"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Vers une efficace et véritable égalité des genres

La question de l'égalité des genres soulève des passions et des débats controversés. Déjà sur le constat, les esprits s'échauffent et l'on ne sait plus très bien où se trouve la sincérité et la démagogie, l'évident et le complaisant, l'objectif et le subjectif, la place des croyances et celle des préoccupations, etc. Les campagnes de type "#balancetonporc" ont suscité bien de réactions contrastées.
J'ai même vu un contre-pied discret sur la toile "#balancetonange". Pour ce qui est des solutions, le débat devient encore plus brouillon, voire radical, et parfois illisible. Une chose est certaine, c'est que la discrimination, quelle qu'elle soit, agace profondément la majorité des gens, soit parce qu'ils la subissent, soit parce qu'elle leur paraît idiote et violente. 
L'humanisme combat de fait tout type de discrimination et travaille à l'installation de chacune et de chacun à une place équitable et digne. Mais, j'y reviens, les combats que nous menons ne participent pas tous opportunément à cette démarche, parfois même, ils la desservent. Il arrive bien souvent, qu'en posant des actes que l'on veut anti-discriminatoires, nous marquions encore davantage la différence, celle justement que nous voulions voir disparaître.
Je pense par exemple à l'écriture dite "inclusive" celle qui consiste à mélanger dans le même mot, le masculin et le féminin. Mis à part que cette écriture est lourde, inesthétique et donc difficile, elle accentue de fait, la polarisation des genres, celle que justement notre langue a tendance à marquer.
Elle ralentit de surcroît, la réflexion et le passage des informations. D’un côté, pourtant, il y a le masculin et de l'autre le féminin. Entre les deux, c'est le vide, le no-people-land... Or, dans nos pratiques ordinaires, dans la vie sociale de tous les jours, dans l'intime et le quotidien, l'entre deux est peuplé de gens, de sentiments et d'identités diverses.
Si notre culture marque si vivement cet antagonisme, il en existe bien d'autres dans le monde. En effet, entre le pôle masculin et le pôle féminin, il existe toute une palette de postures et de réalités. Disons que dans ces cas là, il y a un continuum offrant de nombreuses facettes. En leur sein, notre culture ne voit que "quelques hermaphrodites". C'est là un handicap culturel qui nous est propre. Dans ces conditions, cette écriture dite inclusive vient renforcer le clivage masculin-féminin, et ce n'est pas le seul inconvénient.
Ainsi donc, cette écriture dite inclusive vient renforcer le clivage masculin-féminin, et ce n'est pas le seul. Quand nous avons fait des lois pour la parité, outre qu'elles ont posé plus sensiblement aux faiseurs de listes (même de très honnêtes gens) la question de la compétence des candidats (au sens neutre) à tenir la fonction, elles ont marqué d'une pierre blanche qu'il y a une différence profonde et radicale entre les deux genres. 
Cela rappelle à mon souvenir les actions dites de "discrimination positive" qui marquent “en même temps” (sic), le fait qu'un "beur" ou un "black" seraient bien différents du reste de la population, qu'ils seraient, en l’occurrence, des "minorités perçues". On montre et renouvelle l'idée que les femmes ne sont pas des hommes, qu'elles en sont bien différentes et distinctes.
Je rappelle qu'au dix-neuvième siècle à Paris existait une discrimination populaire entre les grands blonds et les petits bruns, ce qui valait pour les auvergnats qui étaient les "bougnoules" de l'époque. La trace de cette discrimination culturelle a perduré des années notre "vivre ensemble". Le poète et chanteur Claude Nougaro en a d’ailleurs fait une chanson. 
Le fondement de la discrimination (quelles qu’en soient les “victimes”) repose sur des représentations culturelles Ce sont les mêmes qui continuent à nous “embarquer” dans nos tentatives de déconstruction.
Plutôt que d’atteindre cet objectif, nous amplifions le phénomène que nous voulons voir disparaître. Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas capable de lâcher ces représentations et que le mode que nous retenons habituellement pour déconstruire une réalité réputée gênante, c'est le combat, la résistance ou le déni.
Nous disons d’ailleurs "combattre les injustices, les discriminations". Nous pensons rapidement la discrimination en oppositions claniques, en oppositions tribales.
