"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Un monde incertain en rupture de son histoire

"Quand j'étais jeune, écrivait Boris Cyrulnik, je savais qu'en travaillant fort je serais un homme libre. Aujourd'hui, pour les jeunes, ce n'est plus du tout le cas". Jusqu'à quelques décennies, le jeune homme savait qu'en faisant comme son père, il avait un avenir tracé et certain. La société se reproduisait à l'identique ou presque. Elle se perpétuait : les techniques de production étaient pérennes ; le lien social s'organisait autour de fonctions sociales transmissibles ; les rôles sociaux s'organisaient autour des besoins sociaux et des techniques pour les résoudre. Ainsi, les charges de chacune et de chacun dépendaient d'un mode de répartition économico-sociétal. Il déterminait les fonctions sociales et responsabilités de chacun, les rôles de chacune et de chacun. C'était contraignant, vu d'aujourd'hui, certes, mais c'était certain, stable et pérenne. Tout ceci n'est plus le cas actuellement et nos fonctions sociales, réparties alors sur les genres et les âges, ne le sont plus. Cette répartition en est même ringarde, insupportable, absurde et dérisoire parce que leurs raisons pratiques ne sont plus là. Nous avons changé de paradigme, passant d'une organisation d'interdépendances fonctionnelles à une organisation de consommation de masse. Je l'ai déjà évoqué précédemment en montrant les évolutions post-modernes et alternantes culturelles*.
La singularité des peuples est de regarder l'histoire à l'aune de ses préoccupations du moment. Ainsi, ce qui a pu "faire raison" dans le passé n'est pas perçu aujourd'hui de la même façon, et le sens commun attribue aux systèmes anciens les raisons et causes du présent. Ainsi, Clovis et Jeanne d'Arc furent sortis des fontes de l'histoire par des républicains désireux de donner des symboles fondateurs au peuple français qui n'existait pas encore. La finalité était donc guidée par une volonté intégratrice. Le peuple fondé, ce sont les extrêmes droites qui agitent les mêmes symboles pour dire que l'élite identitaire sociétale est celle-ci ou celle-là. La finalité est devenue, ici, la conséquence d'une volonté d'exclusion. 
Ainsi le monde d'aujourd'hui est un monde post-moderne, tourné vers l'immédiat, le local, le tribal et l'émotionnel*. Nos regards se précipitent sur l'immédiat, sur l'immédiatement profitable, sur l'immédiatement "jouissible", consommable ou praticable. Cette brièveté de vue fait culture et, nous devenons les "bons enfants gâtés" de nos systèmes d'ultra consommation. Avides des promesses jouissives du "système", nous nions ce qui n'est pas l'objet de notre désir. Nous ne serions alors que "l'objet de nos convoitises". Nous ignorons même qui nous sommes, et réellement dans quel monde nous sommes. C'est peut-être là, pourtant, que se trouve le cœur de notre problématique sociétale, de notre vivre ensemble, de notre raison d'être.
Nos collègues que nous qualifions de "bandes de banlieues" ont la fierté de leur clan, de leur ethnie. Nous avons pour une grande partie la fierté de notre famille parce que nous savons que l'admirer, c'est nous admirer nous-même. Alors pourquoi n'avons-nous pas cette conscience du monde, de l'univers, et l'image de cette nature qui est notre famille, notre clan, notre ethnie à tous ? Pourquoi sommes-nous incapables de nous penser "membres de la nature", "Membres de l'univers" ? Dès que nous en serons capables, tous nos problèmes collectifs, ceux qui concernent le vivre ensemble, le lien social, l'abus sur les biens de la nature, et sur la vie, cesseront L’essentiel réside dans l’appréciation de ce qui est important. Et ce n’est assurément pas en fuyant la mort dans une boulimie de consommation et de jouissance des objets que l’on va trouver « la » solution. Bien au contraire, la réponse peut nous être apportée par quelques fondamentaux : être fier de sa vie, de son œuvre et de ses valeurs ou représentations, alors notre raison d'être s'éclairera et nos comportements deviendront plus sûrs et plus justes.
Cependant, pour développer cette "campagne" de prise de consciences, il nous faut parler aux gens avec le langage qu'ils comprennent, c'est à dire le leur. L'hypothèse de Sapir et Whorf est que la langue structure la pensée : elle fait profondément culture. Alors, soyez durs avec les durs, convaincus avec les têtus, doux avec les doux, souples avec les débatteurs et toujours fermes. Ne soyez pas gentils avec les méchants, ne soyez pas doux avec les violents, mais impressionnez les, faites leur peur sans leur nuire. C'est ce que Martin Luther King appelait la "non-violence pressante" ou "agressive". Il ajoutait que "la non-violence est une arme puissante et juste qui tranche sans blesser... une épée qui guérit".
Mais prenons un autre exemple, celui de la culture Lakota. Dans sa culture, un indien Lakota sait qu'il va mourir un jour, d'une manière ou d'une autre, et que le lieu et le temps où il mourra n'a aucune importance. Dès lors qu'il sait cela, il est fort de sa présence immédiate et constante à faire ce qu'il a à faire, à défendre ce qui est important pour lui, sa raison d'être et ses valeurs, c'est à dire dans le pur respect total du vivant. Imaginez l’importance de l’incidence… C’est ce dont me parlait un collègue : « Ce qui m’inquiète, c’est que je ne connais pas la peur. Je manque de limites… de gardes fous… ».
Très justement, un Lakota disait : "Il n'y aura pas de paix sur terre tant que nous n'aurons pas fait la paix avec la terre". Quand nous mettrons nous enfin en route ? Nous avons naturellement l'intuition de ce monde auquel nous appartenons et nous passons notre temps à lui attribuer des lois que nous nous imposons. Elles sont dépendante de notre vision idiote d'être le centre ou l'aboutissement de l'univers. Quand prendrons-nous le temps de voir que nous sommes la nature, l'univers lui-même ? C'est pourtant à cette condition que nous saurons agir en conséquence. Quand saurons-nous que blesser l'autre et la nature, c'est se faire du mal à soi-même. Une fois encore, ce sont donc bien nos représentations qu'il nous convient de revoir, de "ressourcer". Nous avons à nous "com-prendre" dans le tout de nature et son (notre) histoire. La route risque peut être d'être encore longue et le chemin est inévitable pour continuer à vivre.

* Voir l'article : "Les nouveaux liens sociaux - 1, 2 et 3"

Jean-Marc SAURET
publié le mardi 2 mars 2017

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