L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Deux mondes superposés (13 02)

Ces notions qui nous sont chères, ordinaires et habituelles d'espace et de temps sont strictement liées aux dimensions de la physique. La conception chamanique, vitaliste et shintoïste, est certainement la plus largement répandue dans le monde par les cultures animistes. Elles pensent le monde dans la superposition d'univers : l'un physique spatio-temporel et l'autre spirituel hors du temps et de l'espace. Il ne nous reste plus qu'à "voyager" de l'un à l'autre, dans leurs différences expérimentales, de dimensions et de réalité.

La conscience qui nous habite n'est alors que "se rendre compte". L'identité "qui se rend compte" ne serait pas du domaine de la physique mais plutôt du monde spirituel, ou psychique, c'est à dire immatérielle. Ce peut être juste la conscience elle-même qui se rend compte aussi d'elle-même. C'est là un monde que l'on ''intuite'', celui que l'Occident connaît si mal, qu'il ne comprend tellement pas qu'il s'accommode à le nier, à l'effacer de sa portée de vue.

Ces deux mondes ont leurs propres singularités. Le vivant physique présente une dynamique binaire, tout en respiration et alternance, comme les vagues de la mer déferlant sur la plage, ou l'alternance du jour et de la nuit, l'ombre et la lumière, les battements d'un cœur, diastole et systole, l'alternance des pas dans une marche, etc.

Le représenté, le mentalisé, à l'instar du spirituel, se conçoit en cycles, comme celui des saisons, des heures du jour, des jours de la semaine, celui des mois qui se succèdent et se répètent, du temps qui passe, des âges, des ères, la course du soleil, des planètes et des étoiles, mais aussi dans d'autres cultures, la roue de médecine ou le cycle des incarnations, par exemple.

Pour nous en rendre compte, nous avons à modifier notre conception de l'humain, à savoir laisser la machine biologique coincée dans le temps et l'espace, entre un commencement et une fin, dans un ici et maintenant. C'est elle qui nous ouvre l'illusion de l'intelligence artificielle et du transhumanisme. Comme le dit si bien l'ingénieur Luc Julia, spécialiste du domaine "il n'y a pas d'intelligence artificielle, il n'y a que de la restitution de données". Ce n'est là qu'une mécanique mathématique... Il nous faut alors passer au delà , et donc à l'être global universel, cette entité partagée dont chaque matière physique est une parcelle, là où se trouve la créativité, la vie et l'intuition.

Je repense à l'ethnologue des religions, Bruno Étienne, décédé en 2006, qui constatait que les religions les plus répandues dans le monde sont loin d'être celles du livre. Il avait constaté que c'était l'animisme présent aux quatre coins du monde. Son expression effective est le chamanisme. Il pensait aux Nénètses de Sibérie, aux Bushmen de Namibie, comme aux indiens Yaquis du Mexique, au peuple Kogui en Bolivie. En occident, le druidisme et le catharisme peuvent être cités comme exemples patents. Bruno Etienne s'était rendu compte que nombre de ces ''reliances'' (religions) comportaient parfois les mêmes rites, les mêmes gestes, voire les mêmes mots, sur les mêmes acceptions, sans que ni les acteurs ni les praticiens ne se soient jamais rencontrés.

Il nous indiquait aussi que toutes ces cultures ont la même conception structurante : un monde physique où nous sommes et dont les problèmes se résolvent dans l'autre monde, celui des esprits qui n'a ni temps, ni espace, ni commencement ni fin. Il s'agit d'un monde où tout est juste et bon, mais où tout se noue et se dénoue. Il nous faut alors nous y rendre...

Les cathares, héritiers de la religion orientale de Manie, pensaient que le monde de l'esprit avait été créé par Dieu. Corrélativement, le monde physique, celui où nous sommes, avait été créé par Lucifer (il fallait bien lui trouver un nom et celui-ci était disponible). C'était donc ce monde où les différences homme-femme posaient problème dans une civilisation qui ne savait choisir entre matriarcat et patriarcat. Il fallait donc le quitter pour quitter ce type de problèmes absurdes.

Le shintoïsme, philosophie animiste au Japon et aussi quelque peu religion, est antérieur au bouddhisme. Il permet de vivre socialement à la frontière du monde matériel et du monde de nombreux esprits qui l'habitent et interagissent avec tout un chacun. Pratiquer consiste avant tout à ressentir la nature et ses bienfaits dans une communion simple et directe afin d'en accueillir les formes d'équilibre. Il s'agit d'un mariage doux "d'êtres là" et de forces spirituelles de la nature animée. Ceci est véritablement proche des autres animismes connus autour de la planète.

Coupeurs de feu, faiseurs de secrets, magnétiseurs et guérisseurs par la prière, sont des exemples de chamanes qui n'ont pas ce nom mais sont, chez nous, des praticiens de cet animisme là.

