"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Sommes-nous si intelligents que nous agissions comme des...

L'intelligence n'est pas dans la capacité à calculer. Les ordinateurs le font bien mieux que nous. L'intelligence n'est pas non plus la capacité à diagnostiquer. N'importe qui sait le faire avec une check list à la main. C'est d'ailleurs ce que nombre de patrons ou de démarches qualité met en place pour les collaborateurs. L'intelligence n'est pas non plus la capacité d'application des meilleures solutions trouvées en laboratoires ou dans quelques articles. Nos enfants l'ont bien compris et nous l'avons itégré avant eux quand nous étions à l'école. Avant eux, nous avons inventé la tricherie, et bien d'autres nous avaient précédé.
L'intelligence réside peut être dans la capacité à raisonner avec son environnement, à réagir en fonction de celui-ci à l'aune de nos préoccupations, à agir en résonance avec ce à quoi nous appartenons, ce "de quoi" nous participons. L'intelligence serait alors la capacité d'harmonie entre notre "intérieur" et les contextes externes, et rien d'autre. Et pourtant, notre représentation ordinaire de l'intelligence étant toute autre, nous ne faisons rien de cette harmonie et continuons à prendre l'intelligence pour l'une ou l'autre de ses applications. Résultat, nous nous fourvoyions dans des pratiques inutiles, voire contre productives...
Par exemple, dans nos organisations, a-t-on vraiment besoin de ces temps d'évaluation que l'on nomme "audit" ou "Diags" ? Alors que nous demandons aux employés d'être solidaires et polyvalents, l'organisation les évalue individuellement. Il y a là un premier paradoxe. Mais un autre paradoxe est de leur demander de la responsabilité et de l'autonomie tout en les évaluant, c'est à dire en leur retirant les conditions même de l'autonomie : "c'est le patron qui décide si c'est bon ou pas, pas toi..." second paradoxe et pas des moindres. 
Mais si là encore on chargeait le manager du développement des compétences de ses collaborateurs et l'on invitait par ailleurs ledit collaborateur à devenir acteur de sa formation. Là aussi, il faudrait savoir ce que l'on veut. C'est là un troisième paradoxe. De fait il semblerait que l'enjeux obscurcisse la considération de l'autre : "J'y tiens tellement que personne d'autre que moi n'est en capacité de savoir ce qu'il faut faire". En d'autres termes : l'autre est un crétin. C'est juste l'opposé de la conception humaniste pour qui l'intelligence est collective... 
Un des soucis du management actuel des organisations est bien constitué par le fait qu'il veut le beurre, l'argent du beurre et diriger la ferme : en l'espèce commander tout, et tout un chacun, en réclamant simultanément le meilleur de chaque collaborateur. Cela ne marche pas ainsi et encore moins avec l'explosion des technologies, des connaissances et leur accès direct sur la toile. Ne perdons pas de vues non plus, en cette occurrence, "l'indépendance radicale" que produit l'ultra-consommation. On ne peut plus dire aux gens qu'en tant que consommateurs, ils peuvent tout demander, qu'ils ont droit d'accès à tout et, en même temps dans l'organisation, leur indiquer que ce n'est pas eux qui décident... 
L'intelligence de chacun invite à l'humanisme ; c'est d'ailleurs là sa définition, sa raison d'être : développer la connaissance à l'aune de toutes les intelligences des personnes impliquées et concernées, parce que l'intelligence est aussi plurielle qu'il y a d'acteur dans le système.
Sommes nous alors si intelligents que cela en développant autant de postures paradoxales ? Voilà qui inciterait, au moins, à la modestie... car nos représentations mentales ne sont certainement pas à jour. Peut être avons nous perdu le sens réel des choses, voire même de nos propres intérêts. Il me souvient de ce comportement  paradoxal de staffs d'associations professionnelles : ils passaient l'essentiel de leurs occupations à récupérer et élaborer des outils, des processus et des procédures pour atteindre, ou faire atteindre à leurs clients et adhérents, l'intelligence collective qu'ils prônaient... Paradoxe ? Certainement ! Mais un processus, un outils, ça se vend, alors qu'une dynamique collective, non. Elle est déjà là, il y a juste à la voir, à la laisser vivre et il n'y a alors plus rien à monnayer. Posséder des "objets, trucs et astuces" donne l'illusion d'être propriétaire, dépositaire, de l'objet visé : l'intelligence collective. Ces staffs font là la preuve d'en manquer, d'avoir perdu le sens des réalités.
En effet, la perte de sens vient de l'absence de raison d'être et cette raison d'être se construit dans le lien social, le collectif, le sociétal. Elle s'incarne alors dans le leadership. La raison d'être d'une entreprise, d'une organisation, dit "à quoi elle sert", "pour quoi elle est faite". La perte de sens vient donc d'une déconstruction du collectif, de l'être ensemble, du lien social, des valeurs et des finalités de notre "être là". Par ailleurs, il y a la raison d'être de chacun qui nous dit ce que nous apportons au projet et, sans la raison d'être du projet, nous ne pouvons pas savoir qu'elle est la notre et celle de chacun des partenaires. Voilà, me semble-t-il, le cœur de la problématique.
De ce fait, nous semblons assister (ou avoir assisté impuissants ?) à une déconstruction sociale de la personne au profit d'un profil de consommateur. Nous voilà réduits au rôle d'un  individu assujetti dont le comportement (sa raison d'être sociale) serait définie par sa quête de jouissance et non par son intelligence. Intelligence qu'il serait loisible de définir comme sa capacité à organiser son processus vital, à s'inscrire dans son milieu. Et pourtant nos publicistes, marketeurs et autres gestionnaires d'entreprise, nous rabâchent qu'être humain en société c'est s'inscrire dans son milieu social... Oui, mais celui de consommateur, pas de réalisateur, de contributeur, ni de créateur responsable.
De fait, quand, dans nos représentations, la personne est réduite au rang d'individu, on ne construit plus du collectif, du lien social orienté et réfléchi, mais un ensemble d'éléments perpétuant l'individu assujetti. Il s'agit alors d'une adaptation individuelle à un cadre donné, pour le distraire du spectacle du monde. 
Et ceci le coupe de son pouvoir faire, de "la prise" sur le monde, bref, de l'exercice de son intelligence, et donc de son intelligence même. Sommes-nous si intelligents que nous agissions comme des... assujettis. Savons-nous que nous pouvons réagir en fonction de nos objectifs et de la connaissance que nous avons de notre environnement ? Cette approche s’avère particulièrement pertinente, et notamment dan ce contexte où les "grands commerçant" nous inscrivent ? 
Avons nous bien pris conscience que le monde a changé,... et assurément, en notre faveur ? Ce n'est pourtant pas ce que nous dit le marketing et cependant c'est bien le cas. Il nous faut décidément après cette nécessaire prise de conscience, passer à l’acte, et à… l’action !


Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 17 octobre 2017

Lire aussi : " Le lâcher prise "

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