Il me souvient cette très lointaine question ethnographique : "Pourquoi le catharisme a-t-il pris en Occitanie et dans nulle autre contrée que cette religions sumérienne a traversé ?" Parce qu'en Occitanie, elle a rencontré une problématique sociologique originale. Cette population était historiquement constituée du maillage de populations matriarcales installées (Alamans, Visigoth et Ostrogoth) avec un nouvel occupant culturel, les romains patriarcaux. Les deux populations étaient construites sur la même répartition des fonctions : les femmes s'occupant de l'intérieur, du cocon, du doux, de la procréation et de l'équilibre social, alors que les hommes s'occupaient de la recherche de richesses et de moyens, de la sécurité et de la guerre. 
Aux premières étaient dévolus : la maison, le quotidien, la nourriture et le constant ; aux autres, d’être en charge du dehors, des armes et de l'incertitude. 
Ce qui opposait ces deux types de culture résidait dans le fait de savoir qui avait le pouvoir : était-ce la guerre ou le domanial ? Les gérants de l'intérieur ou ceux de l'extérieur ? Les femmes ou bien les hommes ?
La religions cathare apportait une réponse radicale et définitive. Comme dans toutes religions chamaniques, il y avait deux mondes superposés : celui des esprits créé par dieu et celui physique et matériel. Celui où l'on souffre, où l'on a faim et soif, et qui a été conçu par les puissances du mal pour “embêter dieu”...
Ainsi, le monde qui "comptait", était bien celui de l'esprit, celui où il fallait revenir. La différence femme-homme était une différence physique. Ce qui ressortissait au monde du mal, devenait donc négligeable…
De ce fait les femmes avaient droit de vote et de discours. Certaines devenaient des "parfaits", soit des "parfaites", ces ascètes-sages, érudits et conseillers des grands de ce monde. Des femmes ont donc pris des fonctions importantes, comme la direction du monastère de Carcassonne peuplé d'un millier de personnes. On dit aussi que certains nobles occitans n'ont pas voulu recevoir les inquisiteurs venus d'Espagne parce que, tout simplement, ils refusaient de s'adresser à leurs épouses...
C'est donc par la culture et ses représentations que la discrimination se résout, au sens propre du terme, c'est à dire que la différence se dissout dans la culture. Puisqu'il en est ainsi, proposons, pour commencer, quelque chose de simple et de concret. Partons de la problématique de base : "Comment aider notre culture à sortir de ce clivage culturel femme-homme ?".
Il se trouve que notre langue ne possède pas de mot pour dire à la fois la femme et l'homme. Nous avons quelques expressions, comme "l’être humain", quelques mots désignant une partie du “tout”, comme la "personne", mais rien qui fasse concept fondamental. Alors je vous en propose un.
Prenons les deux mots qui s'opposent et se complètent : Homme et Femme. Gardons pour notre nouveau mots et concept ce qu'ils ont en commun, à savoir "...emme". Ajoutons lui pour débuter la première lettre de l'un et la seconde de l'autre et regardons ce que cela donne.
Nous avons deux possibilités : "fomme" ou "hemme". D'un point de vue esthétique et sémantique, le premier ne représente pas un grand intérêt. Mais le second, si nous le prononçons à l'instar du mot "femme", prend une couleur tout à fait intéressante et se prononce comme ce concept qui désigne ce que nous aurions chacun au fond de nous-même, cette part de puissance de vie, un peu de la façon dont le pensaient les grecs.
Dès lors, nous pourrions désigner en même temps la femme et l'homme par ce mots chargé de sens, l'hemme. Notre culture s'en trouverait enrichie d'une dimension nouvelle qui efface la différence que nous renforçons involontairement dans nos lois et nos combats.
C'est ainsi par l'effacement de la différence que l'égalité se forge d'abord dans nos têtes et dès lors, mécaniquement, dans les faits. Car l'arrêt de la discrimination réclame une modification dans le comportement de chacun. Et puis, pour renforcer le propos, considérons que si, dans notre langue, le masculin devient neutre, voire est aussi le neutre... alors, l'évolution culturelle peut commencer? Les conséquences heureuses viendront de surcroît. Tout comme le combat… qui cessa faute de combattants.
Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 13 mars 2018

P.S. Il y a quelques années, j'ai enregistré une chansons que j'avais écrite autour de ce concept : "Et si l'hemme était un projet"


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos contributions enrichissent le débat.