"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Maman donne la vie et papa la socialité (21 06)

Nous venons de célébrer la fête des pères et j'avais envie de me pencher un petit peu sur ce rôle et fonction que l'on vient d'honorer. et ce en quelques mots courts : Qu'est-ce qu'être père ?

Si une femme devient maman en donnant la vie, méthodiquement, papa le devient de ce fait là et c'est lui, en donnant le nom qui accorde la lignée, l'histoire, la socialité au bébé. C'est un peu comme cela que ça se passe chez nous, bien que les familles monoparentales se multiplies et le père disparait à la marge. Mais, revenons à nos considérations... La part des rituels sociaux est donc immense. Si ceux-ci sacralisent la naissance, alors elle existe. Si non, c'est une autre réalité qui devient de fait la vérité sociale.

Il n'a échappé à personne que, sans l'une de ces deux fonctions, l'autre n'est pas (quoi que des pratiques intervenantes modifient parfois ce processus). Effectivement, j'ai moi aussi entendu des raisonnements en forme de polémiques tentant de démontrer que ces rôles et fonctions ne tenaient pas à la naissance. Certains les lient au seul accomplissement du rôle, d'autres au seul désir. D'autres encore les détachent du "qui l'a fait". Ils en font des fonctions purement symboliques. Mais le fait est que sans la naissance du bébé, ces titres et fonctions n'existent pas.

Je pense aussi à ces grand-mères, tantes, sœurs, belles mamans ou adoptives et autres qui sont des mamans par procuration et en assument longtemps toutes les fonctions, voire toute leur vie. Aussi, on pourrai, comme d'autres le font, deviser sur la nécessité ou pas de la proximité du nouveau né pour avoir le titre. Il en va de même pour les papas. Bien des histoires singulières nous en parle. Et, l'humain étant inscrit dans le langage, la symbolique passe à chaque fois devant le réel. Parce que, en effet, sans représentations, pas de réel attrapé ! Pas de réalité ! Ce sont nos références, nos cadres sociaux, nos critériums, qui font nos réalités, les structurent et les "réalisent".

De toute manière, sans bébé, pas de papa ni de maman. Voilà un fait sur lequel tout le monde peut s'accorder, quoi que... Intérêts et nécessités président, comme je l'ai plusieurs fois écrit. Je me contenterai donc d'éviter les polémiques et, sans tenter l'exhaustivité, de rappeler quelques éléments ethnographiques ou historiques qui pourraient nous être indicateurs. 

Si la maman donne la vie, dans notre culture le père donne le nom et ainsi inscrit le bébé dans une lignée. Ceci est possible parce que l'inceste est interdit. C'est d'ailleurs là, la véritable raison de cette interdiction. Sans elle, nous serions dans une société du type de celle des chats où les lignées se croisent et s'entrecroisent, au point que le grand père peut être en même temps le neveux, le gendre, le frère et bien d'autres titres encore, mais pas la sœur. Quoi que... C'est bien là une observation de la symbolique humaine qui regarde des structures qui ne sont pas. Si les chats s'en moquent, car non inscrits dans la symbolique du langage, pas nous !

Mais aussi, bien des rites sociaux viennent compléter la construction de l'identité du bébé. Ce sont par des accueils dans la communauté de type baptême, circoncision, scarifications, excision, des rites de passage et d'appartenance qui viendrons scander la vie sociale du sujet, modulant son (ses) rôle, sa (ses) fonction et son rang et statut social. Le monde n'est qu'un miroir dans lequel nous nous contemplons...

Ainsi, être maman et être papa sont des rôles et des fonctions que le "vivre ensemble", propose, voire réclame à ses membres jusqu'à parfois en faire des objectifs sociaux auxquels adhèrent (ou pas) les postulants, tout comme la communauté les accueille pour eux. Certains y verrons la force du groupe, d'autres la pression sociale, selon nécessités et enjeux.

On a vu qu'au moyen âge, il arrivait dans certains groupes sociaux, que le nouveau père se couchât et les autres membres de la collectivité venir le plaindre. Ce rite surprenant de nos jours avait sa raison d'être que l'on ne jugera pas, que l'on ne peut d'ailleurs pas juger, sinon pour se rassurer que nos représentations sociales actuelles sont plus justes, meilleures et sures. D'ailleurs, juger ne sert qu'à ça : confirmer ou infirmer ce qui est "vérité en deçà des Pyrénées".

Dans d'autres cultures, à l'image de la structure familiale romaine, le père (pater) s'occupe de la survie matérielle du bébé, quand le frère de la maman (ovonculus) s'occupe de son éducation, et le frère du père (papater) de la pérennité du système. On use de ces termes pour comprendre d'autres structures familiales comme en Afrique de l'ouest. Ainsi les sociétés structurées perdurent. C'est aussi le cas de nombre de sociétés animales, avec ou sans conscience de soi, qui se perpétuent dans des structures complexes. Les éthologues, d'Aristote à Boris Cyrulnik, en passant par Karl Lorenz et Nikolaas Tinbergen, en ont parlé longuement.

Dans d'autres cultures familiales, le "parrain" du bébé devient le "comparse" du père, ou "compère", et donc de ce fait prend une place sociale et familiale importante.

Les rites sociaux, la culture groupale, les célébrations, sont autant de marqueurs nous faisant prendre conscience que les rôles et fonctions que nous vivons sont des constructions sociales dans le temps et dans l'espace. Relevant de représentations sociales du monde, de cosmogonies particulières, elles répondent aussi à des nécessités symboliques et pratiques. Ces représentations sont aussi utilisées pour juger du monde entier, qui, comme le disait Jung, économisent ainsi au sujet de réfléchir et de comprendre. 

Nous nous en accommodons, et nous les perpétuons au grès de nos postures dans nos rôles et fonctions sociales, au grès de nos intérêts et nécessités. Sur ce, joyeuse fête des pères, qui n'a donc pas qu'une fonction commerciale, certes...

Jean-Marc SAURET
Le mardi 21 juin 2022

Lire aussi "Dès lors qu'une grande partie n'y croit plus, le système s'effondre"



Licence Creative Commons

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos contributions enrichissent le débat.