"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Une voie pour défaire le djihadisme

Le djihadisme est un mouvement de conviction qui déferle sur nos places, nos plages, nos gares, nos ponts, nos rues, nos petits écrans avec une violence insupportable. Nous tentons de le réduire par la même violence et ça ne marche pas. On aurait même l'impression que ce type de combat le renforcerait, comme si de rentrer dans ce contre combat les rassurait, les légitimait, leur donnait un rôle dans ce rapport d'oppositions radicales. Il est vrai, et nous le savons bien pour l'avoir vécu dans nos résistances à l'envahisseur, que le martyre génère des vocations. On a donc l'impression que le combattre le justifierait, que ce serait entrer dans sa logique. Ils ont pris l'occident moderne en adversaire et s'il se défend il est donc bien cet adversaire. Le combat nourrit le combat. Est-ce bien là la voie de salut, propre à la résolution du conflit ? Alors, pourquoi, dans ces conditions, ne pas prendre comme référence, une méthode pragmatique à la Bapu Gandhi ?
De quoi s'agit-il ? Gandhi a eu pour son projet ce questionnement pragmatique :
- Que voulons nous ? L'indépendance !
- Qui la détient ? L'anglais !
- Si je le combas, qui est le plus fort ? L'anglais !
- Donc l'anglais n'est pas un ennemi, mais notre partenaire vers notre succès d'indépendance !
Il y a vingt cinq ans, Jacques SEGOT, alors responsable de la qualité dans le groupe la Poste et enseignant en management à l'école militaire de Paris, me dit : "Sais-tu pourquoi nous avons gagné la guerre du golfe (la première, donc) ?"... "Parce que nous avons utilisé notre méthode militaire de management, à savoir ne pas répondre à un ordre mais d'abord comprendre depuis quel environnement quelque chose nous est demandé, depuis quelle vision d'intérêt. Il ne convient pas, en l’espèce, de “ donner un ordre maisde voir dans quel contexte local il sera reçuet à partir de là, “ alors parler et agir en fonction"
...Et donc ? demandais-je.
- Il faut d'abord comprendre comment l'autre nous voit et à quoi il s'attend. Nous agissons ensuite en fonction. Les irakiens pensaient que nous allions faire un débarquement. Quand nous l'avons compris, nous avons installé des navires montrant bien que c'était bien cela que nous allions faire, renforçant ainsi leurs représentation et croyance sur la situation. Il ont donc construit un rempart imprenable face à la mer... et nous sommes arrivés par la terre, transversalement sur leurs lignes de défense.
Pour se défendre de comportements de quelques-uns, il nous faut bien les comprendre, comprendre ce qui est important pour eux, leur fondamental, leurs fondements, leur "sacré".
Comment les djihadistes voient-ils le monde ? Ils sont les purs, les vrais, ceux qui sont dans la sainte droiture de la vérité et nous sommes des agresseurs qui depuis les croisades les méprisent, les violentent, les insultent, tentant de les réduire à rien. Ils en sont convaincus. C'est leur croyance, leur fondement, leur sacré. Pouvons nous leur faire entendre raison ? Cela ne sert à rien. Imaginez les repas de familles quand le sujet politique ou religieux arrive entre la poire et le fromage, souvent avec les digestifs... Personne n'écoute personne, lâchant des assertions et invectives dans le désordre et le chaos, dans l'agacement général à la limite de l'insupportable. Cela ne sert à rien. Bref, convaincre pouvant s'écrire en deux mots (con-vaincre), il y a des débats d'où ne surgie pas la lumière.
Alors, le tonton Georges mets tout le monde d'accord en annonçant qu'il fêtera son anniversaire de mariage avec son aimée l'an prochain à pareille date, que tout le monde est invité. Les discussions cessent brutalement, les applaudissements arrivent et les demandes d'informations complémentaires fusent avec des propositions de tous ordres pour l'organisation et l’hébergement, le cadeau commun ou la cagnotte... 
Que se passe-t-il ? Autour d'un intérêt commun, les gens ajustent leurs visions de l'événement et cela se fait dans la perspective d'un moment heureux. Chacun alors met ses préoccupations, ses priorités et ceci se passe dans une excitation de bonne humeur. Pourtant, on vient de se rendre compte que les intérêts et préoccupations étaient touts différents, voire contradictoires, mais l'envie de passer un moment futur heureux a ouvert le dialogue et égalisé les divergences. 
C'est bien tout cela qui est en cause dans la déconstruction d'un comportement djihadiste, lequel ne convient à personne. Nous savons que répondre à la violence par la violence ne fait qu'installer davantage le conflit en l'enracinant. Il nous devient urgent de connaître le sacré de ces gens-là, et de le poser sur la table, d'en faire quelque chose. Alors, quel est-il ? Pour ceux ayant grandi chez nous, probablement, et notamment, leurs “déceptions”, et le mot est faible, dans un monde où ils ne sont pas gagnants fait creuset. L'histoire djihadiste qu'ils invoquent est un réceptacle de rancœurs et de frustrations et ce sont ces dernières qui constituent les véritables raisons de leurs combats. Voilà pourquoi se retrouvent parmi les terroristes, des voyous, des malfrats et autres trafiquants. Ce qui, en 2005, faisait l'expression de cet état rebelle étaient les violences urbaines avec leurs concours de voitures brûlées.
