L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

La dictature du chiffre

Lors d'une conférence en colloque, un chef d'entreprise demande au philosophe André COMTE-SPONVILLE : « On a l'impression que notre société occidentale ne sait pas où elle va. Quel peut être son avenir ? » . Le philosophe répondit à cela : « Mais où veut on aller ? Le savons nous ? ».
Le Figaro Madame titrait en septembre dernier : « La philosophie s’introduit dans l’entreprise. S’interroger sur l’art, le luxe ou la confiance plutôt que parler chiffres : si c’était ça redonner du sens à la performance ? »
Seulement voilà, après les années quatre vingt où les DRH ont failli prendre le pouvoir dans les organisations à la suite des comptables qui l’avaient récupéré des ingénieurs, ce sont les investisseurs qui ont fait le « Hold up », imprimant définitivement leur couleur et confiant le pouvoir aux gestionnaires. Dès lors, ce qui se compte existe. Tout le reste n’est qu'impressionnisme… La dictature du chiffre est là.

Nous sommes aujourd'hui dans un atermoiement schizophrène : nous avons perdu le sens des choses, le sens du monde, le sens de nos actions et nous continuons à nous préoccuper de bien les gérer comme si c’était, au fond, ça le plus important. « Agitation post-moderne ! » nous lancerait Hélène RICHARD (Auteure psychanalyste canadienne). Et pourtant nous crions notre besoin de sens : "Pour quoi faire ? Ça sert à quoi ?"…
Les écoles de formation des cadres sup' (inet, ena, enst, grandes écoles) apprennent à leurs postulants la rigueur gestionnaire et à prendre seuls les décisions. Et pourtant nous savons bien que c’est là une hérésie organisationnelle : seule l’intelligence collective est efficiente dans la résolution de la complexité chère à nos nouvelles organisations. La complexité est bien la première des problématiques.

Depuis plus de quinze ans, des anglo-saxons, notamment américains et canadiens, confient la direction des entreprises à de nouveaux profils non gestionnaires comme des philosophes, sociologues ou autres diplômés en sciences humaines. Ils ont pris acte que les organisations sont des systèmes humains, des systèmes socio-techniques de production, pas des pyramides ou des organigrammes animés par des procédures.
En France, nous en sommes restés là. Nous perpétuons des schémas procéduraux dont nous ne savons s’ils sont efficients ou alors seulement par le chiffre qu'ils produisent. Là aussi, schizophrénie gestionnaire : l’indicateur fait partie du processus !

Faute de pouvoir donner un sens à l’action, une couleur à l’œuvre à accomplir, les gestionnaires ont mis les moyens en objectif. Mais comment sera « la cathédrale » à la sortie ? Ce n’est pas ça qui est central, mais plutôt « l’a-t-on bien mené ? ». On peut dire alors que la culture de la règle "dévore" la culture de l'oeuvre.
A quoi sert de travailler si le seul objet est d'économiser ? Le commerce suffit amplement ! Nous sommes d'ailleurs dans une société ultra marchande pour des ultra-consommateurs. Nous sommes dans un système qui ne sait pas se voir et se pense « universelle vérité ». Il s'agit d’un système darwinien de prédation et de dévoration voué à se dévorer lui-même dès que les proies se raréfieront. Ici, les sourires sont des antalgiques rituels d’appartenance.  

Pourrions nous penser alors le sens de nos actions, de nos productions, de nos rôles, de nos raisons d’être, comme le marque l’article du Figaro Madame ? Pourrions nous imaginer un autrement à venir ?
Je relis ce texte de Thierry GROUSSIN sur son blog « Indiscipline intellectuelle »  dans son article « Divergence avec Michel Serres » du 09 09 12 : « Si vous avez l'attention focalisée sur une parcelle de la réalité; si, par exemple, ne vous intéressent que les matches qui se disputent entre le hameau que vous habitez et celui d’à côté, vous risquez de voir les évènements qui viennent vers vous de plus loin - par exemple, la raréfaction et l'enchérissement de l'énergie, la promulgation de nouveaux règlements, le dérapage des prix alimentaires - comme de mystérieux phénomènes qui viennent perturber aléatoirement et stupidement votre microscopique univers. Si, à l'inverse, votre attention est accaparée par la macro-économie et que vous ne voyiez rien de ce qui se passe à vos pieds - la misère rampante mais aussi le réveil des communautés locales qui en résulte et l’initiation de systèmes d’échanges, d’entraide et de monnaies parallèles de plus en plus nombreux - il manque à votre compréhension des dynamiques à l’oeuvre au sein de notre monde une poignée d’éléments qui, demain peut-être, fera la différence dans l’évolution de nos sociétés. » 

Il me semble que nous tenons là, dans la dimension du regard, l’étincelle d’un commencement pour changer d’axe… Comme l'évoquait, Claude GENOT, Professeur des universités, "Voir loin et agir près".
Jean-Marc SAURET
Le 18 octobre 2012

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