"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

L'économie n'est que la fourchette de table

Dans la gestion des projets et leur réalisation, il revient souvent dans les propos ordinaires que ce qui est important est le financement, et l'on dit même qu'il est le nerf de la guerre (mais on dit tant de choses). On dit alors que la gestion de projets est bonne quand l'équilibre des dépenses et des recettes est acquise, quand le montant de l'investissement reste dans l'enveloppe du budget imparti, quand la dette s'inscrit dans la capacité de financement. Mais qui parle de l'oeuvre à accomplir, de la qualité du travail à investir, du niveau de compétences disponibles, de la vision partagée du résultat et des objectifs ? 
Personne ?... Si : le petit personnel ouvrier et employé sur le terrain sait qu'il s'agit là de l'essentiel : j’ai toujours en mémoire la parabole du “bâton de chaise” de Charles Péguy (Toute partie, dans la chaise, qui ne se voyait pas, était exactement aussi bien faite que ce qu'on voyait. C'était le principe même des cathédrales”). A cet effet,nombre d'entre eux se préoccupent surtout de “l'oeuvre”, afin qu’elle soit réussie, et parce qu'il s'agit bien là de leur raison d'être, de leur fierté ! Ceux-ci vont donc s’occuper de la simplification du travail et de leur propre capacité à le réaliser. Comme disait un patron à ses ouvriers : "Ce n'est pas moi qui vous paie mais vous qui me payez car, si vous arrêtez de travailler, le client n'est plus servi."
Ce sont donc les "faiseurs", les "œuvreurs", qui s'occupent de la réalité de la cathédrale, de sa beauté, de son équilibre et de sa solidité. Heureusement, parce que ce sera elle qui restera, qui servira les bénéficiaires, qui témoignera de ceux qui l'ont construite, et fera publicité des compétences possibles à l'avenir. Qu'admire-t-on devant une belle réalisation ? L'argent investi ? Celui qu'elle a rapporté ? Non, la pertinence de l'objet et le talent de ceux qui l'ont fait.
L'argent n'est en fait qu'un des moyens pour réaliser l'objet, comme le temps, le savoir faire, le travail et les conditions environnementales. Alors donc pourquoi cette focalisation sur l'économie, cette fixation sur les sous nécessaires à la construction de la cathédrale ? Parce que c'est là "LA" préoccupation centrale de nombre de "patrons de loin", ceux qui n'ont pas les mains dans le“faire” et les pieds dans la gadoue, ce qui ne les empêche pas d'imaginer qu’ils ont les pieds sur terre !... L'argent est la finalité lointaine et immédiate à la fois. Pour ceux-là, ce n'est pas la cathédrale qui compte mais ce qu'elle rapporte. Ce n'est pas le témoignage de la capacité des gens du lieu, comme cela était objet de rivalité entre les villes italiennes de la renaissance. Cela n'est juste qu'une vénalité directe. Ce n'est pas le camp du drap d'or de François premier visant à éblouir Henry VIII, ni le potlatch d'amérindiens, mais l'apport de revenus qu'ils nomment "richesses", ou retour sur investissement.
Le cœur des réalisations est aujourd'hui entre la dette et l'investissement. Mais sans le talent des "œuvreurs", il n'y a aucune cathédrale, aucun bonheur, aucun sens à quoi que ce soit. C'est comme si, en matière d'art culinaire, le plus important était "La fourchette" ! Parlez avec un chef cuisinier et entendez de quoi il vous parle : de produits frais qu'il a identifié comme ayant la qualité et les caractéristiques qu'il recherche, de tours de main, de savoir faire, de temps de mijotage, de coloration du produit, à la beauté appétissante et témoin du niveau de cuisson visé, etc. Aucun ne vous parle d'argent, mais de passion, de temps passé, de plaisir de faire, de qualité et de minutie au travail, de rendu, de plaisir à donner, etc. Le seul moment où il vous parleront d'argent, c'est en termes de contraintes, celles qu'impose la conquête puis le maintien des étoiles acquises. Certains d'ailleurs lâchent cette course "économique" pour revenir à l'essentiel : la qualité de ce qui est dans l'assiette, leur seule véritable préoccupation.
Oui, l'économie n'est que la fourchette de table : un moyen parmi d'autre de construire la cathédrale. Alors, revenons à l'essentiel. Il en est grand temps, car souvent l'accumulation ressemble à l'opulence et ce n'est peut-être qu’une autre forme du désordre. Il ne resterait plus alors qu’à revenir au “bon sens oeuvrier”, celui de ceux qui savent.


Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 19 septembre 2017



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