"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

On n'entend que ce qui nous préoccupe et cela écrase tout le reste

J'eus préféré laisser passer la vague médiatique avant de revenir sur l'affaire Weinstein et dérivées. Mais tant pis. Peut être faut-il battre le fer tant qu'il est chaud. Cette affaire présente les symptômes d'un principe simple : je ne vois et n'entend que ce qui me préoccupe et ce qui me préoccupe écrase tout le reste. Dès lors, je crois tenir une vérité et , dans ces conditions, plus rien n'est aussi important que cela. Mieux, ou pire, plus rien n'a d’existence, s'il n'y contribue ou n'y participe pas...
Qu'avons nous vu et entendu lors de cette vague ? Une collection de dénonciations et de témoignages de femmes ayant vécu des agressions sexuelles, sexistes et machistes de la part d'hommes dès lors nommés "porcs". Aucun autre propos n'avait de place. Et durant quelques jours, les radios, les sites d'informations, les blogs journalistiques et les réseaux sociaux, ont diffusé des messages en continue, plus outrés et irrités les uns que les autres.
Bien sûr, il y avait là matière à décrier, à s'indigner, à se rassembler devant l'horrible, à se réconforter si cela était possible. D'accord ! Pendant ce temps plus rien d'autre n'existait et, malgré la gravité du sujet (cet irrespect de gens et la violence aux personnes), je m'inquiétais de la tournure que prenait la vague publique. J'imaginais que le sujet fut autre et je revenais sur les événements avec un œil pointé sur la dynamique sociale. A quoi assistions nous ? 
Je remarquais d'abord qu'aucune réalité autre que le sujet ne pouvait exister. Je remarquais aussi une forte vague de participation, sûrement due à la fin d'un long silence coupable. Elle laissait à penser un besoin de participation, un besoin "d'en être", bientôt un besoin et une nécessité de contribution. En d'autres lieux et sujet, nous aurions nommé cela "hurler avec les loups". Je n'ai pu m’empêcher de revoir, en toile de fond, une période horrible, celle de la seconde guerre mondiale en France avec l'arrestation des juifs, et celle qui a suivi en quarante-cinq avec l'arrestation des "collabos". Il y avait alors cette fièvre de la délation, laquelle devenait le rite d'une célébration commune. Sans rien retirer à la légitimité du sujet de harcèlement et de violences sur des personnes, la délation s'habillait d'un dogme mono orienté : les femmes sont victimes des coupables agressions des hommes (si la démarche eut été volontaire et délibérée, nous l'aurions sûrement qualifiée de campagne d'ostracisme)Bien sûr, pas tous les hommes, mais toutes les femmes parce qu'elles sont femmes. Voici les conditions réunies pour qu'une "liturgie politique" qui se mettait en place.
Qu'y-a-t-il donc de coupable à cela ? Rien, je crains juste le phénomène de masse et un effet de halo. Mais il y a autre chose qui l’alimente. Il me souvient de cette responsable professionnelle sous les ordres de qui je travaillais un temps. Elle jouait ostensiblement de sa séduction, "bisant" certains de ses collaborateurs "méritants", massant ou caressant les épaules de ceux qu'elle considérait comme les meilleurs. Il n'y avait certainement pas de mal à cela, quoi que... Mais le management de cette personne était centré exclusivement sur ces rituels, indiquant qui était dans les clous et méritait ses faveurs, et qui n'y était pas encore et était ainsi appelé à s'y mettre. Un jours que nous étions en entretien et que ses jambes, sur la chaise en face de moi, ne cessaient de se croiser et de se décroiser, je lâchais, quelque peu agacé : "On ne manage pas en faisant crisser les bas nylons !" Le visage de ma responsable se figeât. Sa posture devint bien moins chaloupée et je payais rapidement et chèrement mon "arrogance" par une mise en quarantaine générale sagement organisée. Heureusement, un appel à de nouvelles fonction interrompit net la pantomime et me sortit du placard.
Qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes n'est pas le font du sujet. Ce dont il s'agit, c'est de la violence, de la manipulation, du mépris et de l'irrespect adressé aux personnes. Il y a un effet de dogme dangereux. La réduction à un seul type de relation efface les violences faites à d'autres catégories de personnes, ou à d'autres personnes plus simplement. Le silence de l'habitude, celui de l'absence de catégorisation de la victime, celui de l'inaperçu dans le flou continu de la vie, font que l'on n'en parle pas parce qu'on ne les voit pas. De ce fait, on ne les dénonce pas, on les laisse se faire, en étant soit même inconscient du phénomène. 
C'est ainsi que je pense au mépris involontaire des personnes en fauteuil roulant quand, les croisant, nous nous adressons à la personne qui pousse le fauteuil. Je pense à ces anciens que l'on dépasse sans retenue pour entrer plus vite dans le magasin, le bus, le métro. Je pense à cette poignée de main quand son auteur regarde ailleurs. Je pense à cet oublie de payer, remercier, signaler, l'auteur du travail fait. Je pense à ce reproche cassant fait à la personne qui arrive avec une ou deux minutes de retard. Je pense à toutes ces personnes que l'on a considéré occasionnellement comme "objet", et que l'on a laissé sur l'étagère de l’indifférence. Je pense qu'on ne voit que ce qui nous préoccupe et nombre de nos actes inconscients et irrespectueux, voire violents, restent dans l'ombre du silence.
Je pense aussi aux gens que la nature n'a pas doté de beauté, mais d'un physique ingrat ou insignifiant, victimes d'oubli, de mépris involontaires, comme celui d'oublier de les saluer, de leur parler, de les inclure dans la conversation, de les voir seulement. J'ai remarqué qu'en société, dans la rue, dans les maisons comme au travail, l'humour d'un beau est toujours supérieur à celui d'un laid, que l'intelligence d'un grand blond de trente ans est bien supérieure à celle d'un petit brun à lourdes lunettes. 
Je pense à tous ces actes de ségrégation involontaire et inconsciente vis à vis de gens pauvres, moches, salles, maghrébins, arabes ou juifs, gays ou infirmes, ou qui ressemblent seulement à leurs caricatures. Je pense au mépris et aux violences faites aux gens qui ne sont "pas de chez nous", qui ne pensent pas comme nous, qui ne sont pas sorti dans la rue dénoncer les violences faites aux femmes, ou qui ne se sont pas joints à la meute aboyante, voire même pas excusés parce qu'ils sont des hommes... Tout cela ressemble parfois à une curée.
Mais le système républicain est bien fait et ses référents, que sont ici en l’occurrence les avocats et les magistrats, nous ont alors rappelé à une réalité judiciaire, laquelle fait cadre à la réalité sociale quelque peu bousculée. Ils nous ont rappelé ce qu'est la dénonciation calomnieuse et la dénonciation mensongère. Ce rappel a eut l'heureux effet de taire pour partie l'effervescence populaire, le diktact de la préoccupation momentanée globalisante, pour ne garder que les faits réels dans une vision plus large et apaisée. Je dois l'avouer, je n'aime pas les mouvements de foule. Ils nous éloignent du bon sens... 
Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 31 octobre 2017

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