"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

La dictature des apparences

Gérard Filoche a été exclu du parti socialiste pour avoir édité sur le réseau social Tweeter une image accompagnée de moins de cent quarante caractères. La raison prononcée de son exclusion est "incompatibilité avec la philosophie du parti". C'est à dire qu'un affichage instantané de quelques mots fait plus de sens que quarante ans de discours, d'écrits et d'actions militantes, voire de combats. Je ne viens certes pas faire l'avocat de Gérard Filoche, je viens juste montrer comment et sur quoi un parti prend actuellement ses décisions et pourquoi ça passe socialement sans accrocs. Je veux juste attirer l'attention sur le fait que ce mode de décision n'est pas propre à ce parti et qu'il fait le mode de vie et de pensée de toute une grande part de notre société : la décision se fait sur l'écume des choses. Nous sommes en pleine dictature des apparences. Le pouvoir est à l'éphémère...
Dans la présentation que j'ai déjà développée sur l'évolution sociétale* en trois vagues historiques, actuellement coexistantes et incompatibles (les modernes, les post-moderne et les alternants culturels), Gérard Filoche est un moderne. Le socle de sa pensée, et donc de sa posture (voir l'article "La vision guide mes pas**"), est fondée sur la rationalité, l'individu, la verticalité organisationnelle et la construction du futur. 
Or, le collectif qui le juge, la société qui l'enveloppe dans son air du temps, sont post-modernes, à savoir que leur posture est fondée sur l'émotionnel, la tribu, la "liance" et la "reliance" (cf. Marcel Bolle de Bal), et enfin "l'ici et le maintenant". Nous sommes passés, et je l'ai déjà présenté, d'une société de la construction dans un environnement rationnel de progrès (c'est la posture qu'illustre Gérard Filoche) à une société hédoniste, comme en a développé l'étude et la description le sociologue et philosophe Michel Maffesoli.
Voilà pourquoi Gérard Filoche ne peut pas comprendre ce qui lui arrive et proclame que c'est autre chose qui est jugé sur lui, et que le tweet n'est qu'un prétexte. Mais pour l'environnement sociétal, c'est le symbolique, le sens induit ou seulement compris d'un seul tweet qui fait symptôme, et donc qui fait sens. Pour ces gens là (ce public), c'est inacceptable. Leur imaginaire est frappé d'un sens en contre-sens et donc l'accusé devient un exclu de fait. C'est bien l'écume des choses qui prend le pouvoir.
Est-ce que ce cas est un cas isolé ? Probablement pas. Il est seulement emblématique de ce que sont nos rapports sociaux actuellement. C'est bien cela et seulement cela que je juge (pas l'ex-militant PS, il est un tout autre sujet). C'est aussi ce que je donnais à voir dans mon précédant article autour du phénomène "Balance ton porc", consécutif à l'affaire Weinstein.  
C'est aussi ce à quoi nous avons assisté lors de "l'affaire Léonarda", expulsée au Kosovo. C'est aussi ce qui s'est invité dans les primaires socialistes et de la droite, et aussi dans toute la course à la présidence du printemps 2017. C'est aussi ce sur quoi surfe le mouvement des "fémènes". La liste n'est pas exhaustive, loin de là, car c'est là notre air du temps post-moderne... 
L'apparent que révèle un élément fait plus de sens que l'histoire profonde dont l'analyse historique et sociologique est oubliée, inexistante, passée à la trappe. Serions-nous devenus une société idiote, émotionnelle, adolescente ? Très certainement... C'est ce moment post-moderne qui nous enveloppe. "Dieu merci", la route ne s’arrête pas là et le mouvement d'alternance culturelle se développe. Nous approchons inexorablement d'un moment de bascule vers un changement sociétal profond.
Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 28 novembre 2017
* voir les articles sur "Les nouveaux liens sociaux"
** voir l'article "La vision guide mes pas"

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