Frédéric Lenoir, dans un des chapitres de son "Petit traité de vie intérieure", tire un fil rouge de toutes les sagesses du monde. Il le perçoit, et le reconnaît, comme une règle d'or universelle. Il le présente ainsi : "Sois envers autrui ce que tu voudrais que l'on soit envers toi !" Depuis les sages d'Orient, jusqu'à une certaine sagesse actuelle, en passant par les philosophes juifs, musulmans, grecs et Romains, tous sont unanimes à le prononcer sous une forme ou une autre. Et ce depuis une formulation d'interdit de type : "ne fais pas à autrui ce que tu détestes que l'on te fasse". L'argument se prolonge jusqu'à sa forme positive : "traite les autres comme tu aimerais que l'on te traite".
Mais pourquoi cette "sagesse" est-elle à ce point convergente et partagée ? Reposerait-elle sur une confluence d'aperçus ? En effet, selon toutes ces sagesses et philosophies, chaque parcelle de réalité, chaque élément du réel se trouve relié à la totalité, mais aussi à chaque parcelle de réalité, qui constituent autant d’éléments du réel. Comme la goutte d'eau qui contient tout l'océan et réciproquement, tout est relié. Chaque acte que nous posons résonne avec tout l'univers. Ainsi, la conscience bouddhiste, autant que la conscience chrétienne nous indiquent que tout ce que nous faisons au plus petit et au plus modeste d'entre nous c'est à soi même et à l'univers, voire à dieu, que nous le faisons. Voilà l'unique et totale raison de la vérité de ce que l'on pourrait appeler “règle d'or“. Nous sommes tous reliés à tout comme chaque chose résonne avec tout.
Mais poussons la réflexion un peu plus loin. Comme l'on tire l'eau claire du fond du puit, au fond de chaque âme se trouve une clarté pure qu'il convient de faire émerger. A l'instar de Socrate, notre attention "questionnante" fera ce travail.
A cet effet, si nous voulions tirer une valeur universelle de ces comportements, nous parlerions d'amour universel, d'altruisme et d'empathie véritable. Ce sont là les adages autant du bouddhisme que du christianisme ou de l'islam. S'il fallait réduire à une seule valeur le principe de la règle d'or, nous affirmerions, avec toutes ces sagesses évoquées plus avant, qu'il s'agit de l'amour, rien que l'amour et tout l'amour que l'on dit universel. Il est autant la cause, que l'outil et le ciment de toutes choses importantes. Hors de lui, pas de raison ni de projet sûr. Mais grâce à lui tout est bien, bon, beau et vrai.
Je n'irai pas plus loin là dessus aujourd'hui et laisserai à chacune et à chacun le loisir de compléter à sa guise et dans ses expressions le commentaire de cette règle. Mais, en termes d'illustration, j'ai juste envie d'aller sur la marge de ce champ illustrant éthique et comportements sur un exemple qui m'est apparu mouvant.
J'ai longtemps pensé et cru que, politiquement, la droite pouvait se caractériser par l'obéissance, la tradition et la soumission tandis que la gauche l'était par la créativité, le progrès et l'humanisme. Puis, j'ai vu bien des personnes politiques de gauche se faufiler vers le Graal du pouvoir, compromettant leur éthique.
Ainsi, peu à peu, je vis des gens dits de gauche se fourvoyer dans la compromission utile, jusqu'à se trahir eux-mêmes, jongler avec les valeurs et s'arranger avec celles qu'ils disaient les porter. Alors, je me mis à commencer à douter. Pendant ce temps, je rencontrais des gens dits de droite, sérieux dans leurs choix éthiques, respectueux des autres, soucieux des gens, étoffant leurs pratiques sur des valeurs de respect, de droiture, de justice et de vérité.
Ceux-ci défendaient les plus faibles et les plus modestes, se souciant peu de ce que cela pouvait leur rapporter ou pas. Je vis certains opérer des ruptures d'actions et d'association, quand leur éthique et leurs valeurs étaient mises en cause. Je me sentais très en communion avec ces postures qui s'apparentent aussi à la mienne.
En fin de compte, je voyais s'inverser le monde que je vivais. Les pôles s'étaient eux-mêmes renversés. Bien des gens dits “de droite” se révélaient être des gens bien, modestes, éthiques, serviables et dévoués, fidèles et consistants, quand je voyais beaucoup plus de gens dits “de gauche”, repliés sur leurs propres intérêts, plus sectaires que par le passé, intéressés et peu éthiques, et donc plus stratégiques que dévoués.
Les gens biens m'ont alors semblé avoir changé de bord, de côté... Je me souvenais que l'éthique et la droiture reposaient sur des valeurs et des principes. Je voyais alors que nombre de ces “gens biens” réputés de droite, étaient souvent mus par une morale, sinon une croyance, une éthique religieuse, qui semblaient les structurer.
Mon cœur humaniste et rigoureux portait alors mes accointances politique plus vers un centre droit qui m'apparaissait alors plus crédible, plus stable, plus rigoureux et plus humain. Je ne me fis pas que des amis, je sais, mais le sens éthique et rigoureux m'invitait à lâcher mes croyances pour un réel en évidente mutation. Il n'y aurait donc pas les bons d'un côté et les “salauds” de l'autre. Il y a les "éthiques altruistes valeureux" et de l'autre les "égoïstes pervertis et arrangeux".
Soit on aime les gens et le travail bien fait, ce qui est mon chemin, soit on aime ce que rapportent nos allégeances et arrangements. Mais ce n'est là que mon point de vue, c'est à dire, ce que j'ai aperçu. Je peux me tromper, mais pas sur le fond. Ici, la règle d'or fait cruellement défaut, elle pourrait pourtant nous servir à faire un peu de ménage. Dont acte...
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