Actuellement, ce qui met en forme l'expression de leurs désirs de revanche, c'est le mythe de raison d'être qui vient occuper leur imaginaire : le djihad ! Il prend toute la place du sens, efface toutes réflexions de raison. Toute une mythologie paradisiaque vient décorer et alimenter le fantasme, répondre à toutes les questions de sens, à tous les doutes. Ainsi donc, la question de fond qui est à déconstruire et reconstruire, revient à cette question fondamentale et de spiritualité : "Que faisons nous là dans le monde et pour quoi faire ?"
C'est là toute notre raison d'être, d'agir, d'exister, de se regarder dans une glace, de se rassembler ou pas, de vivre ensemble, etc... On ne dé-radicalise pas, ni rien ni personne dans la contrainte et le raisonnement. Ce me semble du même ordre que les camps de rééducation et autres goulags des systèmes communistes. Pour mieux faire, on accueille une situation dont la vacuité de sens a été comblée par une représentation sociale d'un groupe marginal. On a donc à déconstruire et reconstruire (proposer) un sens à notre "être là", à notre vivre ensemble... et comme nous en sommes fort dépourvus, nous ne savons pas quoi faire. Comment imaginer donner quelque chose que l'on n'a pas ? Alors nous réagissons de façon épidermique comme dans nos repas de famille. 
Mais la question de fond reste : "Pourquoi sommes nous là et pour y faire quoi ?". Nos réponses sociétales sont défaillantes, désastreuses, désobligeantes, frustrantes, inopérantes. Combattre le djihadisme passe par répondre à ce manque de sens comblé par une idéologie sectaire. Nous n'avons pas à débattre du pourquoi ni du comment nous en sommes arrivés là mais à donner à voir ce sens d'être là, pour y faire quoi... Certains personnages ont ce sens chevillé au corps. Ils sont devenus des héros et je pense à nombre de grands leaders comme Nelson Mandela, l'abbé Pierre, Martin Luther King, Mère Térésa ou Gandhi. Dans des circonstances singulières, pour des objectifs et sous des contraintes particulières, d'autres ont donné par les mots et l'exemple un sens à l'action, comme Charles De Gaulle, Jean Moulin, François Villon, Boris Vian et bien d'autres. Ils ont fait office de leaders emblématiques, de porteurs de sens. Mais ils ne font pas la réponse aujourd'hui. C'est bien à nous de la donner.
Dé-radicaliser commence donc par se soigner soi-même, préciser le sens de notre raison d'être, de celle de notre civilisation, de notre sens à la vie, de la société à laquelle nous participons. Le djihadisme s'est installé dans une vacuité propre à notre société d'ultra consommation, fabricante de fausses étoiles polaires et de frustrations. J'en ai déjà longuement disserté. Le djihadisme des saoudiens ou autres qataris n'est pas celui né dans nos villes, nos campagnes et nos cités. Ce dernier est né dans le mensonge de promesses de bonheur par la consommation, une promesse inaccessible comme si la jouissance était facilement à portée de main, juste là pour faire dépenser trois sous et même beaucoup plus.
Alors travaillons ensemble, tous ensemble, à construire cette raison d'être là, cette finalité de notre société. Que voulons nous, pour nous et nos enfants ? Que voulons-nous être ? Quels sont nos fondamentaux du bonheur et du vivre ensemble ? Vers où nous mène notre société ? Le dix-neuvième siècle inventait la religions scientifique du progrès, un saint-simonisme qui nous promettait le temps des cerises. Le vingtième siècle nous a promis l’avènement de la liberté et de l'égalité républicaine. Où est la célébration fraternelle et universelle des droits de l'homme formalisée à l'aube du vingt et unième siècle ? Systèmes politiques ou organisationnels, en entreprise ou dans la vie courante, ne nous y invitent pas. Saurons-nous avoir ce pragmatisme d'avoir où aller, de le prendre en charge et, pour le partager, de le dire et haut et fort et enfin de pouvoir en être fiers ? Alors, prenons la main ! Il en va de notre survie, de notre paix, de notre bonheur et de celui de nos enfants.
Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 22 août 2017



2 commentaires:

  1. Excellent article, mon cher Jean-Marc, qui fait chaud au coeur. Le navire France est à l'abandon sur les eaux des marchés qui sont censés faire loi. Une civilisation à l'américaine ne comble pas nos aspirations sociales et encore moins celles de notre coeur. Le matérialisme apatride auquel on veut nous convertir à tout prix tue notre âme. Nous ne nous relèverons qu'à la condition de retrouver notre authenticité. Et celle-ci ouvrira la porte que tu nous montres.

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