"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

L'humanisme est-il une spiritualité ou une philosophie ? (05 07)

Je lisais cette réflexion en titre sur un blog indépendant. L'humanisme, qui nous a été instillé dans le regard et l'analyse, depuis Erasme et le protestantisme, a effectivement inspiré autant les philosophes que les spiritualistes. Il est vrai que si l'on se pose la question en opposant philosophie et spiritualité, c'est bien que nous avons peut-être mal compris le lien qui les unit, l'absence d'opposition et le champ commun qu'elles partagent. Mais quel est le sens de cette démarche-là ? Il s'agit d'une conception du monde qui met l'humain au centre de nos attentions et préoccupations. 

Certains lui reprocheront, comme ils le font aux Protestants, de mettre l'humain comme finalité centrale et exclusive. Ce n'est effectivement pas le cas. Disons simplement que l'humain est la préoccupation première et son bien-être une raison pour agir. 

Il est vrai que nous sommes ici très loin des fondamentaux du néolibéralisme (approche politique), comme de ceux d'une postmodernité d'ultra-consommation (approche sociologique du même objet).

En philosophie, l'humanisme apparaît comme une préoccupation de la place de l'humain dans la conception du monde, voire de l'univers. La philosophie chrétienne l'installe comme la finalité de la création, comme son aboutissement, sa raison d'être et sa visée, parce que l'humain est un être à l'image de Dieu. Dans le bouddhisme, cette philosophie du bonheur, la notion n'existe pas en tant que telle. Elle se confond avec la bienveillance et l'amour universel qui s'adresse à tout ce qui vit. L'humanisme s'y dissout. Dans nombre de chamanismes et animismes, l'humain est une "réalité vivante" comme une autre et ce qui est premier est la réalité d'un "grand tout" universel auquel l'humain participe et fait partie, donc appartient. Ici, la démarche consiste à accompagner et soigner les humains.

Il y a donc un humanisme chrétien qui met l'homme comme finalité de l'univers. Ce projet lui est propre mais ne se distingue des autres postures culturelles énoncées ici, que par la notion de finalité particulière de l'univers.

Aussi, nous comprenons bien qu'il y a d'une part les philosophies de la paix, dites humanistes et coopérantes, et de l'autre des philosophies de la peur, belligérante et concurrentielles. Nous comprenons bien, alors, qu'il n'y a pas de grande différence entre un humanisme philosophique et un humanisme spirituel, mais qu'il y a autant d'expressions de cet humanisme qu'il y a de courants qui l'intègrent à leur pensée, prioritairement ou à la marge. C'est bien là, et seulement là, que sont les différences. Ce n'est là que ma lecture des réalités. Je peux me tromper. Un autre angle de vue dira autre chose.

Ce que j'aperçois est qu'il y a donc une tendance à mettre l'humain au centre des préoccupations soit comme finalité ultime, soit comme une attention indispensable, puisqu'il s'agit de nous-même. Dans le premier cas tout sera sacrifié à l'être humain, y inféodant la nature et l'ensemble du réel. Le néolibéralisme est une conséquence de cet humanisme finaliste, jusqu'à la déraison, jusqu'à avoir abandonné l'humanisme lui-même, jusqu'à créer des catégories de personnes, ostracisant les uns, les dominant et les assujétissant, en "élitisant" les autres, leur accordant tous les pouvoirs et toutes les libertés... Cependant, dans le cas d'une simple attention indispensable, on s'attachera plutôt à ce que les actions et les systèmes ne nuisent surtout pas au bien-être des humains, mais plutôt y contribuent.

Et puis, philosophiquement, il y a cette pensée qui ouvre l'humanisme à tout le vivant comme une bienveillance universelle. On s'aperçoit que toutes les sagesses, comprises ou incomprises, convergent vers cette dimension. C'est ainsi que l'une dira que ce qui est fait aux plus petits des êtres humains c'est à l'essence même de l'univers que l'action est portée (donc à soi-même). Une autre dira que l'interdépendance de toutes choses implique un jeu de cause à effet sur tout ce qui est, depuis la pensée jusqu'à la réalité concrète. 

Si l'on considère l'identité de chaque chose et de chaque personne, comme le fait le bouddhisme et le rappelle Arnaud Desjardins, qu'elle est un élément d'un tout sans singularité, alors, nous pouvons comprendre que l'identité est dans notre regard, dans nos représentations culturelles comme une nécessité. Le psychosociologue Serge Moscovici observait ceci comme une construction sociale. Ainsi, chaque identité est une morsure culturelle dans l'univers. Chaque "morsure" est singulière, et toutes choses ne sont qu'élément du tout, comme une vague est à l'océan.

Par ailleurs, le  médecin et biologiste Jacques Benveniste, injustement décrié pour ses découvertes sur la mémoire de l'eau (et réhabilité entre autres par le Professeur Luc Montagnier) avait déclaré : "Il y a une interaction entre l'objet et son environnement. Toute personne entrant dans une pièce est modifié par la pièce qui elle-même est modifiée par la personne".

Le physicien serbo-américain Nicolas Tesla avait déclaré autour de ses travaux sur la physique quantique que "Si l'on veut comprendre l'univers, il faut considérer que tout est ondes et fréquences". Selon ses travaux, l'univers n'est pas une juxtaposition de matières mais un rapport de fréquences.

Une autre encore précisera que tout étant dans tout, tout est atteint par ce que l'on dit et ce que l'on fait, jusqu'à ruisseler sur l'acteur lui-même. Et puis aussi, une autre dira que tout se ressemble et ce que l'on ressent d'un autre élément de nature est ce que cet élément ressent de nous et du reste. Ou encore, le monde spirituel traversant le monde physique, c'est bien l'esprit des choses et des êtres qui est premier et "agit" le monde. Etc. Nous voici dès lors au cœur d'un animisme. Dont Acte !

Ainsi donc, ce qui me semble devoir être retenu est que l'humanisme n'est pas une pensée molle ou bisounours, mais la conscience que tout ce que nous faisons et pensons, est adressé aussi à soi-même. L'intention de faire du mal à autrui, de dévaster un territoire, nous le tournons aussi contre nous-même. L'intention de sauvegarder l'autre ou le territoire, de les protéger et de les voir se développer harmonieusement, s'adresse aussi à soi-même. Si nous gardons ceci au coin de la conscience, toute notre philosophie de l'action risque de s'en trouver bouleversée, pour le moins nettement redirigée.

Jean-Marc SAURET
Le mardi 5 juillet 2022

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