Le
monde occidental fonde sa culture dans l'histoire de la méditerranée
et cette histoire se fonde sur un socle en patchwork fait des cultures égypto-grecques et latines, associées aux religions du livre. Ces dernières pensent le monde comme
le « jardin » de l'homme (l'humain) et celui ci comme la
finalité de l'univers, l'apothéose d'une création divine. Le monde est donc une collection d'objets à
son service. Les chercheurs et autres scientifiques, voulant
comprendre et connaître le monde, réalisent donc force nomenclatures et autres
encyclopédies collectant et recensant les objets. Connaitre
et comprendre le monde consiste alors à nommer les choses, les objets et
les êtres, en nommant les états, les " étants " et les qualités qui les caractérisent.
Ainsi,
lorsqu'un chercheur regarde un brin d'herbe dans la nature, il pense
et se dit : « Tiens, voici une médicago sativa fabaceae
rosidae » et pour lui ce nom donnant la famille et la classe de
cette plante est donc très indiquant parce que bien classifiant.
L'agriculteur, qui lui a un rapport plus utilitariste de l'environnement, sait qu'il s'agit d'un brin de luzerne dont il nourrit son bétail et
ré-azote les sols avant un changement de culture, référence aux qualités considérées intrinsèques de ladite luzerne.
Hé
bien, le buchman de Namibie, quand à lui, face à un brin d'herbe, pensera ou
dira plutôt : « Tiens, une phacochère est passé voilà
dix minutes », ou « Ha ! Il y a de l'eau à quatre mètres, là dessous ». Quand l'occidental pense le monde en collection d'objets, le buchman
le pense comme un système. Là où l'occidental voit des choses, le
buchman voit des relations, et saisit les interdépendances.
Alors
que les occidentaux découvrent avec émerveillement, pensant l'inventer avec débat et difficultés, la révolutionnaire pensée
systémique, le buchman de Namibie la pratique depuis des
millénaires.
Car assurément,... oui ! La pensée systémique nous permet une approche dynamique
du réel, nous donne les moyens extraordinaires de le comprendre en
action, dans un caractère dynamique et vivant. La aussi, la vision mécaniste du monde laisse
la place à sa vision organique.
Dès
lors l'étude phénoménologique du monde prend son envol. Mais nous
avons un mal extrême à nous extraire de cette pensée mécaniste, constituée de listes, et qui nous est
primitive... Comme si l'essence des choses s'épuisait dans l'objet, s'y stérilisait, un
peu comme les briques alignées dans un mur, les qualités et les
capacités des choses leurs étant propres, alors qu'elles ne sont peut être que l'expression d'interdépendances....
Ainsi donc, voici deux observations. Elles viennent nous indiquer que
l'environnement et la volonté de vie transcendent l'objet. C'est à dire que l'environnement extérieur et intérieur dudit objet s'avèrent particulièrement
déterminants. Il
y a entre les choses des interdépendances radicales qui dépassent
notre entendement.
Des
chercheurs canadiens ont observé durant plusieurs mois des moineaux
chanteurs et ont modifié leur environnement. Ils ont mécaniquement
protégé une colonie de ces oiseaux de leurs prédateurs. On aurait pu penser qu'alors protégés, ils développent une vie
paisible propice à la prolifération... Il n'en a rien été ! Les chercheurs se sont alors aperçus que
les oiseaux protégés se reproduisaient beaucoup moins, soit,
mathématiquement, ils ne procréaient pas le nombre d'oisillons que
les prédateurs ordinaires prélevaient... Surprenant, non ? Il
est loisible d'observer ici un " effet système " particulièrement fort.
Un
animateur de divertissements télé relatait récemment qu'il avait programmé
une émission autour d'un artiste tombé gravement malade. Il y
travailla ardemment avec ledit artiste qui développa une
« résilience » particulière jusqu'à la réalisation de
l'émission... et décéda quelques jours après. Les médecins qui
l'accompagnaient dirent que ce travail pour « son »
émission avait fait l'effet d'une thérapie.
Ces
quelques exemples, que nombre d'autres accompagnent, nous indiquent
que les environnements ont des incidences particulièrement fortes avec les êtres, les choses et leurs " étants ". Ce que nous prêtons à la psychologie relève ainsi d'un principe systémique bien
plus large avec sa logique d'interdépendances.
Si
nous devons en tirer une connaissance pour nos organisations, nous
dirons qu'à l'instar du monde, nos organisations sont des systèmes
vivants avec des interdépendances internes et externes. Elles ne sont pas des
mécaniques aux structures déterminantes. On pourra même ajouter que considérer la
structure ne fait rien à l'affaire. Ce qui est déterminant, c'est bien le
type de relations qu'entretiennent les acteurs entre eux. C'est bien de cela dont s'occupe le management des personnes et des projets, non ?
Autre exemple, nous
savons qu'un système totalitaire ne tient pas par sa
structure ou celle de son armée ou de sa police mais du fait que les gens
pensent qu'elles sont déterminantes. Il suffit que les gens ne reconnaissent pas le pouvoir (l'autorité) du chef pour qu'il vacille et plus tard tombe.
N'est ce pas ce à quoi nous avons assisté lors des printemps
arabes ? Dont acte... Cela vaut bien la peine d'être considéré.
Jean-Marc
SAURET
Jeudi
7 novembre 2013
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