Quand on regarde le modèle du corps humain pour penser le
management de nos organisations, que l'on regarde l'approche du leadership, la
question du pouvoir, celle de la place de la sagesse, celle de
l’harmonie des relations humaine, l’émergence exigeante de la
confiance, l’évolution des jeux de rôle des acteurs, la question
de la motivation et celles des évolutions sociétales, on comprend que tout ceci repose sur la personne humaine, son intelligence et son engagement. Chacune, en synergie, est le moteur de l'entreprise. Ceci
nous indique que le management par la confiance, et donc l'autonomie, s'impose à notre
porte. Développer l'autonomie des acteurs dans l'organisation pour
libérer la productivité existe déjà. Nous l'avons vu avec
l'exemple des sociétés FAVI ou SEMCO.
Il est vrai que deux management
s'opposent aujourd'hui, l'un gestionnaire soumis à une dictature du
chiffre, et l'autre humaniste et pragmatique. Si le premier est statique et comptable, gérant le
certain, le second est vivant, dynamique, modulable et évolutif. Forts de cette
dimension du vivant de l'organisation, nous usons du concept d'autonomie fertile des acteurs pour un système productif et rentable.
"L'Autonomie Fertile" est bien un
principe de management en marche. Rien ne me semble pouvoir empêcher
son développement aujourd'hui car il appartient à l'air du temps et suit nos évolutions sociétales. Rien ni personne ne saura l'estampiller,
le "procédurer", car il repose sur l'engagement intelligent et fertile des acteurs. Il repose sur des
valeurs, des visions et des postures. Ce sont là les trois variables
du nouveau temps des entreprises. L'autonomie fertile repose sur
la dynamique collective de l'organisation.
Il ne s'agit ni d'une
croyance, ni d'une injonction idéologique, juste le constat que
depuis trente ans ce modèle se développe et s'impose comme une
réponse à la nouvelle complexité. Ainsi nombre d'auteurs
en science de gestion et en sciences humaines, analysant le
management, on largement théorisé toutes les parties, les
fondamentaux de ce management que l'on pense « alternant culturel ».
Des démarches
d'autonomisation des acteurs développées dans nombre d'entreprises
montrent comment chaque organisation a inventé sa propre
démarche, mis en place ses propres solutions, sa propre dynamique
sur une structuration et un fonctionnement à chaque fois
particulier (SEMCO, FAVI, POULT, SEW USOCOME, HCL Technologies, Bretagne Ateliers, Sew Usocome,
New Sulzer Diesel, SOL Finlande, Lippi, Harley Davidson, Magnets Hospitals,
Morning Star, Gore (Goretex), Whole Food, Valve, etc.). Les exemples sont nombreux et variés et nous voyons aussi qu'il n'y a là
jamais rien de définitif, de figé dans le marbre, pas de schéma ou procédure à suivre, juste un déclic dans la tête du patron. L'autonomie
fertile développe du mouvement issu des acteurs, de l'innovation juste, de la réactivité
utile et de l'adaptabilité constante.
Peut être sommes nous
aujourd'hui devant un mouvement « vivant » des plus
humanistes et des plus libéraux à la fois. On comprend la parfaite
conjonction de ces deux principes : une dynamique
professionnelle par et pour des personnes de facto libres a priori. Centrée sur l’œuvre à
construire et ses "bénéficiaires", cette démarche lâche la dictature du chiffre, du
contrôle et de la gestion du certain pour développer l'accueil
d'une innovation ordinaire pragmatique.
Quelques différents principes étayent cette nouvelle conception dynamique. Il est vrai que nous avons tendance à ne plus parler de structure d'organisation mais bien de dynamique
collective. Si les concepts nous aident à comprendre cette évolution
indispensable et peut être inéluctable, ce n'est certainement pas
pour la conduire, mais seulement pour mieux l'accueillir.
Dans ce concept
d'autonomie, l'idée de rendre la maîtrise du travail à l'acteur de
terrain est forte. Nombre de projets managériaux, en accord avec les
préconisations des experts en management, prévoient à ramener la
décision au plus près du terrain, là où se passe l'action. Comme
le dit Jean-François ZOBRIST, il s'agit de « Tout mettre dans
la même tête ! ». Ceci nous renvoie à la conception indiquant que le travail
éclaté éclate la décision et donc dégrade l'action. Ainsi, il
propose de réunir dans le même acteurs toutes les phases du travail
que l'industrialisation a dissipé dans l'organisation.
C'est d'abord ceci que
vise l'Autonomie Fertile et c'est bien là ce qu'elle génère.
Herbert MARCUSE*, dans son homme unidimensionnel, en avait déjà
posé sans le chercher, par la bande de sa réflexion libertaire, toutes les bases en
1964. Il a développé cette dimension en 68 dans "La fin de l'Utopie" où il montre le passage de la primeur du travail physique au travail mental et la course à la parcellisation du travail comme une utopie finie.
Jean-Marc SAURET
Le mardi 5 mars 2013
* Philosophe américain d’origine allemande, élève d’Heidegger, Herbert Marcuse (1898-1979) dénonce l’aliénation dans le travail et démasque la technique et la science telles qu’elles sont prises dans l’engrenage d’une croissance illimitée de la fin des années 60. On le considère comme l’un des Pères de la "Nouvelle Gauche" américaine, celle qui s’enracine dans les milieux étudiants et intellectuels, témoigne d’une "sensibilité révolutionnaire" à forte composante humaniste, hédoniste et esthétique, et remet en cause non seulement les rapports de production mais aussi l’ensemble des relations que les hommes établissent avec leur environnement.
Lire aussi : "L'innovation ne se décrète ni ne s'impose"
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Il me semble que "l'autonomie fertile" serait un excellent thème pour une prochaine conférence. Qu'en penses-tu ?
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