe.
Vous
voulez changer le monde, devenir riche ou efficace, célèbre ou
innovant ? Changez votre vision du monde et la vision de vous même
dans ce monde ! Alors vous changerez de posture et c'est elle qui
fera peut-être de vous ce que vous visez. Sinon, vous risquez de
devenir ce que vous craigniez... Je ne dis pas que nécessairement
vous deviendrez ce que vous espérez, mais si vous ne travaillez pas
votre posture, vous n'aurez aucune chance d'y parvenir.
En
matière de management, j'attends le moment où les dirigeants
donneront - a priori - le sens de leur projet, dans la raison d'être
de l'entreprise... et se retireront alors pour laisser les
collaborateurs s'emparer du "comment le réaliser".
L'intelligence collective n'est pas une question ni de méthode, ni
d'outils, mais seulement de posture des gens, et notamment celle des
dirigeants.
Alors,
oui, en effet, notre travail sur nos représentations de nous-même
et du monde nous attend. Savons nous dire qui nous sommes (c'est
à dire ce que nous apportons) ?... Mais aussi à quoi nous servons
?... Quelle est notre raison d'être là ?... Ce peut être, par
exemple, un chevalier troubadour à la "triste" guitare,
triste pour tendre mélancolie, celle qui fixe les éléments dans la
mémoire ?... Plus généralement, tant que nous ne saurons pas dire
ce que nous voulons être (devenir, réussir, etc), nous ne saurons
pas y croire et moins encore y accéder...
Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 2 janvier 2018
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