Comme
beaucoup d'entre nous, je viens de lire la lettre du Président
Macron, publiée ce matin. Elle a pour objet de tracer, voire de
cadrer le présumé "grand débat" qu'il nous propose. Il nous
invite à participer à ce qu'il nomme un débats qu'il précise
vouloir n'être ni une élection, ni un référendum, mais un "échange" ouvert et
sans tabou.
Passons sur l'introduction polie et bienveillante, quasi gaullienne,
toute à l'éloge de notre système actuel. Alors la première
question qui vient à l'esprit : "Pourquoi passer autant de réformes par
ordonnance toujours en faveurs de la déconstruction de dudit
système, et toujours en faveur des plus riches ? Mais passons, car
cette introduction est pleine de signes d’empathie... que la suite
va vite déconstruire et contredire. Je
vais être bref et m'en tenir à la forme du discours, laissant le
fond à l’appréciation de chacune et de chacun.
Le président affirme refuser et condamner toute violence, et il ne
dit rien sur la violence policière condamnée par
Amnesty International... Pourquoi ? Peut être qu'il ne s'est
pas tenu au courant, peut être a-t-il honte (mais rien ne lui en indique la capacité) ou alors a-t-il un regard et une écoute sélective ?...
Cette dernière indication est précieuse pour la suite de la lecture de sa
lettre.
Le
premier paradoxe technique apparaît dès la suite. Après avoir indiqué
les maires comme des pivots dudit débat, il affirme que ledit débat
fera montre de notre capacité à nous dire les choses sans tabou...
Nous pouvons lui rappeler que cela fait neuf semaines que la rue dit
ce qu'elle a à lui dire. Mais vraisemblablement, il ne l'a pas
entendu... Je doute donc que sa capacité d'écoute se réveille dans
ce nouvel exercice "maîtrisé".
Il
nous promet que l'exercice du débat rétablira la confiance. Rappelons lui que
nous avons toujours confiance en nous même et que nombre de citoyens
l'on perdue à son encontre... y compris nombre de ceux qui avaient voté
pour lui au premier tour des présidentielles. La balle est donc dans
sa posture et ses actions, pas dans un quelconque débat ou autres
exercices collectifs. Il n'existe pas de confiance a priori mais des
preuves de mérite de la confiance. Monsieur le président, c'est à
vous de jouer d'abord... Après on verra.
Le
président nous dit ensuite que "Ce
débat devra répondre à des questions essentielles qui ont émergé
ces dernières semaines". Je crois qu'un débat,
étymologiquement, traite ouvertement de sujets et
ne répond pas à de simples questions.
Il y a là un détournement de l'objet du débat que la suite va
confirmer.
La
suite de la lettre est une cadrage fait d'un ensemble de "questions
fermées à traiter". Le débat ne sera donc ni ouvert ni
libre. Une autre indication majeure est constituée par l'interdiction qu'il oppose à
traiter certains sujets (tiens, nous semblons revenir à la réalité
d'un débat, mais c'est pour dire qu'on ne le fera pas...). C'est le cas "exemplaire" de l'imposition sur la fortune. Il nous indique là que le
débat n'aura pas lieu et qu'il s'agit en fait d'un "référendum
multiple"... ce dont il se défend en introduction. Il
s'agit donc bien d'un oxymore, soit d'un débat où il ne sera répondu qu'à des questions fermées.
Par
ailleurs, ces questions posent sur des moyens (comme "Devons
nous réduire la dépense publique" ou "Faut-il supprimer
certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par
rapport à leur utilité" par exemple) et non sur des
objectifs ou projets de société. Or, c'est de la fonction même de
l'état de mettre en place les moyens d'atteindre les objectifs pour
lequel il a été élu et mis en place. Le président nous demande
donc de faire "son" travail et que nous nous taisions sur
le notre.
Voilà,
une foi de plus une manière de ne pas faire le débat qu'il promet,
soit sur les choix politiques et faire "débattre" sur les
moyens de... rester dans la même politique. Il nous dit de fait
qu'il ne changera pas d'axe, que sa politique des réformes
continuera coûte que coûte. Nous avons bien compris. Il nous
demande seulement "quels chemins pour terminer son
travail". Merci de l'indiquer...
Mon habitude consiste à ne jamais être long... je ne vais pas aller plus loin
en invitant chacune et chacun à relire ses quelques pages
présidentielles à l'aune de ces quelques indications de lecture.
Ensuite,
en notre âme et conscience, nous pourrons nous positionner sans être
dupe. Alors, bon choix à chacune et chacun d'entre nous.
Jean-Marc SAURET
Le lundi 14 janvier 2019
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