"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Le management n'est pas la gestion

En ces temps compliqués, nous voyons que nous avons le temps de penser, d'analyser, voire de contempler, de chercher du sens, à comprendre les choses. Alors, certains disent que cette crise est peut-être mal gérée, voire que le confinement est mal managé. Mais qu'est-ce que cela veut dire ? Voyons de plus prés.
Nous avons l'habitude d'utiliser indifféremment les deux termes de gestion et de management dans un même champ, celui de la dynamique des organisations. Pourtant, si nous avons deux mots distincts, ce n'est pas pour rien. Effectivement, quoi que nous en ayons fait, ils ne sous-tendent pas la même réalité. Alors, jetons un œil sur leurs étymologies respectives.
Tous les dictionnaires étymologiques s'accordent à dire que le terme de gestion est issu du mot latin ''gestio'' (gestium, gerere) qui renvoie à la notion d'exécution. Il a le sens de porter, d'où le sens de gestation et de toute la chaîne d'actes qui y est associée. Nous partons, en l’espèce, de la “fabrication”, à l’expulsion, en d’autres termes, à la naissance.
Cette même notion concerne aussi toutes les fonctions des... intestins ! Cette même source a aussi donné le mot de ''gester'' (faire, exécuter), en ancien français. C’est aussi de là que partira notre terme ''geste'' et ses dérivés.
Gérer renvoie donc au “faire”, et à l'exécution. De la même façon, la gestion des affaires (comptabilité, commerces et investissement) se retrouve dans la mise en œuvre de ressources pour atteindre les objectifs fixés. Il n'en va pas exactement de même pour le terme de management. Issu de l'expression latine ''manu agirer'' (faire à la main), il va porter des développements de sens assez singuliers.
Nous l'utilisons actuellement dans son acception anglo-saxonne où il porte le sens de ''se débrouiller'', ou ''faire avec''. Il contient cette notion de ''bricolage'' et d'adaptation qui correspond bien à cette culture, surtout dans sa déclinaison américaine.
Il a donné en italien le mot polysémique ''manegiare'' et les mots français de ménage et de manège. Les notions d’exécution, de routines, et de cycles, y sont bien présentes.
Mais revenons un instant au très intéressant mot italien. Il y a trois sens particuliers bien éclairants, plus une particularité linguistique tout à fait originale que nous allons voir.
Dans l'expression ''maneggiare la spada'' (manier l’épée) ou ''maneggiare il coltello'' (jouer du couteau), nous retrouvons le sens premier du ''faire à la main''. Ces éléments renvoient à une expertise, à une habileté, à un savoir acquis singulier.
Par ailleurs, l'expression ''maneggiare una faccenda'' (conduire une affaire) ou encore ''maneggiare soldi'' (brasser l'argent), renvoie à une compétence de gestion, et surtout à l'intelligence, qui permet de le “bien faire”. On y retrouve aussi le sens de ''manipuler'', comme dans l'expression ''maneggiare il mercato'' (''manipuler'' le marché).
Reste l'expression ''manegiare un cavallo'' (conduire, dresser un cheval). Celle-ci convoque la notion de couple ''manager – managé''. Elle pose la question d'une relation interactive entre les parties. Nous voilà insensiblement amenés à l’essentiel : c’est à dire la connaissance de l'autre. A partir de là, nous voici dans l’obligation de porter une attention toute particulière, à la “conscience de la complémentarité”, et plus globalement à l’altérité. Le cavalier sait qu'il a besoin de sa monture pour réaliser ce qu'il veut ou a à faire. Il ne peut en aucun cas le réaliser tout seul. Par exemple, dans un concours d'obstacles, la situation est claire.
Le cheval, de son côté, fera (ou pas), une promenade sur la piste sans autre forme de procès... Mais le couple “cavalier-cheval”, peut aussi prendre un plaisir réciproque dans la co-construction. Il y a alors là tout pour atteindre la performence.
Et puis, il y a cette singularité linguistique : le verbe ''manegiare'' est transitif en italien, et l'expression ''manegiarsi'' signifie ''s'évertuer à''... Intéressant, non ?
Ainsi, autant le terme de gestion relève d'une conception mécaniste des choses, autant le mot management relève, lui, d'une conception organique et vivante de ces mêmes choses. Cette acception est donc tout à fait proche du concept d'humanisme.
Dans une approche de ce type, ''l'autre'' est même bien plus qu'un partenaire. Il est une ''intelligence autonome'', créatrice et contradictoire, invitée dans le débat pour cela. Cette intelligence y est invitée justement par ce qu’elle apporte mais également, pour qu'elle apporte en l’espèce, toute cette richesse (démultipliée), qui se développe dans l'interaction.
La gestion s'en moque : elle est simplement comptable. ''L'autre'' n'y est considéré que comme un outil, un “simple” moyen. Toute l'intelligence investie dans la réalisation n'est que celle du ''Patron'', sorte de ''sachant'' réputé “supérieur”, mais sourd et aveugle. Dans ce cas, la gestion se coupe définitivement un bras. Ce “choix”, fréquent, reste bien handicapant pour atteindre le meilleur résultat. Le management, par définition est donc bien un humanisme comme nous l'indiquions en 2014*.
Nous avions montré alors en quoi l'humanisme était efficace en termes de management, dans la mesure où, justement, une organisation est faite d'humains réfléchissants. Dans ces conditions, ce ''partenariat'' dont relève le management ne peut qu’être le bienvenu.
Nous avons montré en 2017, dans ''Management Humaniste - les raisons de la métamorphose'', que ce management là était devenu incontournable avec l'évolution sociétale.
Nous pouvons voir, à travers tous les articles de ce blog, qu'il est aussi incontournable dans le développement de soi, et que ce dernier est tout aussi indispensable à la construction d'un management efficient.
Alors, suis-je en train de dire qu'une société efficiente est une organisation sans chef ? ...où tous et chacun sont à “considérer” comme des personnes libres et efficientes ? Il semblerait bien...
Alors, c’est dans ces conditions que chaque individu apportera son intelligence et ses savoirs au service d'un objectif commun, et ce dans l'écoute et le respect de chacun. Ce n'est peut-être que ça, le management, voire tout ça !  Mais la réponse appartient en pratique à chacun…
Jean-Marc SAURET
Le mardi 31 mars 2020
* Chroniques pour un management humaniste – Vers l’autonomie fertile. Collection Logiques Sociales. L’Harmattan, Paris 2014

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