Les médiums, comme le dit Denise Kikou Gilliand, cinéaste suisse, est cet être qui fait le lien entre le monde des esprits et celui des corps physiques, à l'instar des shamanes et autres hommes ou femmes médecine. Toutes ces cultures savent qu'il y a deux mondes interconnectés qui s'entrecroisent. Mais peut être parlons nous de deux mondes parce que le notre, par trop matérialiste, mécaniste et physique, ne sait pas prendre en compte les réalités spirituelles. Peut être que l'animisme est la ''conciliation intégrative'' de ces deux mondes qui, après tout, n'en sont qu'un. De toute façon, nous sommes à la fois et entièrement de ces deux dimensions.

Après tout, ces ''passeurs'' d'un monde à l'autre n'ont rien d'exceptionnel, même si ce qu'ils font le paraît (guérisons, communications, œuvres artistiques, visions dans le temps et dans l'espace, etc.). Le docteur Jean-Jacques Charbonnier pense que lorsque notre cerveau vibre à basse fréquences, il deviendrai dès lors perméable à d'autres informations venues d'autres dimensions ou vibrant à la même fréquence. Voilà une explication matérialiste de phénomènes et éléments psychiques, voire spirituels... Explication nécessaire pour les matérialistes que nous sommes...

Certainement les médiums sont-il des personnes très ordinaires mais elles vivent cette singularité sans retenue ni opposition et ce, avec une certaine efficience. Ceci nous les rendent rares. J'ai le souvenir d'avoir échangé avec un gitan à qui je confiais mes moments de sensations d'une autre réalité comme le matin au réveil ou lors de rencontres au hasard, et aussi que parfois des mots, des expressions m'échappaient sans que je ne comprenne pourquoi alors que leur sens apparaissait évident et tellement ancré dans le réel. Il me sourit et me répondit : ''Vous les gadjis (les non-gitans) vous trouvez extraordinaire des choses ordinaires. Ici, tous les enfants font ça !'' Cette culture animiste vit en résonance de ''l'autre'' monde.

L’au-delà n'est qu'un autre côté du miroir pour les uns, ou bien, pour d'autres, une illusion pour répondre à sa propre peur de la mort. Pour d'autres encore, ce peut être aussi une question, ou un mystère. En effet, cette construction en deux mondes dérange et contredit le paradigme matérialiste et mécaniste dans lequel tout est matière, physique ou chimie. On se voit alors rationnel, cartésien ou scientifique. En réalité, la valeur première de la science est le doute. Et le doute fait fuir. Ainsi viennent d'autres acteurs que j’appellerais des "scientistes". Ceux-là, au nom d'une science qu'ils pratiquent peu, assènent des certitudes, des "prêts à penser", que l'on sait être des pensées courtes. Porteurs d'une doxa certaine, ils ''anathémisent'' tous ceux qui doutent, et les excluent comme on excommunie.

Il n’empêche que de ce monde hors du temps et des espaces, sans début ni achèvement, ni finalité, ni même raison d'être, nous tenons des informations et des enseignements. On parle d'intuitions, d'informations, de ressentis et de réponses. C'est ce que relatent les "expérienceurs" de mort imminente. On trouve et retrouve ici beaucoup d'informations utiles et pratiques. La culture bouddhique parle de connaissances installées par les vivants. Les Hindous de bibliothèque akashique, les chrétiens de connaissances divines, etc. Nombre de physiciens quantiques, comme Nassim Haramein, auraient compris que la connaissance ''expériencielle'' s'inscrirait et s'accumulerait dans ce que l'on pense être le vide, lequel serait plein de vibrations, d'oscillations et d'énergies électromagnétiques.

Je repense aussi à l'expression d'Eckart Tollé qui suggère que "le physique et ses variables ne sont que l'expression temporaire de l'être", ici et maintenant. Ceci me renvoie à cette conception toujours présente dans mes pensées,, en l'espèce la question du sens : priver l'humain de sens c'est, ici et maintenant, comme priver une plante de lumière. Cette question est habituellement traitée dans des narratifs, des mythes et des contes. Mais le sens est une question de raison d'être. Pourquoi la chose est-elle là ? La raison est une mécanique de logique de ce qui se compte et se mesure. Nous sommes loin de l'illumination et de la grâce.

Ainsi le monde physique n'existe, et ne peut être, qu'adossé à ce monde spirituel hors du temps et de l'espace, sans fin ni commencement, parce que le champ de la conscience est du domaine de l'immatériel et en même temps la source de la matière. Le champ du miracle est compris et nommé ainsi parce que nous ne comprenons pas celui de la conscience. Si nous percevions ce champ de conscience comme appartenant à cet autre monde spirituel, alors l'idée de miracle passerait dans l'ordinaire.

Nikola Tesla nous invitait à considérer les vibrations et oscillations du monde si nous voulions le comprendre. Nous savons que pensées, imaginations et émotions peuvent se traduire en fréquences. C'est donc par là que ça se passe...

Ainsi, la mort n'est pas une fin (notion physique). C'est juste un "changement de monde", un passage simple. Il n'y a donc pas de multivers, ni de superpositions de mondes parallèles, mais juste des états de conscience divers et variés où les "parts d'être" se posent. L'imaginaire est donc bien cette conséquence créatrice de l'activité spirituelle de conscience.

