Voilà quatre termes qui semblent
complémentaires (et ils le sont) mais restent particulièrement
distincts les uns des autres. Souvent adossés l'un à l'autre,
ils prennent alors un sens singulier. Mais de quoi s'agit-il
exactement ?
Équité et égalité ont souvent
étés rapprochés : une bonne manière pour que
l'un précise l'autre par ce qu'il n'est pas. Cette opération permet
à chaque concept d’ajouter à l’autre, comme par
une sorte de mariage conceptuel. Mais nous allons y
revenir.
Ce type de “fusion” a été
bien plus rare, et surtout plus difficile, (voire délicat) avec
les termes Justice et Légalité car ces notions renvoient à
une immanence.
Les adossements Équité/Justice et
Légalité ou Égalité/Justice et Légalité se
positionnent dans une démarche de droit bien plus habituelle,
et toujours dans une intention de démontrer.
Mais
regardons dans ce carré là, tout d'abord chacun des
quatre termes dans sa spécificité.
L'équité
désigne le “juste traitement” dans l'appréciation de
tous et de chacun, pour ce qui est du à chacun, et ce, sur
la base d'une conception de ce qu'est ce chacun. L'équité renvoie à
l’éthique.
L'égalité est le constat d'une
uniformité. Elle regarde l'égal, l'uni, la régularité dans des
rapports de mesure.
La
justice est un principe philosophique de récompense et de punition,
organisant le lien social et tendant à garantir le rôle et la place
de chacun.
La
légalité est le rapport à l'écriture de textes structurant les
rapports sociaux.
Vous
souvenez vous de ce jeux d'enfants que l'on nommait "les quatre
coins" ? Quatre joueurs occupaient les quatre coins d'un carré
et circulaient en échangeant leurs places. Il s'agissait alors, pour
le cinquième joueur posté au centre, de saisir l'opportunité
d'occuper l'un des coins dans le jeu des circulations.
Disons que, dans le cas de ce
carré de concepts, le cinquième joueur posté au centre est le
sens, celui de leurs adossements dans les mouvements qu'ils
produisent.
L’équité
répond à un besoin de justice fondé sur une éthique de l'égalité
inscrite dans un texte référent (légalité).
La justice est donc la mise
en œuvre d'une équité pour chacun sur la base d'une légalité
visant l'égalité pour tous, en termes de droits et de devoirs.
La légalité est bien ce
référentiel de justice fondé sur l'égalité des charges et des
bénéfices,respectant l'équité des singularités de capacités de
chacun.
Toutes ces approches nous renvoient à
une transcendance, une immanence qui poserait ce qu'est l'humain, sa
place générique sa finalité, et plus
globalement, sa raison d'être là. Cette notion n’apparaît
qu'au centre du jeu. Nulle justice, nulle équité, nulle légalité
et nulle égalité sans une conception haute, profonde et élargie, de
ce qu'est l'être humain, de sa "raison d'être là". Nous
ne pouvons donc pas jouer à ce jeu carré, sans
répondre à ces questions de finalité de l'être humain.
Le
jeu, dans ces conditions, n'aurait alors aucun sens. La raison
d'être du jeu est donc immanente et transcendante. Elle
est “la” question de spiritualité : que faisons-nous
là et pour quoi faire ?
Ainsi
se pose cette profonde question du sens, préalable à
tout autre concept. Au centre de toute "réalité" se
trouve la question humaniste : qui sommes-nous, pour qui,
pourquoi, et pour quoi faire ?
Tant que nous n'aurons pas abordé ces
questions-là, ces quatre concepts ne nous serviront à
rien. Ils ne nous diront rien non plus.
Dans
ces conditions, ne comptons alors pas trop sur eux pour nous
protéger, voire nous garantir, et de quoi ?...
Cependant,
c'est bien à cette réflexion-là que ce jeu du carré des concepts
nous invite et nous renvoie inévitablement,
inexorablement. D'ailleurs, toute problématique nous y ramène !
Mieux, toute problématique nécessite d'avoir répondu à ces
questions de fond…
Mais c’est bien d’y penser “avant”,
et c’est bien avant... qu’il convient de tenter d’y répondre...
Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 29 août 2017
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