Je parlais de comportements sociaux
éthiques avec mon ami Jean-Christophe, officier de
gendarmerie, créateur de logiciels opérationnels et spécialiste du
net. Pour témoigner de cette éthique de droiture et de
bienveillance portée dans son milieu professionnel, il me
raconta l'histoire du test des trois passoires que l'on prête à
Socrate. Quelqu'un voulant dire au philosophe quelques critiques sur
l'un de ses amis, Socrate lui demanda s'il avait passé son propos à
la vérification des trois passoires, celle du vrai, du bon et de
l'utile. Il s'agit de savoir si la chose à dire est vérifiée, si
elle apporte un bénéfice heureux (si elle est dite pour de bonnes
intentions), et si cela servira à son interlocuteur, lui sera utile.
Les trois conditions ne semblant pas acquises, Socrate refusa d'en
entendre davantage et invita son interlocuteur à oublier cette chose
non vérifiée, pas forcément bonne et inutile.
Il me souvient alors les quatre
accords toltèques qui vont dans le même sens. Il en est de
même pour ces autres aphorismes de sagesse comme : "Ce
ne sont pas les choses qui nous gênent mais le regard que nous leur
portons" (Sénèque). Marc Aurèle ne dit pas autre chose,
quand il affirme : "Ce sur quoi tu n'as pas la
main, épouse-le !". Sur un mode analogue, on prête aussi
à Aristote cette formule forte : "La sagesse poursuit
l'absence de douleur et non le plaisir". Il serait loisible de
multiplier les formules, et nous conclurons provisoirement par le
:"Aime et fais ce que voudras" de Rabelais, etc...
Nous ne manquons pas d'excellents
processus pour atteindre une posture de sagesse et pourtant nous
continuons bien des fois à faire tout le contraire. Pourquoi ?
Je crois qu'il
s'agit là encore d'une question de
représentation : Que visons nous ? Quelle préoccupation, quelle
cible occupe notre regard ? Que quêtons-nous ?
Les freudiens nous indiquent
qu'il existe un désir précédant toutes démarches, et
qu'au fond de notre posture il y a un désir profond, dit “premier”.
Bien des fois, ce désir premier est une réponse générique à une
souffrance ancienne, produisant un manque, une cicatrice, un
traumatisme. Ainsi tenterions nous, tous les
jours, dans toutes nos actions de résoudre ce manque, cette
souffrance. Perpétuellement accaparés par ces
questions, toutes nos actions convergeraient vers cette
tentative de résolution. « Quel comportement obsessionnel ! »
dirions-nous ! Cela peut paraître a
priori comme une belle perte de temps et d'énergie !
Pourquoi,
alors, dans ces conditions, ne pas lâcher prise et revenir à
l'essentiel ? Les modèles de nos sages nous y invitent
quotidiennement. Mais le comportement, s'il s'inscrit dans une
culture et un vivre ensemble, dans des règles sociales, reste une
affaire personnelle, de comportement, d'enjeux et de désirs intimes.
Parfois, ils sont et restent même ignorés de nous même et
l'on invoque alors l'inconscient pour les dire.
La
forme de nos rapports sociaux sont de fait inscrit dans la culture.
Elle les régit, les structure, les formalise pour reproduire
les valeurs du "clan", afin de préserver et conserver
une harmonie sociale. Mais la qualité de nos rapports sociaux
dépend aussi de chacun de nous, de nos désirs et enjeux
personnels, qu'ils soient fantasmatiques ou pratiques. C'est bien
là-dessus que nous lâchons la sagesse des anciens. On dit alors que
la passion nous emporte. C'est une manière de décrire le phénomène.
Oui, le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas.
Mais
il existe une parade universelle : et si nous changions notre regard
sur ce qui est important ? Là est toute la réponse à nos postures
inutiles. Qu'est-ce qui est important, pour soi même et pour nous,
tous ensemble ?
Une
fois de plus il s'agit bien de lâcher prise et de changer son
regard. Le principe est pourtant bien simple, même si sa
mise en œuvre reste un art complexe. Nous sommes des êtres sociaux
et c'est donc dans ce rapport à l'autre
que nous parviendrons le plus simplement, le plus
facilement du monde a trouver (ou retrouver) cet équilibre.
Est-il besoin de psychiatres, de psychanalystes, de toubibs, pour le
faire ? Les grands-parents “médiums” trop méconnus
restent souvent ces réconciliateurs de “nous,
avec nous-même”. Ce recours s’avère souvent
suffisant, sans que quiconque ne soit inutilement, abusivement
et contre-productivement, connoté de faible, de déviant, voire même
d'anormal ou de fou. Et si nos grans-parents ne sont plus,
souvenons-nous au moins du modèle que représente ce type de
posture.
Et si la sagesse était l'affaire de
chacun et de tous ? Et si nos comportements de lâcher prise et de
transformation de nos regards sur l'important nous appartenaient,
à chacune et à chacun ? Et si c'était là le cœur de nos
propos, de nos débats, de nos préoccupations ? Alors peut être
aurions nous la chance d'aller vers un monde meilleur… C’est
tout le vœu que nous formons !
Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 3 octobre 2017
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