Gardons bien en mémoire que le temps et l'espace n'existent pas, qu'ils n'ont aucun sens, dans le champ spirituel et psychique. D'ailleurs, nous nommons ce champ spirituel comme s'il nous était extérieur, alors qu'il est tout simplement psychique et donc qu'il nous est propre aussi. Là, tout est constant et partout à la fois. La question du sens devient donc seulement un question rationnelle, mentale et matérielle. Spirituellement, psychiquement, tout est à la fois et partout. On pourrait dire "constantané", de l'ordre de la permanence, de la constance omnilocale, voire "alocale" et univocale.

Ainsi, chaque culture s'habille de rites et usent d'artefacts qui mettent en forme leur animisme. Elles l'accrochent à des mythes. Il ne s'agit que d'habillage. Cela ne représente rien de fondamental puisque dans le fond, tous ces animismes sont la même chose, la même cosmogonie, comme le sont méditation, Yoga, Chi gong, sophrologie, auto-hypnose et contemplation.

La condition pour vivre ces sensations serait un "lâcher prise par ennui", c'est à dire sans intérêt ni enjeu. Et pourtant, ce qui fait vivre l'impact du spirituel sur la matière est l'émotion, ce que l'on ressent auprès du bonheur et du malheur, mais aussi de toutes choses. L'émotion est ce qui crée les éléments et les choses du vivant. Elle est ce langage magique, créateur au delà du mot.

De fait, il ne s'agit pas de nier la dimension matérielle mais de l'étendre à l'immatériel, au psychique. Alors nous pourrons voyager sur la marge des deux mondes, percevant l'un et l'autre dans leurs propres paradigmes, dans leurs singularités et dans leurs articulations. Nous sommes dans deux mondes et des deux mondes à la fois, comme nous avons deux bras, deux jambes, deux yeux, deux oreilles, deux poumons, un cœur en deux parties symétriques, deux encéphales, etc. Dès lors la réalité est plus profonde, plus large, plus "réelle"... C'est d'ailleurs la sensation dont témoignent les "expérienceurs" de morts provisoires ou imminentes. Cet onirique apparaît plus vrai que la réalité physique, laquelle leur apparaît floue comme un rêve.

Au delà de tout ceci, il y a le phénomène hypothétique des réincarnations qui vient alimenter la problématique. Un calcul mathématique est parfois utilisé pour la décrier. Avec l'augmentation exponentielle de la population il devient même improbable que tous les gens qui vivent à un temps T aient pu trouver un temps d'incarnation antérieur. Il y a autant, sinon plus d'habitants en simultané sur terre qu'il y en ait eu depuis la naissance de l'humanité.

Mais, comme le relate Victor Lazlo dans son ouvrage ''Nous sommes donc immortels'' (Ed. Tredaniel, 2017), lors de régressions sous hypnose, bien des personnes témoignent se souvenir de vies antérieures.  A cet effet, toutes nos expériences de vie sont inscrites dans les archives akashiques. On les retrouve dans l'espace de vide de la matière, au sein d'un champ magnétique. Je ne sais pourtant pas si la personne se souvient de sa propre existence ou d'une existence vécue par quelqu'un d'autre. Ce contenu pourrait être reversé dans ce stock d'informations d'une conscience commune.

Les bouddhistes ne pensent pas que c'est la personne elle-même qui se réincarne, mais quelque chose du "vivant total" ou "global" qui revient. Ainsi, il a été constaté qu'un seul Rimpoché peut revenir en trois enfants distincts et non pas seulement en un seul.

Dans le cas de souvenirs d'incarnations précédentes, il s'agit bien d'un vécu antérieur perçu, mais pas forcément le sien propre. Il peut être tout à fait recueilli dans ''le stock'' de la conscience vivante universelle. Gardons en mémoire le concept de conscience universelle et tout se clarifie.

Article difficile, j'en conviens tout à fait. Je pense que c'est dû à l'immatérialité dont nous voulons parler et témoigner, et que nous voulons décrire, expliquer ou commenter. Ça ne marche pas toujours car monde physique et immatériel, ou leurs parties, ne sont pas du même ordre. Il faudrait juste les ressentir pour en comprendre la singularité, la complémentarité et l'imbrication. Qui plus est, les tenants d'une partie nient l'autre partie dans laquelle ils ne se reconnaissent pas. D'autant qu'en la matière, il n'existent aucune preuves, seulement des indices à voir, des rapports d'expériences et d'expérimentations, à croire, comprendre ou pas.

Bien des yogis affirment n'avoir jamais rien lu ni étudié car ce ne sont là que des mots et des concepts qui encombrent le mental. Ils préfèrent largement expérimenter dans leurs pratiques les enseignement de l'univers.

Quant à nous, occidentaux matérialistes et rationalistes, j'ose penser que la bienveillance est un chemin vers cette marge grossissante, la réconciliation avec le monde animiste qui nous a vu passer, l'hubris au bout des lèvres et au fond des yeux. Il me semble aussi que la "pleine présence" sera un excellent exercice pour ce faire et se retrouver au cœur de l'être.

Jean-Marc SAURET
Le mardi 13 février 2024

Lire aussi : "Lâcher une conception mécaniste et matérialiste du monde"

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